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LA CHRONIQUE DE MLD: L’avertissement contre les politiciens professionnels…Par Mamadou Lamine DIATTA

Premier filtre de la présidentielle 2024, l’étape cruciale des parrainages annonce visiblement une recomposition politique en profondeur.
Il faut scruter d’emblée le profil de certains candidats admis comme Cheikh Tidiane Dièye, Déthié Fall, Boubacar Camara, Pr Daouda Ndiaye, Anta Babacar Ngom pour constater qu’ils ne sont pas des politiciens professionnels pour la plupart d’entre eux. Ce sont de hauts cadres respectables au discours structuré.
Anta Babacar est d’ailleurs cette belle surprise qui apporte une réelle fraîcheur dans l’espace public .Au-delà du fait qu’elle consolide la justesse de la parité ,cette jeune cheffe d’entreprise a fait preuve de résilience pour descendre sur le terrain en misant sur l’organisation et la méthode au risque d’être carrément gazée à Kolda par les forces de défense et de sécurité. En se confrontant aux rigueurs du terrain et en sillonnant le Sénégal des profondeurs, elle a géré cette étape cruciale des parrainages en Manager efficace et déterminé. Pour les esprits avertis, la validation de son dossier est logique car le bon vieil adage « seul le travail paie » reste plus que jamais opérant.
La qualification d’office de cette dame ressemble à s’y méprendre à un pied de nez pour des profils confirmés et chevronnés comme les anciens Premiers ministres Idrissa Seck, Abdoul Mbaye, Mimi Touré et Mahammed Boun Abdallah Dionne tous obligés d’aller régulariser leur situation avec en toile de fond cette hantise d’une probable élimination qui sonnerait comme un véritable camouflet. Un autre ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye a été tout simplement recalé. On mesure alors la grosse performance de la patronne d’entreprise par ailleurs fille de Babacar Ngom, le roi du poulet. Les apparences sont souvent trompeuses.
Même Habib Sy qui a franchi l’étape haut la main reste un profil techniquement outillé et peu porté sur la politique politicienne à l’ancienne. C’est plutôt un pragmatique qui a occupé des postes importants et stratégiques au plus haut sommet de l’Etat (agriculture, infratructures, Directeur de cabinet du chef de l’Etat,…)
Cette recomposition est pratiquement actée et tout porte à croire que rien ne sera plus comme avant d’autant qu’on assiste pratiquement au crépuscule d’une frange importante du personnel politique, des gens qui faisaient jusque-là la pluie et le beau temps. Les recalés comme Souleymane Ndéné, Cheikh Bamba Dièye, Alioune Sarr, Diop Decroix, Malick Gakou pourraient être rejoints par ce groupe de responsables assez représentatifs du reste sont dans le dur .On y retrouve Idrissa Seck, Mimi Touré Mamadou Lamine Diallo, Serigne Mboup…A y voir de près, Il s’agit de politiciens ayant davantage une existence médiatique qu’un bassin important et identifié de militants et sympathisants. Disons qu’ils n’ont pas d’appareil, ce qui reste un handicap non négligeable dans le contexte pré-électoral.Ils passent pratiquement pour des  » has- been » ,des politiciens qui ne peuvent apporter aucune plus- value, incapables de faire rêver le peuple pour avoir été déjà pratiqués…
Reste ce lot des candidats à la candidature sans illusion qui ont finalement servi à amuser la galerie. Ils savaient tous qu’ils n’avaient aucune chance d’attirer l’attention des potentiels électeurs mais ils ont préféré foncer tête baissée à leurs risques et périls. Ce sont des gens qui ne sont même pas préoccupés par un destin présidentiel. Ils savent tous qu’ils n’en ont pas l’étoffe et ils étaient plutôt dans le positionnement et la posture d’entrepreneurs politiques dans l’optique de se retrouver en pôle-position lors des négociations et autres marchandages qui auront sûrement lieu entre eux et les cadors du landerneau partisan. Les Alpha Thiam,Ndongo Ndiaye Jean Baptiste Diouf, Amadou Seck Eurogerm, Ibrahima Abou Nguette, Cheikh Alassane Sène, Elhadji Ibrahima Sall, Me Elhadji Diouf incarnent cette nouvelle clique d’opérateurs politiques ayant compris que ce « Business » est de nos jours le moyen le plus rapide et le plus lucratif pour activer l’ascenseur social. Malheureusement pour eux, ils n’ont pu réussir leur coup du fait d’une opinion publique devenue plus mature et plus exigeante.

« Karim Wade un K particulier »

L’avantage de ce parrainage fonctionnant comme un filtre, c’est qu’il apporte une lisibilité sur la scène politique en ce qu’il permet de jauger les capacités et la valeur intrinsèque des multiples acteurs qui peuplent le champ partisan.
Parmi ces acteurs, Karim Wade reste une véritable énigme même s’il a validé son parrainage parlementaire avec brio. Le fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade agit dans ce processus électoral comme un fantôme qui actionne ses leviers et ses soutiers de sa base Qatarie de Doha. Karim a certes perdu beaucoup de terrain et son retour maintes fois programmé relève finalement de l’arlésienne. Mais l’ancien tout-puissant ministre des transports aériens et terrestres va difficilement remporter le scrutin de février prochain du fait entre autres du handicap de la non maîtrise des langues nationales ; une loi non écrite qui a néanmoins son pesant d’or. Wade-fils sera quand même un redoutable faiseur de roi que tout candidat sérieux devrait approcher pour une éventuelle alliance.
En définitive, il est évident que les mastodontes de la classe politique partent en pôle-position pour avoir validé sans anicroches leurs parrainages. Il en est ainsi du candidat du pouvoir Amadou Ba (parrainage des élus) de Karim Wade, Khalifa Sall et Habib Sy un proche de Sonko (parrainage parlementaire).Autrement dit, les candidats sans appareil n’ont pu se payer un tel luxe. Une injustice légalisée qui ne dit pas son nom.