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5E EDITION DE GUEDIAWAYE BY RAP Le président de Guédiawaye Hip-Hop célèbre Sarenzo

Le défunt rappeur du groupe Be One X, Malick Sarr alias Sarenzo, a été «célébré» par son compagnon de lutte Malal Talla, lors de la conférence de presse tenue dans le cadre de la 5e édition du festival «Guédiawaye by Rap ». Face à la presse, Fou Malade est revenu sur le parcours du fondateur de Guédiawaye Hip-Hop et son combat pour les jeunes de la localité.

A l’occasion de la 5e édition dufestival «Guédiawaye by Rap» qui se tient 22 au 29 décembre, une conférence de presse a été organisée, avant-hier (lundi 24 décembre) par le président de Guédiawaye Hip-Hop (GHH) MalalTalla. Ce dernier est revenu sur les raisons de ce rendez-vous culturel avant de rendre hommage au fondateur de Guédiawaye Hip-Hop, le défunt rappeur du groupe B.OneX, Malick Sarr alias Sarenzo, arraché à l’affection des siens suite à un accident de la circulation. Devant l’assistance composée de plusieurs artistes du mouvement Hip-Hop, des parents et proches du défunt, le témoignage de Malal Talla a retenti comme une oraison funèbre et plongé l’assistance dans une grosse émotion. C’est dans cette ambiance chargée d’émotion que l’interprète de«Fou Malade» est revenu sur ses relations avec le défunt Sarenzo. C’est par une nuit de novembre 2010, se rappelle-t-il, que Malick Sarr s’est présenté chez lui à la Cité Sofraco. La visite était inattendue d’autant plus que dans un passé récent, la rude concurrence entre leurs deux groupes de Rap dans la banlieue avait fini par déteindre sur leurs relations personnelles. Cette visite coïncidait également avec une période difficile que traversait Malal Talla, alias Fou Malade. Il soutient qu’au lendemain du succès retentissant de son premier album, il a connu la descente aux enfers et a été abandonné par certains de ses compagnons. C’est durant cette période de doute et de repli sur soi que Sarenzo est apparu dans sa vie. «Nous sommes tes jeunes frères et il faut que tu nous accompagnes dans le travail. Il est temps qu’on réalise quelque chose pour les jeunes de Guédiawaye, à l’image de Matador avec Afrique culture urbaine. Nous nous sommes assez bagarrés et le tiraillement est inutile», avait déclaré Sarenzo. Ces propos sincères ont convaincu Fou Malade. Ainsi dès le lendemain, sont-ils allés voir le directeur du Foyer de Wakhinane Nimzatt Oumar Niasse qui a mis l’espace à leur disposition. Ce, en dépit, des mauvaises langues qui faisaient circuler que les rappeurs sont des fumeurs de chanvre indien. Conscients des clichés qui leur collent à la peau, les anciens ennemis devenus des compagnons ont donné forme à leur engagement pour leurs jeunes frères. «Nous devons nourrir le futur», faisait remarquer Sarenzo. Des mots qui sont devenus aujourd’hui, indique Malal Talla, un concept au sein de Guédiawaye Hip-hop. «Je n’ai jamais rencontré une personne aussi dévouée que Malick Sarr alias Sarenzo. Si l’onse fie à son apparence loufoque,on risque de se tromper. C’est en le côtoyant qu’on découvre la dimension de l’homme».

LES DERNIÈRES VOLONTÉS DE SARENZO Comme des signes prémonitoiresà sa mort, Sarenzo avait confié à Malal qu’il était trop attaché à sesenfants. «J’aime beaucoup mes enfants, Aziz et Maya, et je ne saissi je pourrai faire quelque chose pour eux dans l’avenir », s’interrogeait-il avant d’ajouter : «heureusement que tu es là». Il a également demandé à Malal Talla s’il était toujours dans la dynamique d’accompagner et d’encadrer ses jeunes frères de Guédiawaye. De retour de France, il a indiqué qu’il voulait s’assurer que les deux membres de son groupe étaient bien installés et son ultime souhait était d’aider un autre membre de B.One X à faireses valises. Ce qui fait à Fou Malade que Malick Sarr était un altruiste qui n’existait que pour les autres. «Il était debout pour son. quartier, il était debout pour sa communauté. C’était un homme bon et attaché aux valeurs de la République, avec un engagement sans commune mesure. Chez Malick Sarr, le «je» était haïssable. Même dans ses interviews les plus spontanées, il n’utilisait jamais la 1ère personne du singulier», indique son compagnon. Aujourd’hui, lance Malal Talla, l’on peut s’enorgueillir d’avoir Guédiawaye Hip-Hop grâce à l’esprit fédérateur de Malick Sarr. Si un tel projet n’avait pas vu le jour dans Guédiawaye, indique le rappeur,on assisterait à une recrudescence de la délinquance et de la violence.«Notre devoir, c’est de préserver le legs de Malick Sarr Sarenzo. Sonrêve était de faire de Guédiawayela Ville la plus verte du Sénégal ; c’est pourquoi il a beaucoup souffert de l’abattage des filaos. Il était debout, jovial, une personne utile», témoigne Fou Malade qui, à la place des larmes et des sanglots, a décidé de célébrer son compagnon de lutte. «Je ne veux plus pleurer quand je pense à Malick ; j’ai plutôt envie de planter des arbres, de ramasser des ordures dans mon quartier pour le célébrer. Dans le foyer de Wakhinnane Nimzatt, sa fresque trône majestueusement aux côtés de celles de Cheikh Anta Diop et de Nelson Mandela. Un choix quin’est pas fortuit. A en croire Malal Talla, le défunt rappeur transmettait les mêmes valeurs que ces il-lustres figures de l’Afrique. Leprésident de Guédiawaye Hip-Hop s’est par ailleurs félicité du soutien de la Ville de Guédiawayequi a pris en charge les trois concerts, du 27 au 29, en débour-sant près de dix millions FCFA.Seulement ce soutien, précise-t-il,n’est adossé à aucune contrepar-tie. «La Mairie n’est pas une insti-tution d’un parti politique mais dela République. Le maire a compris que ce festival est important pourla Ville de Guédiawaye en termes de sensibilisation, d’animation et d’ouverture pour lutter contre l’extrémisme violent, l’émigration irrégulière, la radicalisation, lechômage, etc», affirme Malal Talla.

( Moussa CISS avec Toutinfo.net )