CHEIKH BAMBA DIEYE, FSD-BJ : « Le dialogue national est une duperie »
Après avoir déclaré urbi et orbi son refus catégorique de participer au dialogue national, le patron du FSD-BJ s’est fendu d’un communiqué pour flétrir davantage la concertation nationale à laquelle appelle Macky Sall. Pour l’ancien ministre, le dialogue est du « saupoudrage » pour réaménager avec l’assentiment d’une partie de la classe politique le calendrier électoral pour offrir à Macky Sall des années de pouvoir sans compétitions électorales.
« (…) Tout en restant attentifs aux moindres sollicitations du peuple sénégalais à qui nous vouons de manière absolue notre combat, nous ne participerons pas, malgré le respect que nous avons pour chaque acteur de la vie nationale, à cette duperie appelée pompeusement, dialogue national », écrit dans un communiqué parvenu à Toutinfo, le Secrétaire général du FSD-BJ, Cheikh Bamba Dièye.
Pour justifier sa position de refus de prendre part au dialogue, il ne manque pas d’arguments. « Durant les six dernières années, les faits et gestes du pouvoir ont divisé le pays en deux groupes que tout oppose. La seule volonté de dialoguer ne suffit pas pour cacher la profondeur du mal-être que nous vivons. Elle ne saurait non plus justifier la tentation de classer par perte et profits toutes les conséquences des dérives qui nous ont menés à cette situation.Pour gagner des élections, la dignité, l’honneur et l’intégrité physique de citoyens remarquables ont été bafoués en violation de la loi avec la complicité d’institutions et d’hommes défaillants », tient-il à rappeler.
Avant de mettre en garde l’opposition, en ces termes : « Il ne faut pas que le choix de personnalités au-dessus de tout soupçon pour piloter le supposé dialogue national soit l’arbre qui cache la forêt. Ce n’est que du saupoudrage ».
Pis encore Cheikh Bamba Dièye soupçonne que le dialogue national est un prétexte pour le président de la République de se donner un temps de répit électoral.« Il faudra aller au-delà de cet écran de fumée pour comprendre qu’il s’agit ni plus ni moins pour le pouvoir de réaménager avec l’assentiment d’une partie de la classe politique le calendrier électoral pour offrir à Macky Sall des années de pouvoir sans compétitions électorales », accuse l’ancien maire de St-Louis.
Il estime que la priorité est ailleurs. « Nos priorités ne sont pas seulement dans la recherche d’un modus operandi pour calmer les velléités protestataires des uns et des autres. Elles se trouvent au niveau du droit du citoyen à avoir un travail décent, de son droit à accéder au mieux-être, à la protection de sa personne et de ses biens, à vivre en sécurité », écrit le député de la coalition Taxawu Sénégal.
Par ailleurs, le patron du FSD-BJ n’a pas manqué de faire un rappel historique de concertations nationales commes les Assises nationales dont les conclusions ont été rangées dans les terroirs. « La suite réservée par le pouvoir aux conclusions de travaux censés refléter un consensus national et salués par toutes les forces vives de la nation, devrait inciter l’opposition à plus de prudence, de réserve et de mesure. Nous ne devons plus accepter d’être des faire-valoir chargés de légitimer une instrumentalisation de la démocratie sénégalaise et une forfaiture par un pouvoir qui n’a de préoccupation que ses intérêts politiciens », insiste M. Dièye.
D’après lui, plus qu’une énième réédition d’un appel au dialogue le Sénégal, à la croisée des chemins et meurtri par le drame humain, économique et politique que nous vivons, a besoin de l’effectivité de l’Etat de droit à travers des institutions solides qui fonctionnent et une application stricte sans discrimination de la loi qui assure l’équilibre et l’équité dans les rapports entre les groupes et les individus.
« Le dialogue, aussi intéressant soit-il, a besoin, pour être efficace, d’intervenir dans un environ ou la loi, et seulement la loi, au-dessus tous s’applique à tout le monde. Si la volonté de partir d’un consensus et d’être inclusive était de mise, les conclusions des assises ne seraient pas jetées aux orties par ses propres initiateurs, majoritaires aujourd’hui dans Benno Bokk Yakaar », croit-il savoir.
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