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DISPARITION DE BRUNO: Deux semaines après, il es parti, laissant au Président Macky Sall ses quatre P : son Palais, son Protocole, son Parti et son Peuple

Toutes les femmes du monde rêvent d’avoir, de la part de leurs maris, ce que Dame République eût de Bruno Diatta: un engagement et un attachement fidèles, constants et jusqu’au bout.
Fidélité car il a servi le Président, comme un Ministre chef de protocole, devait le faire: professionnalisme et légalité. Le sentimentalisme ancré dans nos gènes, le larbinisme ou le béni-oui-oui qui attestent de notre sous développement mental n’avaient de prise dans l’exécution de ses tâches. Bruno fait partie de cette si rare race de Sénégalais qui sait qu’on ne sert pas une personne, un parti ou une poche, mais une Patrie. Une rare race dont le comportement citoyen prouve que la Loi seule doit guider l’action et l’interaction, comme dirait le philosophe franco-suisse, Jean-Jacques Rousseau : « obéir à la loi et n’obéir qu’àlaloi;etparlaforcedelaloi, n’obéir à personne ». Sa vie nous donne cette leçon, mieux, ce modèle sans faille : ne jamais, dans l’exercice d’une fonction, se comporter comme ceux que Aimé Césaire, Césaire l’aimé, qualifie, avec mépris et humour, de « les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance ». Bruno était aussi un cas de constance. Car depuis qu’il s’est amouraché de l’État, en 1979, Bruno n’a jamais fait autre chose qu’être chef de protocole du Président. Sois fier et honoré, toi Bruno, qui ne t’es jamais saoulé de notre opium ou nectar bien sénéga- lais : transhumance, démission, radiation. En un mot, cet opium du
deal politico-étatico-religieux. Bruno était un beau cas de jusqu’au- boutiste. Né Sénégalais, servir le Sénégal, mort au Sénégal.
En 1980, Senghor partit en France pour devenir académicien, mais Bruno resta. En 2000, Diouf partit en France pour travailler au rayon- nement de la langue du maître. Bruno, en dépit de 20 ans de service, resta. En 2012, Wade rentra à Versailles et lutte pour réaliser son ultime rêve : revenir au pouvoir indirectement par le biais de son bien-aimé fils. Bruno, nonobstant l’âge qui fait couler sa glace dans ses nerfs, resta toujours. Maintenant, il est parti, laissant au Président Macky Sall ses quatre P : son Palais, son Protocole, son Parti et son Peuple. A ce peuple dont il est le fils fidèle et constant jusqu’à la fin, Bruno a prouvé qu’il est très possible et fort mieux d’être un professionnel, endurant et légaliste dans son travail. L’Aprophise lui rend hommage en rappelant au peuple sénégalais, aux frères africains et à tout humain, cette leçon de Socrate, il y’a plus de deux mille ans :«Ce ne sont pas les richesses qui donnent la vertu, c’est au contraire de la vertu que proviennent toutes les richesses, aussi bien celles valables pour les individus que celles valables pour les États ». La carrière de Bruno fut un éclatant modèle de vertu républicaine. Ne devrionsnous pas, en dignes héritiers de Bruno, intensifier et réinventer la vertu républicaine ?

 

( Toutinfo.net avec Association des Professeurs de Philosophie du sénégal )