JusticeSantéSécurité

TENTATIVE D’AVORTEMENT ET CORRUPTION Les prévenus vendaient des médicaments pour interrompre une grossesse ou pour recouvrer la virginité

Baboucar Diédhiou, Saliou Khouma et Libasse Diaw très actifs sur la vente en ligne, proposent du Cytotec et d’autres produits pour l’avortement et se refaire un hymen. Malheureusement, cela ne leur a pas porté bonheur. Car, ils ont été attraits hier, pour exercice illégal de la pharmacie, usurpation de fonction, provocation à l’avortement et corruption. Les prévenus ris- quent des peines allant de 6 à 3 mois de prison ferme. L’affaire sera vidée le 10 septembre prochain.

Au scandale de femme chic sur Facebook, vient s’ajouter celui de la vente en ligne de «vend tout». Ces jeunes qui excellent dans la vente des médicaments font le buzz sur la toile. Ils vendent des produits pour avortement et pour aider les jeunes filles à recouvrer leur hymen perdu. Boubacar Diédhiou, un étudiant en transport logistique âgé de 33 ans, pour se faire une clientèle a lancé sur sa page Facebook la vente du médicament Cytotec, destiné à interrompre volontaire une grossesse et à recouvrir l’hymen. Mais mal lui en a pris car les réseaux sociaux font l’objet d’une surveillance très strict. Quand les enquêteurs de la Brigade des mœurs ont vu le post circulé, ils ont procédé à son interpellation. Boubacar Diédhiou a été ainsi arrêté en possession de 5 comprimés du produit produit prohibé. Pris la main dans le sac, il n’a pas cherché à travestir la vérité. Il dit avoir acheté ce médicament auprès de Saliou Khouma pour le compte d’une ex-copine enceinte. Et c’est après qu’il a décidé de
faire du business dans la vente de ce médicament. Pour ces faits, Babacar Diédhiou, Saliou Khouma et Libasse Diaw ont fait face au juge des flagrants délits pour tentative d’avortement provoqué, exercice illégale de la médecine et vente illégale de produit pharmaceutique.
À la barre, l’étudiant, Boubacar Diédhiou a retourné sa veste. À l’en croire, il travaille dans une boutique de cosmétique à ses heures perdues. C’est ainsi qu’une cliente lui a suggéré de lui trouver le médicament Cytotec. «J’ai demandé à mon ami Saliou, vendeur de Jean de m’en acheter moyennant la somme de 10 mille francs». Il révélait, en outre, qu’une autre dame a encore sollicité ses services mais elle s’est désistée finalement en arguant qu’elle n’était plus enceinte. Et c’est pour ne pas perdre son argent, qu’il a fait la publicité sur Facebook afin de trouver preneur.
Pour sa défense, il dit ignorer que Cytotec est destiné à interrompre une grossesse car on a indiqué sur la feuille « qu’il soulageait l’ulcère».
Pour sa part, Libasse Diaw dira qu’il a été interpelé par les policiers alors qu’il détenait 5 comprimés Cytotec par devers lui. «J’ai acheté les médicaments auprès d’un marchand ambulant car j’avais des maux de tête. Je ne savais pas que le médicament était destiné à l’avortement. Si je le savais, je n’allais jamais l’acheter», dit-il pour se dédouaner avant d’ajouter que l’ami de son frère a tenté de le soudoyer avec la somme de 60 mille francs.

LES PRÉVENUS RIISQUENT ENTRE 3 ET 6 MOIS FERME

Dans son réquisitoire le procureur estime que les prévenus ont changé de fusil d’épaule pour leur défense. La vente de ce produit est constante du fait qu’il a été retrouvé par devers eux. «Ce médicament a pour but de faire avorter et de reconstituer l’hymen, ce qui est grave pour la société», annonce-t-il. Le parquet demande de requalifier les faits en provocation d’avortement et de condamner Libasse Diaw à 6 mois de prison ferme et ses acolytes à 3 mois de prison ferme. Prenant son contrepied, les conseils de Libasse Diaw et de Saliou Khouma ont sollicité la relaxe. Pour l’avocat du premier nommé, les enquêteurs ont fait une erreur sur la personne de son
client qui n’est ni de près ni de loin mêlé à cette histoire. «Mon client n’est coupable d’aucun délit dans cette affaire. C’est un Saloum-saloum qui a quitté son village natal pour venir gagner sa vie dignement à Dakar», plaide-t-il en demandant de le renvoyer à des fins de la poursuite sans peine ni dépens. N’ayant pas d’avocat, Boubacar Diédhiou demande la clémence. Délibéré le 10 septembre 2018 prochain.

(Bineta DIOUF  et Toutinfo.net)