LEVEE DE L’IMMUNITE PARLEMENTAIRE: UNE MAJORITÉ DE 125 DÉPUTÉS ENVOIENT KHALIFA SALL EN PROCÈS
Aucune protection juridique n’entrave désormais l’action de la Justice contre le député-maire de Dakar, dans les liens de la détention depuis 8 mois pour «détournement de deniers publics et blanchiment d’argent». Par une majorité écrasante de 125 députés pour et 23 contre, les conclusions de la commission Ad-hoc ont été validées.
Sans surprise, la majorité parlementaire a répondu favorablement à la requête du procureur de la République. L’action judiciaire contre le député-maire de Dakar peut se poursuivre sans anicroches, d’autant plus qu’il ne bénéficie plus d’aucune protection judiciaire. Lors de la séance plénière de ce samedi 25 novembre, la majorité et l’opposition ne se sont pas fait de cadeaux. Les débats étaient carrément houleux, ponctués d’attaques et de huées. Une ambiance indescriptible. Par moment , l’hémicycle avait des allures d’une tour de Babel. Les députés ne voulant pas s’écouter les uns, des autres
Le président de l’institution, Moustapha Niasse- à qui revient la police des débats s’est à plusieurs reprises employé à rappeler le règlement intérieur en matière de prise de parole. Mais rien n’y fit. Les perturbations des députés à l’endroit de leurs collègues qui se sont succédés à la tribune ont continué de plus belle.
Après la lecture du rapport de 11 pages de la commission Ad-hoc par le rapporteur, Seydou Diouf, député de Benno Bokk Yakaar, les élus de l’opposition comme Aïda Mbodji se sont levés pour exiger «l’ajournement des débats» au motif que rien n’a été fait pour permettre au mis en cause de se défendre, en étant libre de ses mouvements. Ils vont se heurter au refus catégorique du président de l’Assemblée nationale sur la base des dispositions du «règlement intérieur ».
Le président de la commission Ad-hoc, Aymèrou Gningue prendra la parole dans un concert de huées des députés non-inscrits et ceux du groupe «Liberté-démocratie ». Il parviendra à se faire entendre dans le brouhaha. « Le débat ne peut pas être ajourné puisque la commission à déjà fait sa conclusion», a-t-il assuré. C’est dans un vacarme ambiant que le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall s’est adressé aux députés de la 13e législature. D’après lui, la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall ne veut nullement dire qu’il est «coupable» et ne remet pas en cause «sa présomption d’innocence. De l’avis du ministre cette procédure ouvre «la voie à la tenue d’un procès équitable». Le vote de la levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall a laissé un goût amer aux députés de l’opposition. Dernier à s’adresser à ses collègues, Cheikh Bamba Dièye n’a pu contenir sa colère. «J’ai l’impression que le combat pour la démocratie, mené par le Sénégal, vient d’être écrasé et piétiné. À quoi nous servent nos lois ? À quoi nous sert la séparation des pouvoirs ? Si un citoyen dans ce pays ne peut même pas faire valoir son droit élémentaire à une défense», s’est-il interrogé. Avant de rappeler que ce qui s’est passé, ce samedi, à l’Assemblée nationale est une machination politique dont a été victime entre 2007 et 2008, Macky Sall, à l’époque président de l’Assemblée nationale. «Macky Sall, président de l’Assemblée nationale, lorsqu’il a été victime d’injustice, m’a appelé dans son bureau pour me demander de le soutenir. Je lui ai dit que tu n’as même pas à m’appeler. Parce que le seul sentiment de te savoir dans la vérité suffit que je vienne à tes côtés. Cela avec beaucoup d’autres collègues, on s’est battu pour lui», s’est-il souvenu du haut de la tribune de l’Assemblée nationale. Au finish, par une majorité écrasante de 125 députés contre 23 contre, l’Assemblée a levé l’immunité parlementaire de Khalifa Sall. Le maire de Dakar ira en procès bientôt.
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