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Héberger un réfugié chez soi: une façon de favoriser le partage culturel et de tisser des liens

Depuis quelques années, face à la saturation des demandes de logements pour les réfugiés en France, certaines associations ont opté pour une autre alternative : la cohabitation solidaire. Un concept simple : accueillir chez soi une personne réfugiée pour un temps limité, et favoriser son inclusion sociale. À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, reportage chez Vinciane et Benjamin, qui hébergent depuis un an Faisal, réfugié afghan de 26 ans.

Quand nous franchissons le pas de la porte en cette soirée de juin, Vinciane s’active pour préparer le dîner. Dans l’air règne une douce odeur de légumes grillés. « Faisal, toi, tu t’occupes des oignons », lance Vinciane. L’intéressé obtempère, un grand sourire aux lèvres. La cuisine, ça le connaît. En 2016, il travaillait dans un restaurant en Turquie, avant son arrivée en France.

Pendant que chacun s’affaire aux fourneaux, cette mère de 42 ans lui demande comment s’est déroulé sa journée, lui pose des questions sur ses cours, à l’université. « Faisal, viens on va jouer avec les coussins ! », interrompt quelques minutes plus tard, Marceau, 10 ans, plein d’énergie. « Pas tout de suite », lui répond Faisal, en lui ébouriffant les cheveux avec affection. 

C’est chez cette famille basée à Asnières-sur-Seine (92), que Faisal, réfugié afghan de 26 ans, a posé temporairement ses bagages et trouvé refuge en mai 2022. Depuis plus d’un an, Vinciane et Benjamin, 44 ans, avec leurs deux fils Marceau et Léon, 8 ans, ont décidé d’accueillir dans leur maison pavillonnaire ce jeune homme au sourire facile et sincère, malgré un passé douloureux qu’il a parfois du mal à évoquer. Au départ, chacun était loin d’imaginer la force des liens qu’ils tisseraient ensemble.

Offrir des conditions d’accueil digne

Vinciane et Benjamin ne sont pas les seuls à avoir sauté le pas de cet engagement associatif, appelé « hébergement solidaire ». Le but : miser sur la mobilisation citoyenne pour offrir des conditions d’accueil digne aux personnes exilées, mais aussi « casser l’isolement et permettre à ces individus de retrouver un peu de stabilité », nous indique l’association Réfugiés Bienvenue, qui met en relation des foyers français volontaires avec des demandeurs d’asile et des réfugiés, pour l’instant en Ile-de-France.

Selon la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), en 2021, 322 cohabitations solidaires étaient en cours, grâce à une dizaine d’associations habilitées par l’État, sur plus de 54 000 personnes ayant reçu un statut de protection (réfugié ou protection subsidiaire) cette année-là. Depuis sa création en 2015, Réfugiés Bienvenue apporte un précieux cadre à la vingtaine de ses cohabitations solidaires, assure chaque mois leur suivi et leur réussite, vérifie les conditions dans lesquelles vivra la personne réfugiée, et fait signer une charte de vivre-ensemble.

Néanmoins, comme le souligne Anjali, responsable de l’hébergement citoyen chez Réfugiés Bienvenue, « c’est une solution très positive à l’intégration des demandeurs d’asile, mais ce n’est pas la solution idéale. Il faut bien rappeler que ces personnes devraient avoir le droit à un logement pour elles-mêmes. » L’association veille aussi à entretenir une relation d’horizontalité entre hébergé et hébergeur, et à ce qu’il n’y ait aucune contrepartie financière ou de services demandée. Au cœur du projet de cette petite ONG : accompagner les réfugiés vers l’autonomie. « Au final, le but est qu’ils puissent vivre en totale indépendance, en construisant leur projet de vie en France. »