A la UneActualitéPolitiqueSociété

EXAMEN DE LA LOI SUR LE PARRAINAGE EN PLÉNIERE AUJOURD’HUI Jeudi sous haute tension au Sénégal

Le jour de vérité est arrivé ! Le projet de loi n°12/2018 portant modification du code électoral sera débattu et voté aujourd’hui en plénière à l’assemblée nationale. ce texte de loi, adopté en conseil des ministres le 28 mars dernier et exigeant le parrainage à tous les partis politiques, a pollué les débats dans l’espace public. Pire, cette question a mis le pays sous tension.

L’impressionnant dispositif policier déployé dans Dakar depuis hier laisse entrevoir un pays sous tension. Les camions dragons positionnés dans les carrefours stratégiques de la capitale font ressurgir le spectre des manifestations du 23 juin 2011. Ces émeutes sous le régime de Me Abdoulaye Wade avaient pour soubassement la lutte contre le ticket présidentiel et le quart bloquant. Pour ce 19 avril 2019, il s’agit d’un projet de révision constitutionnelle qui fait du parrainage par des électeurs une condition de validation des candidatures aussi bien pour les candidats indépendants qui étaient déjà soumis à cette exigence que pour ceux présentés par les partis et coalitions de partis politiques légalement constitués. Toujours dans le texte, il est écrit que chaque électeur ne peut parrainer qu’un candidat ou une liste de candidats et que les dispositions pratiques du contrôle de ces listes sont fixées par l’autorité ou la structure chargée de la réception des dossiers de déclaration de candidature. Aussi, il est mentionné que le modèle de la fiche de recueil de signatures en format papier et électronique est mis à disposition à compter de la date de signature de l’arrêté fixant le montant de la caution pour chaque élection. Naturellement, ces dispositions ont provoqué une levée de boucliers de l’opposition et d’une partie de la société civile. Si bien qu’aujourd’hui tous les chemins mènent à la Place Soweto, siège de l’institution parlementaire, pour combattre ce texte. Et le moins que l’on puisse dire est que les débats vont être houleux au sein de l’hémicycle. Des risques réels de confrontation à la devanture de l’Assemblée nationale et sur tous les axes menant vers la représentation nationale ne sont pas à écarter non plus. D’autant que le préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, a déjà invoqué l’arrêté numéro 007580/Mint/Sp du 20 juillet 2011 communément appelé «arrêté Ousmane Ngom» pour interdire les manifestations annoncées par l’opposition. Le préfet évoque entre autres : «menaces de troubles à l’ordre public, risques d’infiltration par des individus, risques d’affrontements entre personnes appartenant à des camps opposés, mais aussi entrave à la libre circulation des personnes et des biens». Il n’a pas manqué d’avertir que toute violation de cette mesure sera punie des peines prévues par la loi. Il poursuit en précisant que les autorités en charge de la sécurité publique (gendarmerie et police) s’affairent pour assurer l’ordre public. Ce qui laisse déjà entrevoir des risques d’affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. En effet, les partis de l’opposition et les associations de la société civile comme «Y en a marre» appellent depuis quelques jours à la mobilisation et ne comptent pas reculer. Mgr benJaMin ndiaYe a deMandé au Président de surseoir à L’exaMen du ProJet de Loi En outre, il faut préciser que les tentatives de rapprochement des différentes parties n’ont pas été payantes. En effet, malgré la médiation jouée par des membres de la société civile, le pouvoir n’a pas voulu lâcher du lest et a décidé de maintenir le vote du texte controversé. D’ailleurs, le groupe de médiateurs dirigé par Alioune Tine s’est rendu dans les cités religieuses pour essayer de rapprocher les positions du pouvoir et de l’opposition. Et selon le président du Forum du Justiciable qui faisait partie de l’équipe de médiateurs, leurs visites auprès des chefs religieux entamées depuis lundi ne sont pas restées vaines. «Tous les chefs religieux ont indiqué qu’ils ne ménageront aucun effort pour la paix sociale. D’ailleurs, le chef de l’Eglise a fait une sortie aujourd’hui (Ndlr : Hier) pour appeler les deux parties au calme. Mgr Benjamin Ndiaye a demandé au Président Macky Sall de surseoir à l’examen du projet de loi portant parrainage. Il a invité également l’opposition à suspendre toute manifestation afin de créer les conditions d’un dialogue sincère et constructif», souligne Babacar Ba. Il ajoute que le chef du groupe de médiateurs, en l’occurrence Alioune Tine, s’inscrit dans la même logique que le chef de l’Eglise. « Je demeure convaincu que le projet sera retiré, car l’appel des chefs religieux ne sera pas vain. Et c’est la seule issue pour la paix sociale », a assuré Babacar Ba. enJeux PoLitiques du vote Tout compte fait, sur le plan politique, le vote du projet de loi sur le parrainage présente un enjeu de taille pour le pouvoir, l’opposition et une partie de la société civile. En effet, cet évènement est baromètre pour tout un chacun de mesurer son niveau de crédibilité dans le pays. Par ailleurs, il faut relever que l’adoption de ce texte peut aussi installer le pays dans une situation de troubles avec des séries de manifestations pré électorales. En attendant d’y voir clair, ce qui est constant, c’est que le principal instigateur de ce texte, le Président Macky Sall s’est envolé pour la France pour des entretiens avec son homologue français, Emmanuel Macron sur « des sujets d’intérêt commun». Fuite en avant ou pas ? Il appartiendra en tout cas au ministre de la Justice et au ministre de l’Intérieur de gérer la crise : le premier pour défendre le projet à l’Assemblée nationale. Le second pour assurer le maintien de l’ordre