INSCRIPTION DES PRIMO-VOTANTS : Sonko et Cie durcissent le ton
Dénonçant des manquements et des sabotages liés à la révision exceptionnelle des listes électorales, les partisans d’Ousmane Sonko de Dakar ont mis en garde hier, préfets, maires, officiers d’état civil, chefs et délégués de quartier quant à la délivrance des certificats de résidence à des non-résidents pour favoriser la vaste opération de transfert d’électeurs enclenchée par le régime de Macky Sall.
Ousmane Sonko avait menacé. Ses partisans passent à l’acte. Hier, Pastef de Dakar, sous la houlette du tonitruant Abass Fall, a décidé d’initier une caravane dans toutes les communes de Dakar et dans toutes les commissions administratives, pour assister l’ensemble des primo-votants qui souhaitent s’inscrire sur le fichier électoral. ‘’Nous allons sillonner toutes les CA et tous les commissariats avec tous nos militants qui veulent s’inscrire sur les listes électorales. Nous sommes pacifiques, mais notre patience a des limites. Nous demandons à tous les militants de Pastef de se mobiliser et de descendre dans les communes pour encadrer l’inscription des primo-votants. Nous allons organiser des caravanes dans toutes les communes pour demander aux jeunes de s’inscrire massivement sur les listes électorales’’, déclare Abass Fall. Le responsable de Pastef à Dakar qui s’est montré plus que jamais déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique, se veut clair sur un point : ‘’Macky Sall n’a pas gagné Dakar et il ne gagnera jamais Dakar. C’est pour cette raison qu’il s’adonne à cette vaste opération de transfert d’électeurs. Même s’il transfert un million d’électeurs dans la capitale, il ne gagnera jamais Dakar’’. A en croire le camarade d’Ousmane Sonko, Macky Sall sait qu’il n’est plus majoritaire dans ce pays. ‘’Depuis 2012 il n’a plus gagné d’élections libres au Sénégal. En 2019, il a créé un chaos électoral pour frauder et passer au premier tour de la présidentielle avec un score préfabriqué. Il a ensuite appelé à un dialogue national et fait un aveu révélateur en disant qu’il n’a plus rien à frauder. Dans tous les pays démocratiques du monde, tous les primo votant sont directement transférés dans le fichier électoral dès qu’ils ont 18 ans’’, rouspète-t-il. Non sans dénoncer le délai court pour permettre l’inscription des primo-votants avec tout ce que cela comporte comme écueil. ‘’Les jeunes ont 45 jours pour se trouver une pièce d’identité et aller dans les commissions administratives. L’ensemble des jeunes qui ont déposé des demandes de carte nationale d’identité ont été renvoyés à des délais qui dépassent largement la date buttoir de la révision’’, fustigent.
Abass Fall : ‘’Que les chefs de quartiers se le tiennent pour dit, quel que soit ce qu’on leur donne, ça n’en vaut pas la peine. Parce que ceux pour le compte de qui ils agissent, n’hésiteront pas à fuir si jamais les choses dégénèrent’’
De plus, il déplore le comportement de certains maires qui, selon lui, outrepassent la loi en signant eux-mêmes des certificats de résidence pour leurs militants et en les refusant pour d’autres citoyens sénégalais. ‘’Certains chefs de quartiers refusent catégoriquement de délivrer des certificats de domiciles obligatoires pour l’obtention de la CNI. Il y a des chefs de quartiers qui ont dit qu’ils ont reçu des instructions pour ne pas délivrer de certificats de domiciles. C’est des formes de tricherie qu’ils sont en train de mettre en place pour frauder’’, dénonce-t-il avec vigueur. ‘’Au-delà des certificats de domiciles, ils exigent des factures au nom du demandeur. C’est inadmissible. Il y a aussi des méthodes de blocages pour ceux qui veulent changer leur lieu de vote. A Fann Point E Amitié, il y a des exemples patents de fraude et de transfert d’électeurs. Il y a des gens qui sont domiciliés dans des maisons rasées. Ils élaborent de faux certificats de domiciles à de gens qui quittent Pikine pour venir s’inscrire à Fann-Point E-Amitié. A Biscuiterie, c’est le maire qui nous a soufflé une vaste opération de transfert d’électeurs. A la Médina, il y a un chef de quartier qui refuse de donner des certificats de domiciles parce que le maire lui a donné des directives en ce sens’’, dénonce-t-il. Avant de faire dans la menace : ‘’Nous allons prendre des mesures fortes. Que les chefs de quartiers se le tiennent pour dit, quel que soit ce qu’on leur donne, il n’en vaut pas la peine. Parce que ceux pour le compte de qui ils agissent, n’hésiteront pas à fuir si jamais les choses dégénèrent dans le pays comme ce fut le cas lors des évènements de mars dernier. Ils étaient les premiers à prendre la tangente. Ils s’étaient tous terrés dans les hôtels pendant que d’autres ont pris des avions pour sortir du pays’’. ‘’Nous n’allons plus accepter que Macky Sall prenne en otage le processus électoral. Tous ceux qui complotent avec lui, vont devoir rendre des comptes au peuple souverain’’, fulmine-t-il. Avant de demander aux populations d’empêcher aux personnes qui n’habitent pas leurs localités de s’y inscrire et d’y voter.
Barthélemy Dias : ‘’On sifflera la fin de la récréation. Le Président Macky Sall ne doit pas penser qu’on le laissera aller aux élections dans ces conditions’’
Venu prêter main forte à ses nouveaux alliés de Pastef, Barthélémy Dias enfonce le clou. ‘’ Tous ces manquement et sabotages sont sciemment orchestrés par l’Exécutif. Nous demandons à Macky Sall de savoir raison garder et de laisser les primo-votants s’inscrire sur les listes électorales’’, assène-t-il. Le maire de Mermoz-Sacré Cœur qui jure la main sur le cœur n’avoir jamais signé de certificat de résidence, se demande comment et de quel droit la Direction générale des élections se permet-elle de donner des instructions dans certaines commissions pour qu’on ne mette plus l’adresse exacte sur les fiches de transfert, mais le quartier seulement? Dans la même veine, il se demande comment des préfets peuvent se permettre de délivrer des certificats de résidence sur la base de certificats de domicile fictifs si ce n’est seulement pour cautionner et encourager les transferts d’électeurs. Pour toutes ces raisons le nouvel allié de Ousmane Sonko invite les leaders de l’opposition qui sont présentement en discussion, à finaliser leur vœu le plus cher qui est l’unité. ‘’Nous devons nous mettre face à ce régime, nous devons le combattre. Parce que ce n’est pas normal que le Sénégal soit à ce niveau de régression démocratique et qu’on se taise’’, regrette-t-il. Et de réclamer le fichier électoral avant la période de contentieux. ‘’Nous n’accepterons pas d’aller à la période de contentieux électoral sans le fichier. L’opposition a le droit de disposer du fichier électoral. On sifflera la fin de la récréation. Le Président Macky Sall ne doit pas penser qu’on le laissera aller aux élections dans ces conditions’’, martèle-t-il.