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La journaliste russe d’investigation Elena Milachina passée à tabac en Tchétchénie

La journaliste d’investigation russe, Elena Milachina, travaillant pour le journal indépendant Novaïa Gazeta a été hospitalisée après avoir été passée à tabac en Tchétchénie. C’est ce qu’a indiqué mardi 4 juillet l’ONG russe de défense des droits humains Memorial.

Elena Milachina, spécialiste de la Tchétchénie, a été attaquée après s’être rendue dans cette république russe du Caucase pour couvrir l’énoncé du verdict dans un procès, selon Memorial.

« Les doigts d’Elena Milachina sont cassés et elle perd de temps en temps connaissance », a précisé l’ONG dans un communiqué. « Tout son corps est couvert de contusions », souligne le communiqué. La voiture où se trouvaient la journaliste et son avocat Alexandre Nemov a été attaquée par des « hommes armés » sur la route de l’aéroport vers la capitale tchétchène Grozny, selon l’ONG.

« On les a violemment tabassés avec des coups de pied, y compris dans la figure, menacés de les tuer en mettant un pistolet contre leur tête » et en répétant « On vous a avertis. Partez d’ici et n’écrivez rien », a indiqué Memorial. La journaliste et son avocat, « qui parle et bouge à peine », sont actuellement « à l’hôpital », a précisé l’ONG.

Qualifiée de « terroriste » par Ramzan Kadyrov

Elena Milachina a suscité l’ire des autorités tchétchènes, notamment en documentant les exécutions extrajudiciaires qui s’y déroulent. En février 2022, elle a dû temporairement quitter la Russie, selon son journal, après des menaces émises par le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov qui l’a qualifiée de « terroriste ».

Mardi, la journaliste et son avocat sont allés à Grozny pour l’énoncé du verdict contre Zarema Moussaeva, la femme d’un ancien juge fédéral russe d’origine tchétchène, Saïdi Iangoulbaïev, qui est devenu opposant à Ramzan Kadyrov. Arrêtée en janvier 2022 dans le nord de la Russie par les forces de l’ordre tchétchènes, Zarema Moussaeva a été ramenée de force dans le Caucase. Accusée d’« escroquerie » et de « recours à la force » contre un policier, cette femme âgée de 53 ans risque jusqu’à cinq ans et demi de prison.

Novaïa Gazeta est l’un des rares bastions de la presse libre en Russie et son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, a reçu le prix Nobel de la Paix en 2021. L’engagement du journal, notamment dans la couverture des violations des droits humains en Tchétchénie, a coûté la vie à plusieurs de ses collaborateurs, morts assassinés, Anna Politkovskaïa étant la plus célèbre.