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La guerre des mobilisations malgré l’épée de Damoclès sur la tête des candidats (Par Boubacar Mohamed SY)

Soyons d’accord sur une illusion. La politique est l’opium du peuple sénégalais. Par intermittence, le peuple peut être submergé par les émotions du football, de la lutte etc. Rares fois où le travail est resté l’activité principale avec une intensité réelle. La culture du travail fait défaut. Ce qui est, du reste, un frein énorme à notre développement. Toutefois, si on se base sur les sujets qui déchaînent plus les passions, il est possible de soutenir que la politique est l’activité la mieux prisée au Sénégal. C’est ce qui justifie que les élections présidentielles de 2024 soient déjà, imparfaitement, dans la tête de tous les sénégalais. Le travail et les sujets d’intérêt général, à impact immédiat sur la vie des sénégalaises et sénégalais, sont quasiment relégués au second.

On ne sait ce qui justifiait le Ni OUI – NI NON du Président de la République, à la question de savoir s’il se représentait pour une troisième tentative à la présidence de la République. Seulement, au vu de ce qui se passe, force est de lui attribuer raison sur sa réponse. En effet, les sénégalais, les politiques sénégalais notamment, ont commencé à supputer sur 2024, dès 2019. Cela a pollué tout le quinquennat qu’est en train de passer le Président de la République. Et, plus on s’y approche, plus ça s’accélère. Il est à convenir, au demeurant, que toute réponse différente servie par le Président aurait eu des répercussions autres que l’intensification du travail, péremptoirement ! Pour preuves, aujourd’hui, il est dépassé le stade des joutes électorales verbales. Il est maintenant arrivé le stade des démonstrations de force par le biais des mobilisations.

Ainsi, a-t-il été constaté un Benno Bokk Yakaar étalant sa toute-puissance ce week-end à Pikine et répondant à l’impressionnante mobilisation du Yewwi Askan-Wi, il y’a de cela quelques jours, à Keur Massar. Il ne faut, par suite et pour complément d’informations, perdre de vue que la rude bataille entre pouvoir et opposition est déplacée, aujourd’hui, sur tous les terrains. La bataille a toujours subsisté le terrain des réseaux sociaux avec quand même ; il faut l’avouer, un avantage pour l’opposition.

NB : C’est facile à expliquer. Beaucoup de leaders du BBY n’ont cette propension à défendre leur travail et celui du Président de la République sur les réseaux sociaux. Peut-être parce qu’ils estiment laisser ce terrain aux pastefiens, opaques, solidaires et plein d’ingéniosité pour partager n’importe quoi, au-delà de bien défendre leur leader sur tout et rien. En tout cas ; ce qui est sûr, est que l’option de laisser ce terrain aux autres leur a été fatale. Les réseaux sociaux constituent, aujourd’hui, un terrain où il est possible de pêcher énormément de voix ou de faire perdre énormément de voix.

La bataille est aussi sur le terrain national, partout dans le Sénégal. Benno Book Yakaar est fort un peu partout dans l’intérieur du pays. Un peu moins dans la capitale où les guerres internes ont eu raison de l’écosystème BBY au niveau non plus local mais national voire international. Le Benno Book Yakaar peine aussi au sud, naturellement. La bataille a été déplacée subtilement et pernicieusement maintenant sur le terrain international. Relativement à ce dernier constat ; c’est intéressant, il est constaté que la politique du reniement, de part et autre, est monnaie courante. Il n’aurait été envisageable, du moins évocable, par les leaders de l’opposition notamment ceux de Pastef l’idée de diluer leur discours pour a-minima envisager de la France une ingérence dans notre cuisine politique interne pour ne dire une invitation à prendre part à nos batailles politiques internes. Aussi, le dernier voyage du Président de la République Macky Sall allait-il dans le sens de refaire la relation franco-sénégalaise qui semblait battre de l’aile au vu des derniers éléments.

Cela, sans doute, n’a pas dû plaire l’opposition qui semblait ragaillardie des faits suivants : Sortie des députés de la Nupes ; article du très grand journal Le Figaro sur le TER. Article du Figaro, au passage, démonté rapidement et utilement par les autorités sénégalaises. Tout compte fait, 2024 risque d’être une année électorale inédite et tumultueuse tant les épées de Damoclès, de nature différente, qui planent sur la tête des candidats déclarés semble être insurmontables, à bien des niveaux.

Qu’il s’agisse du leader de Pastef dont les déboires judiciaires constituent un frein quasiment insurmontable surtout après sa sortie de trop sur le dossier PRODAC qui lui a valu une plainte pour diffamation ou du Président de la République dont le seul obstacle semble être comment justifier et faire campagne pour un troisième mandat. Concernant les deux K, leurs sorts reste liés vraisemblablement au bon vouloir du Président Macky Sall ; le seul distributeur des cartes. Il appréciera, selon un contexte favorable à lui ou non, leur réintégration dans la partie. Le jeu en vaut la chandelle et nous nous approchons à des moments de haute intensité politique.

Boubacar Mohamed SY

Juriste

Conseiller Municipal / Commune de Patte d’oie