A la Une

RESTAURATION DES DROITS CIVILS ET POLITIQUES DE KARIM ET KHALIFA : Macky entre deux feux

Avec la restauration réclamée de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, dans leurs droits civils et politiques, le président de la République, Macky Sall est entre le marteau de l’apaisement et de la pacification de l’espace politique et l’enclume de la realpolitik, à quelques encablures des prochaines échéances électorales, qui se présentent décisives pour lui.

Va-t-on vers une restauration de Karim Wade et de Khalifa Sall dans leurs droits civils et politiques ? Même si jusqu’ici plus rien n’est moins sûr, force est de constater que le dernier mot revient dorénavant au président de la République, Macky Sall, qui a validé avant-hier, en Conseil des ministres, le nouveau code électoral devant bientôt être examiné et adopté par les députés. La patate chaude est ainsi entre les mains du chef de l’Etat, qui a désormais le droit de vie ou de mort politique sur l’éritier de Wade et candidat du Pds, ainsi que sur le leader de la coalition Taxawu Sénégal, tous les deux condamnés à des peines supérieurs à cinq, et donc frappés d’inéligibilité politique. 

Khalifa, une bête politique certes blessée, mais plus que jamais dangereuse

Quelle que soit la décision finale de Macky Sall, elle aura des répercussions au sein même du landerneau politique sénégalais qui a évoqué la question au cours du dialogue politique, mais sans trouver de consensus là-dessus. Macky Sall les aurait maintenus dans leur situation d’inéligibilité à une quelconque élection, il conforterait les soupçons selon lesquels, il cherche à les écarter en vue d’un 3ème mandat qu’il briguerait en 2024. Il les absoudrait des charges qui pèsent sur eux, leur permettant de revenir dans les compétitions électorales, il s’inscrirait alors dans une dynamique de se limiter à ses deux mandats consécutifs et de rendre le pouvoir en 2024, tel que la constitution de 2016 le lui oblige. La décision prise dans un sens ou dans un autre, chamboulerait forcément le landerneau politique sénégalais. S’il venait à se matérialiser, il redistribuerait incontestablement les cartes et fausserait à coup sûr, beaucoup de calculs et de pronostics politiques. Si Karim Wade en exil depuis à Doha depuis sa libération, devra faire son comeback au pays pour remobiliser et recoller les morceaux de ce qui reste du Parti démocratique sénégalais, Khalifa Sall lui, aura le chantier de se reconstruire politiquement et de reconquérir Dakar, sa chasse gardée pendant près de 10 ans. Le leader de Taxawu Sénégal qui n’a le choix jusqu’ici que de parrainer la candidature d’un de ses dauphins pour espérer garder Dakar dans son escarcelle, pourrait alors lui-même se présenter face aux dakarois pour demander de nouveau leurs suffrages. 

Gros nuages au-dessus de la tête d’Idrissa Seck

Toutefois il faut noter que sa participation aux élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 pourrait fausser tous les calculs politiques du Président Macky Sall et anéantir tous les moyens déployés jusqu’ici, pour mettre la main sur la capitale sénégalaise. Mieux, l’ancien maire de Dakar qui était dans une logique de candidature à l’élection présidentielle de 2024 gênerait en effet le camp présidentiel et tiendrait en échec tout projet de dauphinat initié par le Président Macky Sall tel qu’on le soupçonne d’ailleurs dans le cadre de sa coalition ‘’Mbourok soow’’ avec l’ancien Premier ministre sous Abdoulaye Wade, Idrissa Seck. Khalifa Sall, avant son incarcération dans le cadre de l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar, était en train de se positionner au niveau national. L’ancien chargé des élections du Parti socialiste, en rupture de ban avec la direction des «Verts de Colobane», avait en entamé une stratégie d’installation un peu partout à travers le pays, pour se donner une envergure nationale et se positionner en perspective de 2019. Son élan brisé avec sa condamnation à six ans de prison fermes à l’issue d’un procès moult fois décrié, Khalifa Sall a été complètement désarmé et dépouillé de tous ses mandats électifs. Radié de la ville de Dakar, le leader de Taxawu Sénégal a été également débarqué de son poste de député à l’Assemblée nationale. Promu à un bel avenir politique avant ses déboires avec la justice, il s’était positionné sur l’échiquier politique sénégalais comme un sérieux adversaire du Président Macky Sall.          Libéré des chaines qui l’empêchent de compétir à une élection, il pourrait prétendre légitimement à diriger le pays, en 2024.

Karim Wade, le retour à la case de départ

Cependant, si la tâche semble plus facile pour l’ancien maire de Dakar de se refaire, ce ne sera pas le cas pour le fils de l’ex-président de la République dont le parti est aujourd’hui en lambeau suite aux départs de beaucoup de ses caciques dont la dernière vague est conduite par l’ancien Secrétaire général adjoint, Oumar Sarr qui a entrainé dans le ‘’Macky’’ Babacar Gaye et El Hadji Amadou Sall, entre autres. Auparavant, ce sont les Farba Senghor, Pape Samba Mboup, ensuite Modou Diagne Fada, Fatou Thiam, Abdou Khafor Touré et Bassirou Kébé qui ont rallier la coalition de la mouvance présidentielle. Karim Wade, devra en cas de restauration de ses droits civils et politiques, prendre le temps de se refaire et de remobiliser les bases du Parti démocratique sénégalais, avant de prétendre à une quelconque ambition politique. Après avoir purgé trois ans de sa peine de six ans que lui a infligé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Karim Wade a été libéré le 24 juin 2014 et aussitôt exilé à Doha à bord d’un jet privé avec le Procureur général du Qatar venu le prendre. Un deal qui a certes permis l’élargissement de prison du fils de l’ancien président de la République, mais qui l’a éloigné du jeu politique sénégalais pendant sept longues années. C’est dire que le fils candidat déclaré du Pds aura tout à refaire pour se relancer dans la compétition électorale. Il devra également travailler à massifier le Parti démocratique sénégalais affaibli par une dizaine d’années d’opposition, et des assauts répétitifs du régime qui a fini par l’infiltrer et le neutraliser, tout en favorisant une vaste opération de transhumance politique comme Abdoulaye Wade l’avait d’ailleurs fait avec le Parti socialiste au lendemain de sa débâcle en mars 2000.

L’info