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ABDOUL MBAYE RISQUE UN AN FERME, SON EX RÉCLAME UN MILLIARD DE FCFA

Un an de prison ferme. C’estla peine requise contre l’ancien premier ministre, Abdoul Mbaye, par l’avocat général. Il comparaissait hier à la barre de la Cour d’Appel de Dakar pour faux, usage de faux, complicitéd’usagede faux et escroquerie. Son co-prévenu Adama Thiam pourrait bénéficier d’une relaxe. Le délibéré est fixé pour le 23 juillet prochain.

Relaxé en première instance des
chefs de faux et usage de faux, de complicité de faux et d’escroquerie, Abdoul Mbaye n’est pas, pour autant, sorti de l’auberge. Hier lors du procès en appel, le parquet a requis un an ferme contre lui. Considérant que le leader de Act est coupable du délit de faux, le maitre des poursuites a demandé que les faits de faux et usage de faux initialement reprochés à Abdoul Mbaye soient requalifiés en obtention indument d’un document administratif. On reproche à Abdoul Mbaye, dit-il, le fait d’avoir obtenu indument un document administratif. Il se
désole du fait que toutes les personnes qui devaient être entendues ne le soient pas dans cette affaire. «Ce sont les conditions
d’obtention dudit document qui posent problème, car elles n’ont pas été faites dans les règles de l’art», affirme l’avocat général qui a requis un an ferme contre Abdoul Mbaye. Mais selon le parquetier, Adama
Thiam n’a rien fait parce qu’il a agi sur instruction de son supérieur, en l’occurrence le juge du tribunal départemental de l’époque. «Le prévenu n’avait pas l’intention manifeste de commettre du faux, il a agi sur la base de
l’ordre donné par ses supérieurs», argue-t-il avant de demander la relaxe en sa faveur. Devant le prétoire de la Cour
d’Appel, Abdoul Mbaye a contesté les faits. Il ne comprend pas, dit-il, le fait qu’on ne lui a jamais présenté un document alléguant des délits qui lui sont imputés. «Depuis 3 ans, on me poursuit pour complicité de faux et on ne m’a jamais présenté de documents attestant que j’aurais commis un tel faux.Je les ai réclamés,mais on ne me les a jamais produits. Je n’ai pas reçu entre les mains le document allégué de faux que j’aurais
commis.Nul ne peut produire un écrit par lequel j’aurais essayé de soustraire à la dame Aminata Diack des biens, que ce soit des biens immobiliers ou des avoirs», sérine l’ancien Premier ministre. Il jure qu’il n’a jamais cherché à avoir un franc de la part de son ex-femme. En atteste le fait que dans les liens du mariage, dit-il, cette dernière n’a jamais contribué le moindre franc aux dépenses quotidiennes. Revenant sur le changement du régime de communauté de biens initialement signé lorsde sonmariage au régime de séparation des biens, Abdoul Mbaye soutient que son épouse et lui avait signé une requête conjointe adressée au tribunal départemental hors classe de Dakar. «J’ai déposé le dossier que nous avons signé en-
semble. On a pris la décision après un consentement mutuel. C’est moi qui ai engagé la procédureparce que je voulais fairedes investissements etje voulais protéger ces biens. Et cette ordonnance du juge n’a jamais été contestée depuis 20 ans», clame-t-il. A noter que Aminata Diack, quant à elle, était absente à l’audience. De son côté, l’officier d’état civil, Adama Thiam, qui répondait du
chef de faux et usage de faux dans
un acte administratif s’est prononcé sur le faux constaté dans le document de mariage de l’ex-couple.Il soutient qu’il a reçu des
mains du greffier en chef Hyacinthe Gomis, une ordonnance du tribunal départemental hors classe de Dakar pour la rectification de l’acte de mariage. «J’ai
mentionné dans l’acte que le régime de communauté des biens sur lequel le couple Mbaye s’était marié en 1981 a été supprimé et remplacé par le régime de la séparation des biens», dit-il. Pour montrer sa bonne foi, il indique qu’il a fait 40 ans de service à
l’état civil et n’a jamais contesté les décisions d’un juge. «Je n’ai pas fait du faux. C’est en 2012, suite à l’introduction de la demande de divorce d’Abdoul Mbaye, que la présidente du Tribunal Départemental l’a appelé pour lui demander de remettre l’ancienne option, car le juge dudit Tribunal n’était pas compétent pour ordonner le changement de ce régime», explique-t-il.

LES AVOCATS DE AMINATA DIACK
RÉCLAMENT UN MILLIARD FCFA
À ABDOUL MBAYEMBAYE

Alors qu’elle avait réclamé en première instance 500 millions Fcfa pour la réparation du préjudice,AminataDiack a réclamé un milliard Fcfa devantla Cour d’Appel. Selon l’avocat de la partie civile, Me Koita, la procédure de changement du régime est entachée d’irrégularités. Mais pour la défense, Aminata Diack a intenté
une action judiciaire contre son ex-époux par caprice. «Elle a longtemps bénéficié des privilèges de ce changement de régime avant de se plaindre. Elle a utilisé ce régime et a acquis un bien personnel qu’elle a hypothéqué auprès d’une banque sans l’aval d’Abdoul Mbaye. C’est à tort
que Abdoul Mbaye a été poursuivi pour les infractions de faux et usage de faux et escroquerie», martèle Me Bamba Cissé. Abondant dans le même sens, Me Baboucar Cissé accuse le régime de Macky Sall d’être derrière ce procès. «Aminata Diack a été
contraintededéposeruneplainte contre son ex-époux. Quand il était au pouvoir, elle n’a pas estimé nécessaire de déposer une plainte contre son mari pour un soi-disant délit de faux. C’est quand Abdoul Mbaye a été défénestré de son poste de Premier ministre et qu’il a décidé de créer son propre parti et de concourir à la vie publique que la plainte est tombée. Elle a été obligée à déposer la plainte», tonne Me Baboucar Cissé. Selon Me Sadel Ndiaye, son client n’a jamais été mêlé dans un dossier de mal gouvernance durant l’exercice de ses fonctions. «Il a occupé de hautes
fonctions dans ce pays. On n’a jamais eu à lui reprocher le plus petit écart dans le cadre de son travail. On veut l’envoyer en prison comme un va-nu-pied pour une banale affaire de complot.On a colmaté par-ci, par-là un soi-disant faux pour le présenter comme le diable. On s’acharne
contre Abdoul Mbaye et on a besoin d’AminataDiack pour qu’elle attise le feu», clame Me Ndiaye qui ademandé la confirmation du jugement en première instance. Délibéré le 23 juillet prochain.

( Bineta DIOUF avec Toutinfo.net )