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REHABILITATION DU MARCHE SANDAGA :Les commerçants entre colère et incompréhension

L’État du Sénégal va réhabiliter le marché pour 10 milliards de franc CFA. Le ministre de l’urbanisme Abdou Karim Fofana compte reloger les commerçants au champ de courses. Une décision qui ne fait pas l’unanimité. Mais le recassement des commerçants posent problème déjà.

Les activités vont bon train en cette matinée au marché Sandaga. Les clients affluent en masse et les marchands usent d’astuces pour attirer la clientèle. Les commerçants de la rue Emile Badiane ne dérogent pas à la règle. Retrouvé dans sa cantine, Mor Diop discute avec une cliente aux formes plantureuses. Le vendeur de friperie négocie le prix avec la jeune femme. Ils tombent finalement d’accord sur un tarif. Sourire aux lèvres, le trentenaire encaisse son dû. Le jeune homme ne semble pas être ébranlé par la démolition du marché et son recasement. Il reste dubitatif : « Le recassement ne peut pas se faire dans de tels conditions. Nous ne sommes pas prêts », dit-il catégorique.

Maniane Touré est à l’affût des clients assis devant sa boutique. Le sieur a eu écho de la démobilisation du marché. Il salut l’initiative.Mais reste prudent sur le recassement. « Nous ne sommes pas prêts. Le lieu de recassement ressemble plus à un cimetière », dit-il sceptique. La plus grande inquiétude du sieur est de perdre ses clients : « Nous avons peur de ne pas avoir beaucoup de clients .Le champ de course est mal placé .Nous allons devoir repartir à zéro», tonne-t-il visiblement sur les nerfs. L’homme âgé de 52 ans espère que les délégués et les autorités vont trouver un consensus.

Dame Niang est le porte-parole de l’association« And Taxawu Sandaga ». Le vendeur de cassettes revient sur l’historicité du projet  et crache son amertume. « On nous a présenté le projet en septembre 2018 et les travaux devaient débuter en décembre 2018. On n’avait pas trouvé de site de recassement à l’époque. Les autorités avaient proposé le centre commercial Djily Mbaye et le champ de course.Nous n’étions pas d’accord .Finalement le champ de course a été retenu comme site de recasement », a expliqué Dame Niang.  Les deux endroits n’étaient pas vraiment appropriés et ils l’ont bien notifié. Dans la première maquette du projet de réhabilitation, un centre commercial de 1450 places devait être construit sur la rue Emile Badiane angle Sardinier. Un centre qui selon Dame Niang pouvait bien servir de site de recasement. « Avec les techniques de construction modernes, ils auraient pu y recaser les commerçants. C’est faisable», déclare-t-il.

 Le porte-parole affirme qu’en août 2019, les autorités ont proposé aux commerçants un tout autre projet. Selon lui ce n’est que de de la poudre aux yeux. « Les autorités ne veulent pas vraiment réhabiliter le marché. On ne se sent pas impliqué dans ce projet ».Il ajoute : «Nous ne pouvons pas aller au champ de course. Cet endroit ne peut pas contenir tous les marchands. Les autorités sont dans l’approximation. Ils devaient nous consulter .Depuis le mois d’août 2019, nous n’avons pas eu d’informations. On ne se sent pas vraiment concerné », dit-il avec une pointe d’amertume.

Arame NDIAYE

LE CHAMP DE COURSE SE PREPARE A ACCUEILLIR LES COMMERÇANTS

Le bâtiment central du champ de course est très animé. Les marchands échangent avec les clients.  Moussa Fall discute un peu plus loin avec les autres délégués. Le jeune homme fait partie des sinistrés de 2013. « En 2013, nous avons dû faire face à un incendie au marché Sandaga. C’est suite à ce fâcheux incident qu’on a été recasé ici. Le projet de réhabilitation est comme une bouffée d’oxygène pour nous», affirme le boucher. Il explique : «Le comité de pilotage du projet était composé de cinq représentants pour le champ de course, cinq représentants pour les marchands de Sandage et 14 démembrements de l’État. Nous avons eu une première maquette».

 Le sieur précise qu’à ce moment la seule chose qui leur importait était la réhabilitation du marché.  « Nous voulions aussi que nos amis commerçants de Sandaga ne rencontrent pas de problèmes de recasement. Le champ de course a été finalement retenu », affirme-t-il. Pour Moussa Fall, les commerçants doivent rester solidaires et éviter les débats inutiles. « Nous ne devons pas tergiverser sur l’implication ou la non-implication des commerçants dans le projet », déclare-t-il catégorique. Le délégué affirme que le deuxième projet est une version améliorée. Selon ses dires, le site de recasement ne doit pas être un problème pour les commerçants de Sandaga. « C’est un mal nécessaire », tonne-t-il. Néanmoins le jeune homme comprend l’inquiétude de ses collègues. « Le recassement va avoir des répercussions économiques sur leurs activités. Mais c’est temporaire. Nous devons dépasser cette étape et nous concentrer sur l’avenir .Le marché va faire peau neuve et nous sommes prêts à accueillir nos frères commerçants », assure-t-il. Le jeune homme appelle ses amis à faire confiance aux autorités.

Les maçons sont en plein travail quelques cantines plus loin. Ils règlent les derniers détails avant l’arrivée des nouveaux occupants. Les manœuvres terminent l’installation des sanitaires. Certains creusent les conduits pour les tuyaux tandis que d’autre se chargent du carrelage.

 Quelques sacs de ciment sont empilés à l’intérieur des cantines. Elles sont au nombre de 500. « Le site sera opérationnel d’ici jeudi. Il reste juste quelques installations. Nous avons même commencé la numérotation», a fait savoir Mouhamed. Le représentant du préfet a affirmé que l’aménagement se fera progressivement. « Nous nous sommes assurés de toutes les commodités », déclare-t-il. Un cadre idéal pour les commerçants de Sandaga en attendant la réhabilitation du marché.

Arame NDIAYE