ActualitéAfriqueDéveloppementEconomiePolitique

EL HADJI ALIOUNE DIOUF, ECONOMISTE : «Il faut le patriotisme économique pour se développer»

«Tous les pays qui se sont développés dans le monde ont adopté des stratégies de patriotisme économique pur et dur». Telle est la conviction de l’économiste El Hadji Alioune Diouf, par ailleurs ancien directeur du Commerce intérieur.

Il intervenait récemment, lors d’un panel d’économistes portant sur le thème  du «Vivre ensemble : Le Sénégal entre ouverture et protection.»

Il estime que cette notion se définit par tout le dispositif mis en place pour faciliter l’activité économique.

En tant qu’ancien haut fonctionnaire, M. Diouf est d’avis que le Sénégal a depuis les années 1960 développé de bonnes politiques de mise en valeur des produits locaux au détriment de ceux importés.

«L’essor de l’industrie de la volaille a été noté lors de l’avènement de la grippe aviaire. L’Etat n’a pas été catégorique comme le Nigéria, en fermant ses frontières, mais a plutôt évoqué des précautions sanitaires. Cette politique a permis de booster l’entreprise (Sédima) aujourd’hui numéro 1 dans le domaine. Le moment est venu d’avoir des stratégies de ce genre», exhorte-t-il.

Tout en proposant une bonne dose de nationalisme économique, l’ancien directeur du Commerce intérieur ne veut pas qu’on  s’oppose à l’économie libérale.

INTEGRATION AFRICAINE

«Il faut permettre au secteur privé national de pouvoir percer, de maximiser son profit. Un acte patriotique que l’Etat doit poser. La balance doit basculer en notre faveur pour que nos intérêts soient protégés et cela passe par une intégration politique des Etats africains», souligne pour sa part, le Président de Legs-Africa, Elimane Kane.

«L’économie libérale nous est imposée par l’Occident comme étant une vision unique des choses. Pourtant, elle est basée sur une logique de patriotisme économique. Ces puissances ont elles-mêmes pratiqué le patriotisme économique. C’est le cas de l’Angleterre qui s’est dit : «On va d’abord être fort sur le plan national, on va d’abord se construire avant de s’ouvrir au monde», explique M.Kane.

De son côté, Khadim Bamba Diagne, enseignant à la Faseg estime que «sur le plan international, plus vous avez des entreprises locales impliquées, plus vous avez la chance de gagner.»

«Pour moi, une entreprise qui n’est pas cotée en bourse ne mérite même pas d’être appelée entreprise nationale. La question qui se pose aujourd’hui est : comment faire pour que nos entreprises soient cotées en bourse et soient à même de capter des marchés pour pouvoir chercher le marché de 380 millions de consommateurs de la Cedeao», s’interroge l’enseignant-chercheur à l’Ucad.

Pour lui et ses collègues, il ne revient pas au secteur privé national de se battre pour gagner des parts de marchés à l’extérieur  extérieurs, mais plutôt à l’Etat de faire les démarches diplomatiques idoines.

«A quoi bon soutenir une entreprise dont le patron garde pour lui seul ses milliards ! Par contre, si ces milliardaires contribuent au développement économique du Sénégal en versant leurs 30% d’impôts et 20% de taxes, les choses seraient différentes», assure-t-il.

Pour ce qui est de l’installation des multinationales étrangères au Sénégal (Auchan, Carrefour, Casino), M. Diagne est convaincu que c’est un processus irréversible.

( Badou NGUER avec Toutinfo.net )

«