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DEBOUTE PAR LA CEDEAO: Karim Wade saisit l’Onu

Débouté hier, lundi 4 mars, par la Cour de justice de la Cedeao sur sa candidature à l’élection présidentielle, devenue caduque, l’ancien Ministre Karim Wade a immédiatement saisi le Comité des droits de l’homme des Nations Unies pour faire rétablir son droit fondamental de participer librement à la direction des affaires publiques de son pays.

L’ancien Ministre Karim Wade, sous le coup d’une condamnation par la Crei et dont la candidature à l’élection présentielle du 24 Février dernier a été rejetée par le Conseil Constitutionnel, a aussi perdu la bataille judiciaire devant la Cour de Justice de la Cedeao. La juridiction sous régionale qui a rendu sa décision hier, lundi 4 mars, l’a tout bonnement débouté. Dans un communiqué, ses avocats Mes Michel Boyon, Ciré Clédor Ly, Demba Ciré Bathily et Mohamed Seydou Diagne précisent que la cour s’est abstenue «de constater et de sanctionner les graves violations des droits du candidat Karim Wade d’être électeur et éligible à l’élection présidentielle du Sénégal du 24 février. Bien qu’ayant été saisie dès le mois de novembre 2018 par une procédure d’urgence, la Cour n’a pas statué avant le premier tour de l’élection, ce qui prive de tout objet l’arrêt qu’elle vient de rendre. Cet arrêt est, d’ailleurs, en contradiction flagrante avec les décisions de justice internationale, qui ont déjà condamné les atteintes portées aux droits fondamentaux de Karim Wade par l’État du Sénégal ». Le Collectif des  avocats de Karim Wade a aussi rappelé que le Comité des droits de l’homme des Nations Unies vient de juger que la condamnation prononcée par la Crei contre Karim Wade avait violé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui s’impose au Sénégal. Leur client est plus que jamais déterminé à lutter contre «l’arbitraire et l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques». MeOUSMANe SeYe : «LA SAISINe DU COMITe DeS NATIONS UNIeS Ne CHANGeRA RIeN…» Joint au téléphone, un des conseils de l’Etat du Sénégal, Me Ousmane Sèye, estime qu’Abuja a rendu une excellente décision. Il espère que le camp d’en face ne dira pas que ces magistrats sont corrompus. Ses conseils, rappelle Me Sèye, avaient demandé à la cour de dire que le droit de Karim Wade a été violé, que le refus de son inscription sur les listes électorales n’est pas fondé en droit.Dans ses motivations, la Cour a estimé que les modifications apportées au Code électoral du Sénégal sont conformes à la Constitution. (Selon ses partisans, l’article 50 visait à éliminer Karim Wade). Elle a ajouté que toutes les modifications ont une portée générale et n’ont pas été faites au détriment du requérant. Selon Abuja, poursuit Me Sèye, aucun droit de Karim Wade n’a été violé. La cour a aussi estimé que la décision du Tribunal d’instance hors classe de Dakar, qui s’est prononcé sur le refus de l’autorisation administrative d’inscrire Karim Wade sur les listes électorales, est fondée en droit. Ce qui fait dire à Me Sèye qu’à la place du Tribunal d’instance hors classe de Dakar, Karim Wade devait saisir l’ambassade du Koweit. Par ailleurs, souligne l’avocat, la Cedeao a donné raison à la Sour Suprême du Sénégal qui a rejeté le recours fait pas Karim Wade contre la décision du Tribunal d’instance hors classe de Dakar. Sur la saisine du Comité des Nations Unies, Me Sèye rétorque que l’instance, qui n’est pas une juridiction, ne peut faire que des recommandations. «Il peut saisir l’Assemblée Générale des Nations Unies, cela ne changera rien à la justesse des décisions rendues par les juridictions sénégalaises».

( Hadja Diaw GAYE )