La restitution du patrimoine africain va permettre de ‘’reconstruire la mémoire’’, selon Felwine Sarr
L’économiste sénégalais Felwine Sarr a estimé, mardi, que les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain aux pays d’origine vont permettre de ‘’reconstruire la mémoire’’ du continent.
« Ces restitutions des biens culturels africains vont permettre de reconstruire la mémoire, de faire une reconnexion de l’histoire, réenvisager un élan vers l’avenir en se réappropriant tous les éléments culturels et soigner un certain nombre de problématiques relationnelles’’, a-t-il souligné.
Pour lui, ‘’ il s’agit de transmettre notre histoire à nos enfants et les objets témoins de cette histoire sont là, et les gens n’ont pas besoin d’aller obligatoirement à Paris pour les voir’’.
Felwine Sarr est l’un des deux experts avec la Française historienne de l’art, Bénédicte Savoy, commis par le président français Emmanuel Macron pour déterminer les conditions et modalités de restitution du patrimoine africain.
Ils ont tenu, mardi, un atelier de réflexion avec des directeurs de musées, des marchands d’art, des collectionneurs, etc., venant de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.
Il rejoint ainsi l’ancien directeur général de l’UNESCO, le Sénégalais Amadou Makhtar Mbow qui déjà en 1978, alors qu’il était le secrétaire général de cette structure, lançait un appel pour la restitution des œuvres du patrimoine africain. ‘’La restitution de ces œuvres permettraient aux peuples d’Afrique de recouvrer une partie de leur mémoire et de leur identité’’, disait-il à l’époque. ‘’Les peuples victimes de pillage, ne sont pas seulement dépouillés de chefs d’œuvres irremplaçable mais aussi d’une mémoire qui les aurait aidés à mieux se connaitre eux-mêmes et à mieux se faire comprendre des autres’’, faisait-il valoir.
Selon Felwine Sarr, ‘’les pays africains ont toujours réclamé le retour des objets de leur patrimoine pillés durant la période coloniale, subtilisés lors de missions ethnographiques ou acquis dans des conditions douteuses sur divers marchés’’.
Les pièces concernées varient d’un pays à un autre : il y a des trônes royaux, des masques, des récades, des manuscrits, des statuts anthropomorphes, divers objets relevant de la statutaires, des objets d’une valeur patrimoniale, spirituelle ou du quotidien, etc. Les deux experts qui sont à mi-temps de leur mission entamée le 19 mars dernier, doivent déterminer les objets concernés et leur provenance pour procéder à un inventaire et une cartographie des œuvres concernées.
Ceci permettra de connaître la nature, la quantité, les lieux de provenance, aux fins de pouvoir déterminer les critères de restituabilité, selon eux.Le président français Emmanuel Macron avait annoncé le 28 novembre 2017 à Ouagadougou, sa volonté ’’de procéder à des restitutions temporaires ou définitives d’œuvres du patrimoine africain présentes dans les collections nationales françaises’’.
Il avait aussi émis le vœu ‘’d’œuvrer à ce que les conditions de ces restitutions soient réunies d’ici 5 ans’’.
Source APS