NDIAYA DIOP, DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION DE SEN EAU: « Les solutions sont en cours d’exécution »
Certains quartiers de Dakar connaissent une pénurie d’eau structurelle depuis des mois ? Qui
est-ce qui l’explique ?
Il faut noter que l’alimentation en eau potable de Dakar est caractérisée, depuis près d’une
décennie, par une forte demande qui s’explique par l’accroissement démographique, la création
de nouveaux pôles de développement économique (Diamniadio, Lac Rose, Diass) et des pôles
touristiques dans la Petite Côte. À elle seule, Dakar représente 70% des besoins du périmètre
urbain. Le triangle Dakar-Thiès-Petite Côte représente 80% des besoins de ce même périmètre.
Le système d’approvisionnement en eau potable de la région de Dakar est marqué par sa forte
dépendance des ressources du Lac de Guiers pour 45% et des eaux souterraines pour 55%.
Au cours de ces dix dernières années, la production a été augmentée de 42% au moment où
le nombre de foyers raccordés au réseau a connu une croissance de 55% et la population une
hausse de 20%. Ce qui signifie qu’on a distribué plus d’eau et à plus de familles en 10 ans. Pour
faire face à la demande croissante en eau de la ville, l’État, par le biais de la SONES, la Société de
Patrimoine, a réalisé beaucoup d’efforts en termes d’investissements dans les infrastructures.
SEN’EAU, de son côté, fait de sorte que tous les ouvrages fonctionnent correctement et
s’efforce d’optimiser la distribution aux consommateurs.
Aujourd’hui 100% de l’eau produite est consommée. Il suffit d’une panne sur un ouvrage pour
engendrer des manques d’eau. Avec l’arrivée de l’hivernage, nous avons connu une tempête
le week-end du 13-14 Juin qui a endommagé certains ouvrages de production et les a privés
d’énergie électrique.
Les équipes de SEN’EAU sont intervenues immédiatement afin de remettre en service les
installations. Ceci-dit, les arrêts de production se font ressentir immédiatement sur les réseaux
de distribution.
Ces événements sont concomitants à la hausse des consommations que nous observons
en période d’hivernage et de grosse chaleur. Ces hausses de consommation impactent le
remplissage des réservoirs d’eau et elles peuvent générer des baisses de pression dues au
débit journalier de pointe. La situation revient progressivement à la normale depuis quelques
jours.
A quand la fin de cette pénurie ?
Il faut noter que les solutions sont identifiées et bien phasées à court moyen et long termes.
Pour le court terme, depuis le mois de février SEN’EAU et la SONES exécutent un programme
d’urgence de consolidation qui consiste à régénérer et à faire de nouveaux forages, à faire des
maillages de réseau pour le renforcement de la distribution et l’installation de mini-surpresseurs
pour des quartiers qui sont en hauteur.
C’est ainsi que nous avons démarré les travaux de renouvellement de 5 forages, l’équipement de
3 nouveaux forages et la réhabilitation de 6 autres. Nous avons aussi entamé le renforcement
des réseaux de distribution de plusieurs quartiers (Montagne Rouge, Scat Urbam, HLM Las
Palmas, Golf Sud, Sahm Notaire, Arafat, Jaxaay à Rufisque, Tivaouane Peulh. Sous peu nous
allons procéder à l’installation de 9 mini-surpresseurs dans les zones à topographie élevée,
notamment aux Parcelles Assainies U10, 12 et 17, Golf Sud, Jaxaay U18-19 et Cité Gendarmerie,
Cité Bissap, Grand Médine Village, Liberté 6 extension et Arafat, Darou Kamil, Cap Manuel, Yenne
Kao) Les résultats ont commencé à se faire sentir en termes de temps de présence d’eau
dans certains de ces quartiers. À moyen terme, d’ici la fin de l’année, nous allons réceptionner
la troisième usine de Keur Momar Sarr qui va apporter dans sa première phase 100 000 m3/
jour et nous pensons que ces volumes d’eau vont sensiblement améliorer l’alimentation en eau
potable pour les populations. Nous allons enchaîner immédiatement par la deuxième phase avec
un apport additionnel de 100 000 m3/jour, ce qui fera un total de 200 000 m3/jour pour l’usine
de Keur Momar Sarr 3. Et pour le long terme, ce qui signifie pour nous avant 2024 nous aurons
réalisé l’usine de dessalement de l’eau de mer de Ouakam pour une capacité de production de
100 000 m3/jour. Vous voyez donc que les solutions sont bien là et en cours d’exécution. C’est
juste que nous sommes dans le temps de la mise en œuvre.
Est-ce que dans ce contexte de pandémie de la covid 19, ne fallait-il pas donner de l’eau en
quantité et qualité aux populations pour se laver les mains et stopper la propagation du virus ?
Nous vous l’avons déjà dit, tous les ouvrages fonctionnent et toute l’eau produite est
consommée. Aujourd’hui nous produisons plus de 430 000 m3 par jour et tous ces volumes
d’eau ne sont pas envoyés à la mer mais vont chez les consommateurs pour leurs différents
usages domestiques ou industriels.
La qualité du service de la Sen Eau aux consommateurs est très critiquée ? Mauvaise qualité de
l’eau, impropre à la consommation, coupures d’eau ?
Tout est question de perception, cependant ce que je peux vous dire est que SEN’EAU a
l’ambition d’être excellent au Sénégal et une référence en Afrique. Cela passe nécessairement
par l’amélioration considérable de la qualité de service. Nous avons déjà commencé par la mise
en place d’un nouveau Centre de Relation Client pour être encore plus proche des clients et avoir
leur écoute pour satisfaire toutes les réclamations qui passent par notre numéro vert (le 800
00 11 11). Bientôt nous aurons notre centre visio qui sera très moderne avec une vison 360°
sur tout le système de pilotage. Nous allons également révolutionner le métier de nos agents
d’intervention que sont les plombiers mais aussi la relève des compteurs sera modernisée et
digitalisée. Tout cela demande juste un peu de patience car n’oubliez pas que SEN’EAU n’a pour
l’instant que six mois d’activité sur un contrat de 15 ans. Nous vous donnons rendez-vous très
bientôt et nous en reparlerons.
Depuis quelques mois, les consommateurs se plaignent de factures d’eau élevées. Que
répondez-vous ?
Pour ce qui des factures, je rappelle juste que le dernier arrêté ministériel portant sur le tarif
de l’eau date de l’année 2015. Depuis lors il n’y a pas un centime de plus sur le prix de l’eau.
Je précise au passage que SEN’EAU n’a pas la possibilité de fixer ou de réviser le prix de l’eau
ce n’est pas de son ressort mais bien de la tutelle en l’occurrence le Ministère de l’Eau et de
l’Assainissement. Maintenant, il ne faut pas à partir de clients qui contestent leur facturation
faire une généralisation abusive pour parler de hausse du prix de l’eau. Tout client qui n’est pas
d’accord sur sa facturation peut saisir nos services notamment la clientèle pour être édifié. Cela
veut dire que ces situations se traitent au cas par cas.