CHEIKH OUMAR SY, LEADER DE GFC : «L’opposition n’a aucun intérêt à aller aux locales en rang dispersé»
Cheikhou Oumar Sy leader de la Grande force citoyenne (GFC/Domi Gueule Tapée-Fass-Colobane) estime que Sonko, Khalifa et Cie, le Pds et ses alliés, ont tout intérêt à s’unir dans un seul bloc s’ils veulent atteindre leurs objectifs. Dans cet entretien avec l’Info, le candidat déclaré à la mairie de Gueule Tapée-Fass-Colobane décline son offre politique.
On vous connait membre de Bes du ñakk de Serigne Mansour Sy Djamil. Vous n’êtes plus de ce parti ?
Nous sommes membre fondateur de Bès du niakk qui est parti d’un mouvement citoyen, l’un des premiers mouvements citoyens dans la période 2010 jusqu’à 2014. C’est l’un des précurseurs du manifeste citoyen pour la refondation nationale qui a été un texte qui a été vu, revu et corrigé par plusieurs personnalités de ce pays. Et nous faisons partie des personnes qui faisaient un peu le tour des personnalités politiques pour leur faire signer ce manifeste à l’instar du président de l’Assemblée nationale actuel, Moustapha Niass, feu Ousmane Tanor Dieng et tant d’autres personnalités à qui nous avons fait signer ce manifeste. Et, jusqu’à présent, nous faisons partie de ce parti qui est Bes du niakk. Seulement, après les locales de 2014, nous avons créé une plateforme électorale qui s’appelle ‘’Domi Gueule Tapée Fass-Colobane’’, la Grande force citoyenne (GFC). Cette plateforme regroupe en son sein plusieurs personnalités politiques, acteurs politiques de la commune avec qui nous avons noué un partenariat politique pour aller à ces élections parce que nous nous sommes rendu compte qu’en fait, il y a une bonne frange de la population qui est certes intéressée par la chose politique mais qui n’est pas forcément membre d’un parti politique. Il faut regrouper tous ces acteurs au sein de cette plateforme que ce soit les partis de l’opposition, les partis où il y a des membres de la plateforme qui sont de l’Alliance pour la République (APR) et qui font partie de ce mouvement. Il y a également d’autres personnalités politiques avec qui nous travaillons dans ce cadre.
On a comme l’impression que le vide s’opère autour de ce mouvement qui jadis avait réussi à s’implanter un peu partout à travers le pays et avait même réussi une percée aux élections législatives de 2012 ?
C’est juste une perception que vous avez du parti Bes du niakk. Le Président de ce parti, Serigne Mansour Sy Djamil, est toujours un acteur politique de premier plan dans ce pays. Tout récemment, vous avez tous suivi ses interventions au niveau de l’Assemblée nationale et il a eu à participer activement à tout le processus politique depuis les élections de 2012 où il a eu 4 députés. Après il y a eu les élections municipales, le référendum, les élections législatives et les élections présidentielles. En 2012, on était parti seul, mais pour les autres élections, nous étions dans les coalitions. Mais les membres du mouvement sont toujours actifs, les réunions se tiennent régulièrement. En 2014, nous avions eu plus de 400 membres de Bes du niakk qui étaient conseillers municipaux. Donc c’est pour dire que pour les élections qui vont venir également, nous pensons pouvoir doubler ce nombre à défaut de le maintenir. Juste vous dire que c’est une illusion par rapport aux différentes élections qui sont passées parce qu’ils étaient membres de coalition mais Bes du niakk qui est toujours vivante dans le cœur de beaucoup de Sénégalais qui réclament leur appartenance à la vision politique de Serigne Mansour Sy Djamil.
Quelle lecture faites-vous de la situation politique nationale avec le jeu de positionnement noté au sein de l’opposition ?
L’objectif premier de tous les partis politiques de l’opposition, c’est de préparer les législatives et les élections présidentielles de 2024. Et avec ça, les ambitions sont complètement divergentes et chacun les prépare à sa manière. Et moi, tout ce que je leur souhaite, c’est qu’ils n’aillent pas en rang dispersé. L’opposition n’a aucun intérêt à aller en rang dispersé à ces élections. Je souhaite vraiment que tout se fasse aussi dans la paix et dans la cohésion, parce qu’on connait très bien les acteurs politiques qui sont sur le terrain, que ce soit Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Pape Diop ancien maire de Dakar ou le Président Abdoulaye Wade qui est le grand patriarche qui a quand même formé une bonne partie de toute cette élite politique. Et, donc ils peuvent parler le même langage, ils peuvent aller compétir sans animosité, en toute fraternité bien que ce soit très difficile de voir ça en politique. Mais ils peuvent le faire et je connais la valeur intrinsèque de chacun d’entre eux. Ils peuvent arriver quand même à sauver le Sénégal et à le mettre dans d’autres orbites. Je pense que c’est quelque chose qui est tout à fait louable et nous le souhaitons de tout notre cœur.
Dans 4 mois, les élections municipales et départementales vont se tenir. Quels sont à votre niveau, les enjeux de ces joutes électorales ?
Les enjeux sont multiples parce qu’aujourd’hui, tout le monde parle de l’acte 3 de la décentralisation. Je ne pense que le premier objectif de de cette réforme était quand même de faire des collectivités territoriales des communes de plein exercice. Et je pense qu’avec cela, on devrait normalement octroyer à ces communes des ressources supplémentaires pour asseoir leur développement. Les indépendants ont postulé partout pour être candidats à la mairie des différentes communes et différents départements, parce que les citoyens vont se sentir concernés par l’exécution du mandat des maires. Et si eux ils ne peuvent pas obtenir ce qu’ils veulent de leurs élus, ils vont aller chercher les voix des populations pour être exercer le pouvoir. Et je pense que c’est une nouvelle conscience citoyenne qui est en train de naitre dans l’esprit de beaucoup de nos compatriotes. Et ce sont ces élections qui seront véritablement l’enjeu pour le test pour réussir ce pari.
Comment comptez-vous engager ces élections ?
Nous avons créé une plateforme électorale et nous sommes en train de faire le tour des trois (3) quartiers qui composent Gueule Tapée-Fass-Colobane, pour rencontrer les différentes associations, les différents mouvements qui y existent pour asseoir GFC à travers toute la commune. Maintenant, il y a les grandes coalitions qui sont en train de se créer et on est en négociation avec certaines pour réussir le pari de mettre les politiques, les citoyens, tous les acteurs qui s’intéressent à la chose politique, au développement communal. C’est un pari aussi que nous comptons gagner.
Qu’est-ce-qui motive votre candidature ?
L’une des motivations les plus fondamentales, c’est lorsque je suis allé rencontrer une mamie chez elle. Elle nous a accueilli dans sa chambre, le lit posé sur le sable. Lorsqu’on a fini de parler, elle nous a dit, écoutez, là où vous êtes assis là, Emile Badiane est assis dans la même place pour nous parler des mêmes choses que vous êtes en train de dire. Ça veut dire que cette mamie est restée depuis les années 60, on l’a roulée peut-être dans la farine, si on peut le dire ainsi parce que sa condition de vie n’a pas évolué. Elle est restée là où elle est et au point que même sa chambre n’est même pas en dur. Je me suis rendu compte que nous n’avons pas le droit nous, lorsque nous nous engageons en politique, juste de venir faire des promesses et nous en aller. Nous devons essayer de satisfaire le besoin des populations. Nous avons une population qui vit une extrême pauvreté. Nous sommes une commune où il y a beaucoup de potentialités, mais qui sont très mal exploitées. Et ça, nous devons nous donner les moyens de relever encore ce défi avec les populations locales.
Sur quel paradigme voulez-vous vous appuyer pour arriver à vos fins ?
Il y a à peu près 7 axes sur lesquels nous travaillons. Le premier, ça concerne le cadre de vie qui est complètement à terre. Rien qu’à Fass et à Colobane, nous avons près de 5 kilomètres 500 de sable, des problèmes d’assainissement qui sont d’une extrême priorité. Nous sommes entourés par le canal 4 et le canal Gueule Tapée qui versent directement à la mer. Donc, nous devions normalement ne pas avoir de problème d’assainissement. Mais aujourd’hui, quand on parle d’inondations urbaines, on parle de Fass, de Colobane, de Gueule Tapée. Donc, il y a un travail énorme à faire à ce niveau. Et il y a les défis de l’éducation. Nous sommes dans la ceinture scolaire la plus développée du Sénégal. Il n’y a pas une commune au Sénégal où vous trouverez 5 lycées. Ici il y a Blaise Diagne, Delafosse, Kennedy, Jean de la Fontaine, Thierno Birahim Mbacké. Rien que dans la commune, il y a 3 lycées. Il y a l’école Normale Supérieure, à coté le lycée d’application Thierno Seydou Nourou Tall et lycée Birago Diop. Il y a toutes les écoles de formation de cycle universitaire présentes aux alentours de cette commune avec l’université de Dakar, ENA, CESTI, l’école d’architecture, l’école de médecine, l’école vétérinaire, l’école des sciences de l’environnement, les écoles de gestion, les écoles d’informatique, tout. Pratiquement, vous pouvez étudier dans cette commune de la maternelle à l’université. Mais le taux de rupture scolaire est très élevé dans cette commune. Si vous sortez en temps de cours dans les ruelles de Gueule Tapée, de Fass ou de Colobane, vous trouverez énormément d’enfants dans la rue, ça aussi c’est assez dramatique. Au niveau de la santé, nous avons un taux de pénétration de la CMU de près de 1%. Si vous devez faire le sondage dans la rue qui détient sa carte CMU, vous n’en trouverez pas. Ça veut dire qu’aujourd’hui le système de santé du Sénégal repose sur la couverture maladie universelle, mais nous nous sommes complétement à coté de ce dispositif. Ça veut dire qu’il y a un travail à faire pour prendre en charge les populations sur le plan médical. Et ça, ça va de pair avec l’amélioration des infrastructures au niveau de cette commune.
La culture, on va régler définitivement ce problème pour permettre aux jeunes talents qui sont dans la commune d’éclore. Nous avons de grands talents artistiques dans cette commune. Il y a la fille d’Abdou Aziz Diop, Maty Diop qui a gagné le Grand prix international du jury de Cannes. Elle est originaire de Colobane, son père est le frère de Djibril Diop Mambetty qui habite Colobane. Ça veut dire qu’au niveau international, les gens sont en train de faire des choses extraordinaires. Si on connait aujourd’hui Bambaly, c’est parce qu’il y a Sadio Mané. Rien qu’avec cette fille, on pouvait capitaliser sur sa personnalité pour exposer au monde que là où elle habite, il y a des maisons qui n’ont pas de toilettes, faute d’assainissement. Voilà des genres de questions qu’il faut régler.
En tant qu’acteur du développement, quelle offre programmatique, proposez-vous aux populations de Gueule Tapée-Fass-Colobane ?
Nous avons fait le diagnostic de la situation de notre commune. Maintenant l’offre, c’est de régler ces questions d’environnement, de cadre de vie de manière générale, d’éducation, de santé, de sport, de culture, d’emploi et de sécurité. Pour chaque axe, nous allons développer des activités. Nous allons mobiliser un minimum 20 milliards pour régler ces questions de développement. Notre projet phare, c’est de couvrir et de daller le canal 4 qui fait 2 kilomètres 300. Nous allons y ériger, sur le tronçon Soumbédioune-Claudèle, un passage commercial qui va avoir plusieurs enseignes en son sein. Sur le tronçon Claudèle- on va construire un jardin public qui va permettre aux gens d’avoir un espace où ils peuvent se rencontrer et se promener. Maintenant le tronçon qui part de Cheikh Anta Diop à Fass, on va bien localiser tous les menuisiers qui sont aux abords de Delafosse pour y ériger des cantines où on peut trouver dans un même endroit, tout ce qui touche au métier du bois, le machinage, la vente du bois, la vente des accessoires, des meubles, etc. et la fabrication des meubles en même temps. Voilà ce que nous voulons faire. Notre projet, c’est aussi de créer une ceinture verte à travers les 20 artères de la commune de Gueule Tapée, Fass, Colobane qui part de Delafosse à la gendarmerie de Colobane, de Place de l’Obélisque à Soumbédioune et toutes les ruelles qui débouchent sur l’avenue Cheikh Ahmadou Bamba. On va les aménager avec un même mobilier urbain qui consiste à avoir les mêmes types d’arbres, de lampadaires, de bancs publics. On pense mettre 500 bancs publics, 1000 lampadaires, et 3000 arbres à travers ces différentes artères. Je pense que ça peut relever un peu le niveau de l’environnement et ça, je pense qu’il y a beaucoup des bailleurs qui sont prêts à nous accompagner.
L’info