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LA CHRONIQUE DE MLD: Le choix décisif du Président et le mercato des Politiciens…

Fines pluies sur Dakar. Il flotte un air de vacances sur fond d’une crise économique qui a fini de trouer les poches du Sénégalais lambda dans un contexte post-Tabaski plutôt morose. La machine nationale est quasiment à l’arrêt…
Tout un pays encore suspendu à une énième décision du Président Macky Sall : celle de désigner celui qui sera chargé de poursuivre son œuvre de pérennisation de ce que ses adversaires appellent trivialement le système. Autre curiosité : même l’opposition d’habitude offensive et agressive à souhait attend avec impatience et intérêt que le Boss décline le nom du candidat d’un régime qui aspire à rester aux affaires jusqu’en 2035.Il serait important d’interroger le profil du candidat du Boss de Benno…Ce choix va sûrement déterminer la nouvelle posture d’acteurs de premier plan comme Sonko et les autres Leaders d’une opposition largement gagnée par un émiettement sans précédent. Surtout que Khalifa Sall et Karim Wade, naguère assez durs avec le pouvoir ont fini de renouer des atomes crochus avec un Président de la République qui tient carrément à rester au cœur du jeu politique malgré un désistement spectaculaire qui continue de retentir aux quatre coins du monde.
Macky Sall veut-il choisir son successeur ? Oui, il en a quelque part l’ambition au regard des possibilités que lui offre la démocratie. Il est clair qu’il veut assurer ses arrières afin d’éviter une quelconque chasse aux sorcières. Il veut aussi pérenniser une vision politique, sorte de sociale-démocratie à la sénégalaise qui lui a jusque-là permis de s’imposer in situ et à l’international avec, cerise sur le gâteau, l’image flatteuse d’un bâtisseur de trains futuristes ,de ponts et de routes de l’espoir.
Un bilan matériel qui reste d’ailleurs son legs le plus précieux.
Mais justement pour l’immatériel, ses contempteurs croient mordicus qu’il veut choisir un nouveau Chef d’Etat à la place des Sénégalais. Ce qui est pratiquement impossible dans un pays qui demeure une démocratie éprouvée portée à bout de bras par un peuple à la maturité légendaire puisqu’il s’est déjà illustré à plusieurs reprises notamment en février –mars 2000 et en février 2012 lors de deux alternances mémorables.
Senghor a pu choisir son successeur en s’accrochant à un article 35 machiavélique et salvateur mais le contexte de l’époque permettait une telle entorse à la morale politique.
Aujourd’hui, pour rester dans le sillage de sa volonté inébranlable de marquer éternellement la marche du pays, tout porte à croire que le Président Sall nous réserve une autre surprise en choisissant un candidat que personne n’attendait jusque-là. Exit Amadou Ba, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Abdoulaye Daouda Diallo (ADD) et autres Aly Ngouille Ndiaye…Les derniers signaux indiquent que le Patron va finalement choisir un homme « neuf », pour apporter une réplique à la hauteur d’un Leader aussi populaire, percutant et charismatique qu’Ousmane Sonko l’actuelle idole de la jeune génération.
C’est la difficulté de trouver un tel homme qui explique aisément les valses-hésitations d’un chef esseulé qui va se décider sur le tard afin de réduire à leur plus simple expression les frondes inhérentes à l’exécution d’un tel programme.

Amadou Mame Diop, la surprise du chef ?

L’actuel Président de l’assemblé nationale serait-il le profil idéal, fédérateur et consensuel que le Chef de l’Etat peine encore à trouver pour rassurer son camp? Possible. Contrairement au groupe des loups aux dents longues (Amadou Ba, Dionne, ADD et compagnie), Amadou Mame Diop pourtant dauphin constitutionnel et membre fondateur de l’APR n’a jusque-là affiché aucune ambition. C’est sans doute l’une des forces de ce politicien légitime (2 fois élu député- maire) au calme olympien qui semble remporter finalement les faveurs du Président. Son image lisse et sa réputation d’homme sans histoires achèvent d’en faire le profil à même de faire taire toute velléité fractionniste au sein d’un Benno fortement fragilisé par le départ imminent de sa seule constante et unique dénominateur commun.
Trêve de conjectures ;le Président s’apprête à dérouter son monde comme à l’accoutumée et la divulgation de son choix va sans doute donner le coup d’envoi du mercato hivernal des politiciens. Il faudrait forcément s’attendre à une forte saignée au sein de la mouvance présidentielle avec des alliances, mésalliances et autres départs tonitruants en direction de partis et coalitions politiques.
Le Leader de Benno a eu visiblement tort de ne pas préparer un dauphin.
Dans nos démocraties fragiles, dès que le Chef, distributeur par excellence des prébendes et sucettes annonce son départ, c’est la débandade…
Les pseudos responsables politiques ne développent aucune résilience, aucune capacité d’adaptation, aucune loyauté…
Par ailleurs, le désistement d’un Président ayant renoncé au mandat de trop aura pourra conséquence majeure de permettre aux Sénégalais d’avoir droit au scrutin présidentiel le plus ouvert de l’histoire de cette jeune nation.