« Ceux qui ont occupé des postes de responsabilité publique et géré des budgets ne doivent pas refuser qu’on leur demande des comptes » (Zahra Iyane Thiam)
L’ancienne ministre de la Microfinance, Zahra Iyane Thiam, membre du parti « La Nouvelle Responsabilité », a exprimé ses réserves concernant la gestion actuelle des dossiers de reddition des comptes lors de son passage dans l’émission « Face au Jury » diffusée sur PressAfrik TV ce dimanche. Son intervention a particulièrement porté sur les aspects politico-judiciaires de cette question sensible.
La personnalité politique a clairement affirmé son attachement au principe de redevabilité, tout en pointant du doigt ce qu’elle considère comme des dérives dans la mise en œuvre pratique. « Ceux qui ont occupé des postes de responsabilité publique et géré des budgets ne doivent pas refuser qu’on leur demande des comptes », a-t-elle déclaré, reconnaissant ainsi la légitimité du processus de contrôle.
Cependant, Mme Thiam a émis des réserves sur les modalités d’application. « Si chaque nouveau régime doit commencer par la reddition des comptes de ses prédécesseurs, le Sénégal n’ira pas loin dans son développement », a-t-elle estimé, plaidant pour une approche plus systémique et moins personnalisée de la justice financière. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité d’appliquer les règles de manière égale, « qu’on soit au pouvoir ou dans l’opposition ».
L’ancienne ministre a illustré son propos en évoquant le cas de l’opérateur économique Moustapha Ndiaye, dont l’arrestation puis la libération récente ont marqué les esprits. Cet exemple lui a permis de démontrer que le secteur privé n’échappait pas non plus à cette dynamique de contrôle, tout en soulignant les possibles excès dans leur traitement médiatique.
Le cœur de sa critique a porté sur ce qu’elle a qualifié de « spectacularisation » des procédures judiciaires. « Lorsqu’on expose systématiquement les gardiens du temple : le Président de la République, le gouvernement, les institutions, devant le monde entier en les présentant comme des corrupteurs ou des corrompus, c’est l’image de tout le pays qui en pâtit », a-t-elle déploré.
Selon l’ancienne ministre, cette approche présente un double danger. D’une part, elle porterait atteinte à la réputation internationale du Sénégal, avec des conséquences potentielles sur les investissements étrangers. D’autre part, elle ralentirait le développement économique en créant un climat de défiance et d’instabilité institutionnelle.
En conclusion de son intervention, Zahra Iyane Thiam a appelé à une réflexion approfondie sur les modalités de la reddition des comptes. Elle a plaidé pour un équilibre entre la nécessaire transparence dans la gestion publique et le respect des institutions.