ActualitéAfriqueHi-TechInternationalJusticePolitiqueSécuritéSociété

ABDOULAYE BALDE, ANCIEN MINISTRE DES FORCES ARMEES: «Il y a des cellules terroristes dormantesau sénégal depuis 30 ans…»

Le Sénégal à l’instar des pays de la bande du Sahel n’est pas à l’abri du terrorisme. Le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé a fait des révélations hier lors de la présentation du livre du journaliste, Mouth Bane sur « Le crime organisé dans le Sahel ». L’ancien ministre des Forces Armées révèle l’existence de cellules terroristes dormantes au Sénégal depuis une trentaine d’années.

Abdoulaye Baldé a enfilé hier sa tenue de flic pour faire une revue de la situation du terrorisme dans la sous-région et les limites des forces de défense et de sécurité. Le maire Ziguinchora fait des révélations sur la présence de cellules terroristes au Sénégal depuis une trentaine d’années. «J’ai entendu certains dire qu’il n’y a pas de cellules au Sénégal. Bien sûr, il y a des cellules dormantes au Sénégal et qui existent depuis 30 ans, qui, fort heureusement sont bien surveillées. D’où la combinaison des deux méthodes. C’est vrai qu’il faut utiliser l’internet pour surveiller les cellules, mais il faut aussi des hommes puisqu’il faut un homme pour commander la machine», a expliqué Abdoulaye Baldé lors de la cérémonie de présentation du livre de Mamadou Mouth Bane sur « Le Crime organisé dans le Sahel» hier. Abdoulaye Baldé a étayé son propos en rappelant le passage de terroristes au Sénégal à quelques jours du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). Il fallait gérer avec tact la présence de djihadistes au Sénégal pour ne gâcher le sommet, dit-il. «Je peux donner quelques exemples, parce que j’ai eu la chance d’être des deux côtés. Quand il s’est agi d’organiser le sommet de l’Oci, il y avait une attaque terroriste en Mauritanie et ils sont venus au Sénégal. Nous les avons suivis depuis Rosso Mauritanie. Nous avions utilisé l’internet pour les localiser parce qu’ils utilisaient le téléphone et ils ont changé de puces dès qu’ils sont entrés au Sénégal. L’intervention de Rosso ne nous a pas permis de les arrêter. Ils sont arrivés à Dakar où ils ont séjourné pendant quelques jours», renseigne l’ancien ministre des Forces Armées du président Abdoulaye Wade. Selon M. Baldé, il était risqué de les arrêter à Dakar.«On était à quelque jours du sommet de l’Oci, et s’ils étaient arrêtés à Dakar, c’en était fini pour le sommet de l’Oci. Donc, on les a surveillés. Ils sont allés à Kaolack, à Ziguinchor avant de rentrer à Bissau où on les a arrêtés. Donc il faut combiner l’utilisation de l’internet et la formation des hommes», suggère le commissaire de Police devenu Inspecteur général d’Etat.

DES PROBLÉMES DEMOYENS, DE FORMATION DES HOMMES, DE REBSEIGNEMENT ET D’INTRERCONNEXION DES FORCES DE DÉFENSE

Il se demande s’il y a des politiques de préventions et si ces dernières peuvent être étendues au niveau national contre tenu de la complexité du terrorisme. «Lorsque j’étais ministre des Forces Armées, il y avait le passage de beaucoup de cellules terroristes à la zone jonction des trois frontières : le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. C’est une zone de passage de terroristes qui utilisaient déjà des téléphones satellitaires alors que nous avions des moyens rudimentaires pour les écouter», confie Abdoulaye Baldé. Ce n’est pas une surprise que le Mali soit aujourd’hui le repaire de terroristes. Puisque d’après Abdoulaye Baldé tous les mouvements de terroristes entre les trois frontières se dirigeaient vers le Mali. Le président Abdoulaye Wade avait pris alors des initiatives de prévention qui ont été capotées par l’animosité d’alors entre la Mauritanie et le Mali. « Le président Wade m’avait demandé d’aller voir les présidents mauritanien et malien pour mettre en place une unité de renseignement, mais aussi une force de dissuasion. On n’avait pas pu le faire parce qu’il y avait en ce moment une certaine animosité entre la Mauritanie et le Mali», explique-t-il. Selon Abdoulaye Baldé les pays sont confrontés à des problèmes de moyens, de formation des hommes, d’organisation, de renseignement et d’interconnexion des forces de défense.

( Ousseynou BALDE avec Toutinfo.net )