MME DIARRA DIOUF 15 ANS: «il y avait 150 passagers dont 7 filles dans la pirogue »
Ces dernières semaines, le jours au chômage. Mais en phénomène de l’émigration clandestine s’est beaucoup amplifié à travers le départ de beaucoup de jeunes parmi lesquels des filles et des mineurs de 15 ans. Conseiller municipal à la commune de Cayar, Mbaye Niang trouve difficile d’annoncer un chiffre en ce qui concerne le nombre de jeunes touchés par l’émigration. Il estime que des jeunes de Cayar sont en train d’errer au Maroc tandis que d’autres vivent le calvaire en Espagne. Ils n’ont plus un sou pour rentrer au bercail. Et chaque semaine, des rapatriements sont effectués sans tambours ni trompettes. Le plus grave, dit-il, c’est que le phénomène emballe de plus en plus les filles mineures, notamment des élèves du Collège d’Enseignement Moyen (CEM) de Cayar, qui abandonnent parfois leurs études pour tenter cette aventure périlleuse. C’est le cas de Mame Diarra Diouf âgée de 15 ans. Nourrissant toujours le rêve de rejoindre l’Eldorado espagnol, elle a quitté en pleine scolaire la classe de quatrième, pour aller à l’aventure et s’arrêter au Détroit de Gibraltar. Dans la pirogue qui a pris le départ, se souvient-elle, « il y avait plus de 150 passagers dont 7 filles. Après 4 jours de voyage, nous sommes arrivés au Détroit de Gibraltar et c’est là que des intempéries nous ont obligés à rebrousser chemin. C’est la marine de la Mauritanie qui nous a recueillis pour nous convoyer à Nouakchott. De là, nos parents nous ont envoyé de l’argent pour payer le prix du transport pour le retour. C’est ma mère qui avait déboursé 250.000 Fcfa pour me payer le transport. J’ai tenté cette aventure parce qu’il n’y avait aucune perspective en ce qui concerne mon avenir, car mes frères qui ont le Baccalauréat, sont tou-
octobre, je compte reprendre les cours si c’est encore possible, pour poursuivre mes études». Seynabou Ndiaye célibataire, est dans le même cas. C’est parce qu’elle voulait aider ses parents qu’elle avait décidé d’emprunter le chemin de l’aventure. Pour sa part Ousseynou Kâ de Keur Abdou Ndoye explique qu’il est arrivé à destination en Espagne après 10 jours de traversée de l’océan dont 2 jours sans boire ni manger, les réserves étant complètement épuisées. Mais après deux mois de séjour, il a été rapatrié sans aucun sou. Rien que ces dernières semaines, quatre décès ont été recensés à Cayar. Il s’agit de Birame Sow dit Ndama du village de Mbawane, Abo Ka, qui a péri en mer à la suite d’une explosion suivie d’un incendie dans la pirogue mais également Saliou Drame qui est décédé aux larges de Gandiol dans la région de Saint-Louis, et Bacary Coly rappelé à Dieu au Maroc. Selon Mbaye Niang, les jeunes qui empruntent le chemin de l’émigration clandestine le font dans l’espoir de se créer suffisamment de richesses en Europe, mais au contraire, ils accentuent leur état de pauvreté. «Car beaucoup d’entre eux vendent parfois leur outil de travail et leur matériel pour aller à l’aventure. Pour les filles, c’est en général les mamans qui vendent leurs bijoux pour leur procurer le titre de transport, dans l’espoir de recevoir en retour la plus-value. Malheureusement au-delà de l’échec et du retour dans le dénuement total, beaucoup de jeunes reviennent au terroir dans un cercueil», affirme-t-il en soutenant que la meilleure alternative constitue la formation professionnelle pour les jeunes afin de tirer profit de tous les secteurs d’activités économiques.
( Toutinfo.net )