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« Idy avec Macky, comme Wade avec Diouf… » (Par Madiambal Diagne)

Un observateur politique, avec une certaine répartie, disait de Ousmane Sonko « qu’il a certes l’impétuosité de Wade mais n’a ni sa culture, son intelligence sociale ou son sens du dialogue et de la démocratie ».

En effet, la scène politique au Sénégal a toujours été caractérisée par de chauds moments de confrontation, mais les acteurs de différents bords ont souvent trouvé les plages de discussion et de dialogue pour passer des caps qui auraient pu être périlleux. Le processus démocratique s’en est toujours renforcé et la paix civile confortée.

C’est sans doute ce qui expliquait les allées et venues de Abdoulaye Wade entre le pouvoir et l’opposition. En 1991, Abdoulaye Wade, accompagné de Ousmane Ngom, Jean-Paul Dias et Aminata Tall, entra au gouvernement dirigé par Habib Thiam. Ils quitteront l’attelage à la veille des élections de 1993. Cette collaboration des principaux acteurs politiques, facilitée, à bien des égards, par l’éviction de Jean Collin, avait permis de cicatriser les plaies des élections de 1988 ainsi que l’adoption d’un nouveau code électoral, sous l’égide d’une Commission cellulaire dirigée par le Juge Kéba Mbaye.

Abdoulaye Wade et ses poulains (Idrissa Seck, Ousmane Ngom, Aminata Tall, Massokhna Kane) reviendront au gouvernement en 1995. Cette nouvelle phase politique avait notamment permis de solder les contentieux politiques nés des affaires de l’assassinat de Me Babacar Sèye (1993) et les meurtres de 6 policiers sur le Boulevard Général De Gaulle (1994). Le Pds quitta le gouvernement en 1997, à la veille des élections législatives de 1998.

Le retour de Abdoulaye Wade dans les rangs de l’opposition avait freiné l’ascension de leaders politiques comme Landing Savané, Djibo Leyti Kâ ou Moustapha Niasse, qui commençaient à occuper les espaces. Abdoulaye Wade avait réussi à théoriser l’idée du « vote utile » pour arriver à vaincre le régime de Abdou Diouf en 2000. D’ailleurs à son arrivée au pouvoir en cette année, Abdoulaye Wade, fidèle à son principe d’élargir la base politique de ses gouvernements, avait eu à inviter autour de sa table du Conseil des ministres des personnalités politiques qui lui avaient pourtant mené la vie dure, comme Abdourahim Agne, Aïda Mbodji, Djibo Ka entre autres. Macky Sall a, de ce point de vue, de qui tenir.

Idrissa Seck a collaboré à deux reprises avec le Président Macky Sall, en 2012 et en 2020. Il vient de le quitter, de sa propre initiative, mais tout porte à croire que s’il perdait la présidentielle de 2024, Idrissa Seck n’aura aucun scrupule à renouer avec un Macky Sall vainqueur. Qu’est-ce que le Sénégal gagnerait dans de telles opérations politiques ? Peut-on envisager le scénario d’une victoire du candidat de Rewmi en 2024, comme si la foudre arrivait à tomber deux fois au même endroit ? Il reste que nul ne saurait prédire la suite de la carrière politique de Ousmane Sonko s’il arrivait à échapper aux multiples procédures judiciaires ouvertes contre lui, mais force est de dire que Idrissa Seck lui porterait fatalement l’estocade en lui ravissant la vedette.

Assurément, le pays serait épargné des appels à l’insurrection, à la violence et au recours à des groupes subversifs du genre « Force spéciale » ou «commando spécial ». Au demeurant, pourrait-on exclure l’éventualité de l’émergence d’un nouveau leadership qui arriverait à servir de réceptacle aux différents élans de l’opposition ? Quelle serait la capacité à rebondir de Khalifa Ababacar Sall ou de Karim Wade ? Idrissa Seck les disqualifie ou les délégitime d’office, les ravalant à l’infâmant sort des « voleurs de deniers publics ».

Au demeurant, la participation de Khalifa Ababacar Sall et de Karim Wade aux prochaines joutes électorales reste tributaire des résultats d’un nouveau dialogue national auquel le Président Macky Sall vient d’appeler, une fois de plus, en vue de rediscuter des questions de l’éligibilité de certains potentiels candidats ou encore du filtre ténu que représente le parrainage citoyen pour les candidatures à l’élection présidentielle.

La fin de non-recevoir ou les préalables impossibles posés, avec précipitation, à cette proposition de dialogue, par des franges importantes de l’opposition, notamment la nouvelle coalition F24, montrent bien qu’au-delà de l’unité de façade, les différents acteurs cherchent à se neutraliser mutuellement. Le Président Macky Sall a révélé, lors de son entretien avec El Hadji Assane Guèye de la Rfm, diffusé le samedi 22 avril 2023, que Khalifa Sall s’impatiente de bénéficier d’une amnistie. Seulement, Ousmane Sonko n’a cure de la situation de son allié et a refusé la main tendue pour un dialogue. N’avions-nous pas analysé, dans une chronique en date du 14 Décembre 2020 que : « Alliance avec Sonko, Khalifa perdant à tous les coups » ?

Par Madiambal DIAGNE