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QUARANTE MORTS NOYES EN UN MOIS: Les plages de la banlieue sous surveillance

La chaleur estivale en ce début de vacances, attirent de plus en plus de monde dans les plages. Celles dont la baignade est interdite, en particulier Malibou, sis à Golf-Sud, en banlieue Dakaroise, ont enregistré une quarantaine de noyades en l’espace de moins d’un mois. De quoi sonner l’alerte rouge. Sapeurs-pompiers, forces de l’ordre, mairie et maîtres-nageurs sont sur le qui-vive.

«Commune de Golf Sud, baignade interdite», lit-on sur chaque côté d’un grand tableau à l’entrée de la plage de Malibou sise à Guédiawaye, qui a enregistré le plus grand nombre de cas de mort par noyade (une dizaine), depuis le début des vacances sco- laires. A mesure que l’on longe la plage et que se dissipe dans l’at- mosphère l’odeur du poisson grillé, le grondement des des vagues furieuses se fait plus entendre. Le sable fin et mou est jonché de nombreux tasses à jeter et des sachets d’eau vides. Nous croisons deux charretiers qui lavent des chevaux, des lutteurs qui s’entraînent. Nous tombons sur deux équipes de journalistes de télévisions privées interrogeant des baigneurs sur la hausse des cas de noyade. A cette heure, la plage commence à grouiller de monde. Des vendeurs d’eau fraîche, de «mad», de caca- houètes, jus, crème glacée et autres proposent leurs marchandises aux baigneurs. Manifestement, les affaires ne marchent  pas cet après-midi du mardi 31 juillet 2018. Et ce ne sont pas ces trois vendeuses d’eau, assises à même le sable, jambes écartées, qui vont dire le contraire ! «Aujourd’hui, c’est calme. Il n’y a pas beaucoup de monde. Il ne fait pas chaud. On ferait mieux de rentrer», propose l’une d’elles.
Une bouteille vide de 10 l posée devant elle, A. Fall, surveille ses deux petites filles comme du lait sur le feu, pendant qu’elles s’enfoncent les pieds dans le sable en rigolant. «Je suis Léboue, mais j’ai peur de l’eau. Je viens de Pikine et j’amène mes deux petites filles prendre de l’air frais. L’idée ne m’a même pas traversé l’esprit de plonger mes pieds dans l’eau, encore moins de me baigner. J’ai entendu parler des nombreux cas de mort par noyade et cela me fait flipper. Je suis venue avec une bouteille. Je vais la faire remplir d’eau de mer, une fois à la maison, tout le monde va se doucher pour se débarrasser des impuretés et conjurer les mauvais esprits », explique notre interlocutrice.

LES TABLEAUX D’INTERDICTION NE DATENT QUE DE TROIS JOURS

Assis à l’écart, El Hadji Seck, 16 ans, élève, domicilié à Camberène, habitué de la plage de Malibou, soutient que les tableaux indiquant que la baignade est interdite ont été implantés il y a trois jours. «Je n’ai jamais su que la baignade était interdite ici. Depuis que je suis au courant, je me garde d’entrer dans l’eau. Je préfère aller à Monaco plage si je veux me bai- gner», confie-t-il.
Torse nue, une jupette autour de la taille, A. Diop qui sort de l’eau, grelotte à cause de la fraîcheur qui s’installe. «Les noyades ? Oui, je suis informée, mais cela ne me fait pas peur. L’autre jour, j’ai même vu des gens sortir de l’eau en pleurant, disant que quelqu’un s’est noyé. Je ne crains rien parce que même si je sais nager, je ne vais pas loin. Je suis née ici et la mer fait partie de ma vie», dit la gamine qui n’a pas froid aux yeux. I. Seck joue a foot sur la plage. Il a été témoin de cas de noyades. «J’en ai tellement vu que cela ne me fait plus rien maintenant. Parfois, je vois quelqu’un soule- ver la main très loin, en signe d’appel au secours mais je ne bouge pas. Si je vais le secourir, je ne surviverai pas moi aussi. Cette plage est dangereuse. Il m’arrive d’avertir des baigneurs de ne pas s’éloigner mais ils s’obstinent, alors je les laisse faire ce qu’ils veulent», explique-t-il avec un brin d’insensibilité.

LES PLAGES AUTORISÉES À DAKAR

Ile de Gorée, Kussum, Anse Bernard, Plage des Enfants, Terrou Baye Sogui, Cour de Cassation, Terrou Bi, Piscine Mermeoz, Ouakam, Almadies II ? Ngor, Ile de Ngor, Yoff, Camberène, Diokoul hauteur cimetière Rufisque, Ndépé, une partie de la plage du Cap des Biches.
LES PLAGES INTErDITES à DAKAr
Institut Pasteur, Lat-Dior, Soumbédioune, Université, Mermoz, Mamelles, Almadies, le Virage, Hann, Parcelles Assainies Unités 10, 15 et 19, Guédiawaye, Malika, Rufisque (Thiawlène, Diokoul Kaw, Thiawlène après l’ex-usine Bata, Cap des biches, Mbao à Diokoul Kaw Bargny, Minam).

 

( Hadja Diaw GAYE et Toutinfo.net )