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ISRAEL, OBSERVATEUR DE L’UA : Des organisations de la société civile protestent et interpellent l’Etat

Dans une déclaration commune, une vingtaine d’organisations de la société civile sénégalaise dont Amnesty International/Section Sénégal, Raddho, Collectif de solidarité Sénégal-Palestine, Osidea, Forum social sénégalais, Afrikjom Center, Rasef, Y en a marre, Plateforme des acteurs non étatiques, Siggil Jiiguen… marque son opposition à la présence d’Israël à l’Union africaine, comme observateur. Elles interpellent à cet effet, le Sénégal qui présidera l’an prochain, l’organisation continentale. 

 ‘’Non à un statut de membre observateur pour Israël à l’Union africaine’’, lit-on dans une déclaration commune signée par une vingtaine d’organisation de la société civile sénégalaise dont la Raddho, Afrikajom Center, Réseau Siggil Jiiguen, Amnesty International/Section Sénégal, Collectif de solidarité Sénégal-Palestine, Osidea, Forum social sénégalais, Rasef, Y en a marre, Plateforme des acteurs non étatiques, entre autres. ‘’En annonçant le 22 juillet dernier, son acceptation des lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël, le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Moussa Faki Mahamat, a laissé sous-entendre, comme un fait accompli, une décision d’admission à l’UA, de l’Etat sioniste en qualité de membre observateur’’, fustigent-elles d’emblée. Pour ces organisations, une telle disposition, si elle venait à être entérinée à l’occasion du prochain Conseil exécutif de l’UA, prévu à la mi-octobre, serait en contradiction flagrante avec l’Acte constitutif de l’Union, ainsi qu’avec la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et plus généralement, avec les intérêts supérieurs bien compris du continent africain tout entier. D’ailleurs, elles notent que déjà, quelque 23 pays africains dont l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du Sud, et plusieurs pays de la SADC et de la Ligue arabe, entre autres, se sont publiquement démarqués d’une telle perspective. Et c’est d’autant plus normal pour Amnesty International, la Raddho et autres, que dans leurs préambules comme dans plusieurs de leurs articles, l’Acte constitutif de l’UA, tout comme la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, condamnent le colonialisme, le néocolonialisme, l’apartheid, la domination sous toutes ses formes, et affirment le droit des peuples colonisés ou opprimés à lutter pour leur libération. Or c’est tout ce que fait Israël avec la Palestine. ‘’Comment un pays qui prône en acte la colonisation, l’apartheid, le terrorisme d’Etat, la violation flagrante et constante des Résolutions des Nations Unies sur la Palestine, de 1947 à nos jours, qui se livre à des crimes contre l’humanité et nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, peut-il se voir octroyer aujourd’hui le statut de membre observateur de l’UA, lequel lui a été refusé depuis 2002 ?’’, font-elles remarquer.

Une volonté d’Israël d’étendre son influence en Afrique et d’isoler la Palestine

Pour les protestataires, cette incursion d’Israël à l’Ua est aussi inacceptable que les motifs sont fallacieux. ‘’Israël prétend vouloir se rapprocher des pays africains pour mieux les aider, à travers des programmes de coopération, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité, des nouvelles technologies et des télécommunications. Mais l’Etat hébreux cherche en vérité à étendre son influence en Afrique et, du même coup, à isoler l’Etat de Palestine, en lui ôtant toute possibilité de base-arrière sur le continent’’, soutiennent-ils.

Le Sénégal, dans une position floue, interpellé

Conformément à la tradition de l’UA, les protestataires estiment que l’organisation doit décider, par consensus, de ne pas admettre Israël en tant que membre observateur. De ce fait, elles interpellent directement le Sénégal qui va assurer la présidence tournante de l’UA au début de l’année 2022. Car pour ces organisations, ‘’le Sénégal ne saurait admettre que sous son magistère, soit consacrée la décision sinistre et infamante de voir l’Etat sioniste d’Israël plastronner impunément aux côtés des autres pays du continent’’. Mieux, elles pensent qu’accepter une telle forfaiture, serait en porte-à-faux avec la posture du Sénégal qui a toujours dirigé le Comité pour la défense des droits inaliénables du peuple palestinien et qui est, avec la Nouvelle-Zélande, le Venezuela et la Malaisie, initiateur de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 23 décembre 2016, condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. 

Aïssata Tall Sall a promis de «tout faire pour Israël en Afrique », selon son homologue Yair Lapid

Dans ce dossier, le Sénégal qui entretient des relations diplomatiques fortes avec Israël, est dans une mauvaise posture. Il ne veut pas frustrer son partenaire israélien qui, dans un passé récent avec l’affaire de la résolution 2334, avait rappelé son ambassadeur et gelé la coopération avec le pays, avant de revenir à de meilleurs sentiments. Depuis, les deux pays entretiennent d’excellentes relations diplomatiques qui pourraient être mises à rude épreuve avec cette affaire. D’ailleurs, c’est fort du soutien du Sénégal que, dans une tribune récente, le ministre des Affaires étrangères d’Israël a vanté les bonnes relations avec le Sénégal et l’engagement des autorités sénégalaises, notamment son homologue Aïssata Tall Sall, à épauler son pays en Afrique. ‘’La charismatique ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Aissata Tall Sall, m’a dit dans une longue et amicale conversation, qu’elle ferait tout ce qu’elle peut pour Israël en Afrique’’, a déclaré Yai Lapid, dans sa Tribune intitulée ‘’Les 100 premiers jours d’une politique étrangère différente d’Israël’’, publiée dans le quotidien israélien «Haaretz», le 19 septembre dernier. 

L’info