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LAVAGE DE VOITURES : Zoom sur une activité en plein essor à Dakar

On trouve des espaces de lavage de voitures dans presque tous les coins de rues à Dakar. De nombreux jeunes, souvent des ruraux, en ont fait un gagne-pain, mais aussi un tremplin pour obtenir le permis de conduire, pour s’ouvrir le métier de leur rêve, à savoir devenir chauffeur. 

Artisanal ou professionnel, le lavage de voitures est devenu une activité lucrative. On trouve des espaces de lavage de véhicules dans presque tous les coins de rues à Dakar. Métier accessible, car ne nécessitant presque pas d’investissement ou de formation sur une longue durée, le lavage de voiture attire beaucoup de jeunes qui évoluent le plus souvent, de manière informelle. Mais depuis quelques années, le secteur connait un début de professionnalisation. Avec un parc automobile de plus de 400 000 voitures, selon le recensement de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), les clients ne sont pas rares dans la capitale sénégalaise. Passer un coup de chiffon pour dépoussiérer la carrosserie, rafraîchir les tapis, nettoyer les sièges et les malles, les laveurs de voitures ne chôment pas. 

Entre 500 F CFA et 1000 F CFA le lavage

Armés de seaux, de chiffons, savons en poudre, ils traquent les clients aux abords des routes. Les prix varient entre 500 et 1 000 francs CFA, selon la marque de la voiture, la taille et le service demandé. Ousmane Dieng, un jeune laveur, en pleine activité, en face de Auchan Mermoz, ‘’ancienne piste’’, confie qu’avec ce métier, il arrive tout de même à joindre les deux bouts. ‘’On parvient à satisfaire nos besoins. Parfois, on arrive à avoir entre 10 à 20 clients par jour’’. En écho, Ndiogou Dione, gérant d’un parc automobile et de lavage professionnel, ne tarit pas d’éloges sur cette activité qu’il qualifie de ‘’très noble’’. ‘’Nous avons démarré notre activité depuis 2017. Aujourd’hui, on a 15 employés et deux gardiens. Notre salaire de base est à 60000F pour les débutants et va jusqu’à plus de 100 mille FCFA. On travaille avec des machines. Nous avons des prix fixes. On a des abonnements mensuels de clients. Le lavage simple est à 3000F. Le lavage semi-complet est à 7500F pour les petites voitures, tandis que le lavage complet est à 10000F jusqu’à 15000F. Tout dépend de la voiture. Il fut un moment, on lavait même des bus de Dakar DEM DIK à 50000F’’, explique-t-il. Papa Diouf, un passionné de l’automobile, donne les raisons qui l’ont poussé à investir cette activité. ‘’Je suis un passionné de l’automobile depuis très longtemps. C’est une passion pour moi. Ce n’est pas un métier facile. La satisfaction qu’on a, c’est le service rendu aux clients et la possibilité d’aider des jeunes à s’occuper. J’emploie plus de six jeunes et le weekend end, je recrute deux jeunes, en renfort’’, confie M. Diouf, assurant que ses employés qui reçoivent des salaires acceptables ne se plaignent pas.

Les risques du métier

Les jours les plus surchargés pour les laveurs de voitures sont les lundis et les weekends. ‘’Les weekends, de nombreux automobilistes viennent faire laver leurs voitures chez nous. Les lundis également, nous sommes au travail dès 7 heures du matin. Les gens qui étaient partis en week-end dans les régions, viennent déposer leurs voitures poussiéreuses pour un lavage complet’’, a fait savoir notre interlocuteur.

Toutefois, force est de reconnaitre que le lavage de voitures est un métier à risque. C’est pourquoi, il exige beaucoup de vigilance face aux objets personnels des clients, gardés dans les voitures. ‘’Pour les lavages complets, on doit tout sortir de la voiture. C’est pourquoi, on applique notre règlement intérieur qui est affiché dans nos locaux. Nos collaborateurs ne touchent pas aux objets des clients. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, on a des caméras de surveillance’’, assure M. Dione. Selon lui, il arrive parfois que des clients leur réclament des objets de valeurs perdus lors du lavage. 

Face à la précarité de leur métier, les jeunes laveurs souhaitent une formalisation et l’attribution d’endroits dédiés pour mieux exercer leur activité. ‘’Les endroits que nous squattons peuvent nous être interdits à tout moment. Si nous avions un statut, nous pourrions louer un lieu et être protégés des déguerpissements fréquents’’, fait remarquer un jeune laveur, sous le couvert de l’anonymat. C’est la raison pour laquelle, il appelle de ses vœux la professionnalisation de leur secteur d’activité. Etant donné que le lavage de voiture est un métier noble. ‘’C’est comme une femme au foyer’’, dit-il avec fierté, estimant qu’il a choisi ce métier pour apprendre à conduire et obtenir son permis, pour devenir un chauffeur. De fait, de nombreux jeunes ruraux sont déjà passés par cette rampe pour devenir des chauffeurs. 

L’info