Cameroun/violences sécessionnistes : Amnesty épingle soldats et séparatistes
Un nouveau rapport d’Amnesty International, publié mardi et portant sur l’escalade de violence « meurtrière » dans les régions anglophones du Cameroun, épingle les forces de sécurité et les séparatistes armés qui, particulièrement, ont tué 44 soldats et attaqué 42 écoles.
« Dans les régions anglophones du Cameroun (sud-ouest et nord-ouest), des séparatistes armés ont tué des militaires par balle ou à l’arme blanche, incendié des écoles et agressé des enseignants, et les forces de sécurité ont infligé des actes de torture, tiré sur des foules et détruit des villages, dans une spirale de violence de plus en plus meurtrière », a déclaré l’équipe Afrique centrale et occidentale d’Amnesty International lors d’une conférence de presse tenue à Dakar.
Le rapport, intitulé « Une tournure tragique : Violence et atteintes aux droits humains dans les régions anglophones du Cameroun », note que les forces de sécurité ont détruit des villages et torturé au moins 23 personnes, dont des mineurs, pour leur extorquer des « aveux ».
L’ONG des droits humains montre également que « la population subit les plus lourdes conséquences de l’escalade de la violence dans les régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest », celle-ci étant surtout caractérisée par des « homicides aveugles et des déplacements de grande ampleur ».
La méthodologie de cette enquête repose sur des « entretiens approfondis avec plus de 150 victimes et témoins, ainsi que sur des preuves matérielles, notamment des images satellites », a expliqué Ilaria Allegrozzi, chargée du Lac Thcad dans Amnesty.
Malgré l’accablement des résultats de cette enquête, « le président Paul Biya (du Cameroun) nous (Amnesty) a reçus et s’est dit réceptif à nos conclusions. Nous espérons de ce fait que les recommandations formulées dans ce rapport seront prises en considération », a soutenu, pour sa part, la directrice adjointe du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Samira Daoud.
Pour rappel, la violence et les troubles ont connu une escalade à la « fin de 2016 », à la suite d’une série de grèves et de manifestations contre ce que des enseignants, des avocats et des étudiants considéraient comme de « nouvelles discriminations à l’égard des anglophones », souligne Amnesty.
C’est ainsi, poursuit l’ONG, qu’entre le 22 septembre et le 1er octobre 2017, des manifestations de grande ampleur ont été organisées dans les régions anglophones afin de proclamer symboliquement l’indépendance d’un nouvel État, appelé Ambazonie.
Les régions anglophones du Cameroun, à savoir le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, représentent environ 20 % de la population du pays. Nombre de leurs revendications remontent au début des années 1960, période à laquelle ces régions ont été intégrées à la République du Cameroun récemment créée, à majorité francophone.
Source APA