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Finlande: un nouveau «rideau de fer» sur l’Europe

Le « rideau de fer » est retombé sur l’Europe. C’est l’une des conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine : des murs se dressent un peu partout aux frontières à l’Est : en Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en Pologne et en Finlande qui partage la plus longue frontière d’Europe avec la Russie. Helsinki redoute l’envoi de migrants par Moscou à ses frontières. Une clôture est donc érigée aux points les plus sensibles. Les premiers kilomètres de grillage ont été érigés dans le sud-est en Carélie du Sud. 

Le lieutenant-colonel Lukkari inspecte la frontière. La Russie se trouve à moins de dix mètres juste derrière ces arbres, explique-t-il. Mais depuis cet été, la petite barrière qui séparait les deux pays a été démontée. À la place, une grille de trois mètres de haut surmontée de barbelés s’est dressée. Elle serpente dans la foret sur trois kilomètres de long : « Tous les 50 mètres, nous avons des caméras et des détecteurs de mouvements. C’est un système de détection qui nous alerte en cas de présence humaine. Si on repère quelqu’un qui essaie de la franchir, on est ainsi prévenu et on peut envoyer des patrouilles dans la zone. »

Bien plus qu’une invasion des chars russes, les gardes frontières redoutent une instrumentalisation par Moscou de la question migratoire, comme ce fut le cas en 2015, avec l’arrivée de plusieurs centaines de réfugiés : « Aujourd’hui, c’est très calme à la frontière. On enregistre entre dix à vingt passages illégaux par an. Mais cette clôture est faite pour faire face à une vague d’immigration à plus grande échelle. C’est arrivé à l’hiver 2015 en Laponie. On s’est retrouvé avec des demandeurs d’asile sur le même poste frontières. On s’est retrouvé avec quelques milliers de personnes d’un seul coup. »

Des demandeurs d’asile délibérément envoyés par la Russie ?

« C’est très difficile de l’affirmer, répond le lieutenant-colonel Lukkari. Mais bon, ils sont tous arrivés en même temps au même point de passage. C’est pour ça qu’on construit cette clôture. S’il n’y avait aucun risque, on n’aurait pas fait ce mur. Mais qu’est-ce qui peut se passer dans les prochaines semaines ? Dans les prochains mois ? »