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LA CHRONIQUE DE MLD: Macky Sall : ombre et lumière d’un politicien tropical…

Finalement le Président Macky Sall se désiste pour ne pas participer à la présidentielle du 25 février 2024.
Pour une large frange de l’opinion, il s’agit franchement d’une secousse tellurique tant tous les signaux jusque-là décryptés par les analystes les plus perspicaces disaient largement le contraire. Détail important : seuls certains proches comme son ami le journaliste Madiambal Diagne étaient visiblement dans la confidence.Le lundi 03 juillet 2004, jour de la fameuse déclaration,son canard Le Quotidien avait balancé un titre quasiment prémonitoire : « Sall décision »; un calembour percutant qui en disait long sur la désolation du patron du Quotidien.
C’est que Macky Sall est un taiseux,un introverti doublé d’un pragmatique.
Ceux qui ont la chance de partager sa proximité le dépeignent d’ailleurs sous les traits d’un homme calme qui sait être clinique lors des grands événements en clignotant à droite pour tourner à gauche le plus clair du temps. Autrement dit, il sait être déroutant,cacher son jeu pour dribbler son monde.
Pour mémoire , c’est d’ailleurs le même modus operandi dont il avait fait usage lors de la nomination- élection d’Amadou Mame Diop, actuel Président de l’Assemblée nationale, présenté comme un homme de confiance pour ne pas dire un homme- lige de Mansour Faye beau- frère du Patron.
Avec ce geste de grandeur, Macky Sall jette assurément un faisceau de lumière dans la nuit noire de la démocratie en Afrique.
Il ne faut quand même pas pousser la naïveté au point de se limiter à cette décision historique somme toute banale dans les démocraties majeures surtout qu’avec le recul, on se rend compte que nous sommes tous tombés dans le panneau de l’émotion alors que le quatrième Président de la République du Sénégal n’a fait que respecter la constitution, loi fondamentale s’il en est.
Visiblement briefé pour ne pas dire lâché par la communauté internationale ( France, Usa, Onu et autres partenaires techniques et financiers), le Boss de la coalition Benno est aussi contraint et forcé par la conjoncture.
En génie politique réaliste,il a su décrypter les messages forts de mars 2021 et juin 2023.
La forte pression in situ et à l’international n’est pas une vue de l’esprit.
L’image du pays a été récemment écornée par la répression de violentes manifestations qui ont abouti à des morts d’hommes sur le terrain, paix à leur âme. Le choc est encore enfoui dans le tréfonds des 17 millions de Sénégalais.
Là , Macky Sall a trouvé la bonne alchimie pour replacer le pays dans le panthéon mondial des phares de la démocratie.

Le Cas Sonko reste entier

Exit le Président Macky Sall, qui pour lui succéder hormis les politiciens professionnels comme Amadou Ba, Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade ?
D’abord le cas Ousmane Sonko, un homme politique présenté comme le Leader incontesté de l’opposition dite radicale.Il est évident qu’une large frange de l’opinion publique croit savoir que son inéligibilité programmée par une décision de justice controversée pourrait mettre le feu aux poudres.
Sonko n’est plus n’importe qui dans le landerneau politique, il reste une réalité malgré les foucades et menées souterraines de ses contempteurs.
Fermer les yeux sur cette donne vitale du jeu politique, relèverait assurément d’une cécité incompréhensible.
Ceux qui parlent urbi et orbi de l’obligation d’une élection présidentielle inclusive font justement allusion au brûlant dossier Sonko.
Surtout que des acteurs comme Khalifa Sall et Karim Wade seront relancés dans les meilleurs délais par une éligibilité actée par le Prince via le récent dialogue national.
C’est une lapalissade de dire que la politique est aussi le champ des arrangements( Real Politik !) surtout au nom de la préservation de la paix civile, premier intrant au développement.
Ensuite, il ne faut pas écarter l’éventualité de voir postuler des figures emblématiques du secteur privé.
Dans ce lot des potentiels présidentiables, on pourrait bien retrouver des icônes du monde de l’entreprise comme Diagna Ndiaye, Racine Sy , Mamadou Lamine Loum, Mamadou Lamine Diallo Tekki et d’autres encore…
Les jeux sont largement ouverts et même s’ils ne décrochent pas la timbale,ces acteurs du privé vont sûrement s’imposer en redoutables faiseurs de roi.
Par ailleurs, Il ne faut pas se faire d’illusions,la recomposition politique, sorte de redistribution des cartes en cours risque de secouer
la coalition présidentielle.
Il ne faut pas écarter le jeu subtil et surtout malsain des départs massifs vers des prairies en pôle- position pour décrocher le Graal présidentiel.
Oui, la saison de la transhumance est bel et bien ouverte…
On comprend alors les suppliques du Président qui lors de la récente avec les maires n’avait pas manqué d’insister sur l’unité et la solidarité au sein d’un Benno ayant l’ambition de diriger le pays jusqu’en 2035.
Entre Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo et d’autres ténors du régime, celui qui bénéficiera du choix présidentiel va sûrement entamer des travaux d’hercule pour rassembler la famille.
Vaste programme !