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Burkina faso : Le général Diendéré nie être le cerveau du putsch de 2015

Il est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, trahison et meurtre, lors de ces événements qui ont fait 14 morts et 270 blessés.

Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères sous l’ex-président Blaise Compaoré, également présent au procès.

A la barre, le général, âgé de 60 ans, qui fut le chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, a raconté sa version du putsch.

« Des personnels du RSP ont fait irruption dans la salle du conseil des ministres, interpellant des responsables dont le président de la transition, le Premier ministre et deux autres membres du gouvernement qui ont ensuite été internés dans la résidence du palais (présidentiel) de Kossyam », a détaillé Gilbert Diendéré.

Une tentative de médiation menée par un ancien président et un cardinal ayant échoué devant « l’intransigeance des soldats », et l’armée refusant « d’assumer » le pustch, « je me suis trouvé obligé de prendre les devants bien que n’ayant pas été au début » du mouvement, s’est justifié Gilbert Diendéré.

« Nulle part dans le dossier d’instruction il n’est ressorti clairement qu’il est l’auteur des événements du 16 septembre », a estimé devant des journalistes Me Mathieu Somé, un des avocats du général, lors d’une suspension d’audience.

Le général incriminé

En revanche pour le porte-parole de l’association des blessés de l’insurrection populaire, Tamboura Adams, la responsabilité du général Diendéré ne fait aucun doute: «Nous ne croyons pas à ce qu’il dit car le peuple burkinabé sait qu’il était l’alpha et l’oméga du RSP ».

La tentative de putsch avait accentué la fracture au sein de la société burkinabè. Devant l’affluence du public, l’audience a été suspendue dans la matinée pour disposer davantage de chaises dans la salle. Comme depuis le début du procès, un important dispositif sécuritaire était déployé autour du tribunal militaire délocalisé à Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale burkinabè.

Au cours des audiences précédentes, plusieurs militaires, également jugés, ont incriminé le général Diendéré.

« Même si l’armée n’a pas assumé le coup d’État, elle a accompagné le mouvement », avait déclaré le général le 12 novembre le colonel Boureima Kéré, chef d’état-major particulier auprès de la présidence au moment du putsch.

Lors d’une réunion avec la hiérarchie militaire au ministère de la Défense, le général Diendéré avait menacé ceux qui s’opposeraient au putsch d’être « considérés comme des ennemis et traités comme tel », selon le colonel Kéré.

Le 9 juillet, l’adjudant-chef major Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch manqué, avait déclaré devant le tribunal avoir agi sur instruction « indirecte » du général Diendéré, précisant que ce dernier avait « instruit de procéder à l’arrestation des autorités de la transition ».

Le 4 juillet, l’adjudant Jean-Florent Nion, membre du commando qui a arrêté les autorités du régime de transition, avait également incriminé le général Diendéré comme le donneur d’ordres du coup d’Etat.