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LA CHRONIQUE DE MLD: Serigne Mboup et Dangote : même combat. Par Mamadou Lamine DIATTA

Au moment où le limogeage du Directeur Général de l’ONAS occupe les devants de l’actualité médiatique et des réseaux sociaux, la relance de l’usine textile Domitexka par le repreneur-homme d’affaires Serigne Mboup est passée quasiment inaperçue.
Pourtant cette bonne nouvelle apporte du baume au cœur de tous les croisés de l’industrialisation massive du Sénégal. L’avantage du secteur secondaire c’est surtout l’effet de levier qu’il exerce sur le secteur primaire et les services. Mieux, l’industrie est un domaine transversal pourvoyeur d’emplois massifs et de valeur ajoutée donc de richesses. A titre d’exemple, le domaine industriel de Kahone (Domitexca new-look) va générer 500 nouveaux emplois et 2000 emplois dans les deux prochaines années lorsque le Business atteindra sa vitesse de croisière.
La relance de la production textile donnera un coup de fouet à la synergie stratégique entre l’agriculture et l’industrie pour un renforcement de la chaîne de valeur du coton.
Cela dit, il faudrait féliciter et surtout protéger cette icône du secteur privé national, l’investisseur Serigne Mboup en l’occurrence. Il a eu l’ingénieuse idée de convaincre la coopération technique allemande (GIZ) d’allonger une subvention de 3,2 milliards cfa en sus d’une ligne de crédit de 2 milliards fr cfa acquise auprès de la banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce(BSIC).
Le Sénégal doit désormais apprendre à mieux couver ses champions économiques surtout que parmi les raisons de l’échec de la première expérience Domitexca figure en bonne place la féroce et déloyale concurrence des produits textiles asiatiques sans oublier la friperie en provenance d’Europe.
Un pays doit protéger et accompagner les opérateurs économiques locaux.Ils sont valeureux et résilients en prenant des risques au quotidien pour
créer des richesses et faire tourner la machine nationale de production.
Les États -Unis, la France dans le domaine agricole et tous les pays développés font du protectionnisme une valeur intrinsèque de leur stratégie de développement.
Le Nigeria l’a finalement compris mais mieux vaut tard que jamais car le sémillant Aliko Dangote, récemment empêtré dans de grosses difficultés à cause de la mafia mondiale des hydrocarbures et d’un État faible et lâcheur avait jusque-là toutes les peines du monde pour trouver du pétrole brut après avoir acquis à prix d’or une raffinerie.
Dans ce pays classé 2ème producteur africain de l’or noir derrière la Libye, cela faisait désordre. Le conseil exécutif fédéral a finalement donné son feu vert à la proposition du Président Tinubu et désormais le pétrole brut sera vendu à la raffinerie du groupe Dangote. Tout est bien qui finit bien d’autant qu’un sursaut nationaliste n’est jamais de trop.
Mutatis mutandis on dira in fine qu’entre Serigne Mboup et Aliko Dangote roi du ciment et du pétrole ,c’est le même combat à savoir celui de la reconnaissance, de la réhabilitation et de la protection des capitaines d’industrie en Afrique.Un combat loin d’être gagné d’avance au regard de l’influence sans cesse grandissante voire exponentielle des multinationales dans notre trajectoire économique.
Il faut savoir que l’industrie est un secteur d’activités ardu et extrêmement dépendante des chocs exogènes.
Il faut être un véritable passionné pour se lancer dans une telle activité.