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CHRONIQUE DE MAME GOR NGOM : Compaoré bourreau de Damiba et du Faso


La chute de Paul-Henri Sandaogo Damiba a été actée le jeudi 7 juillet

  1. Ce jour-là, Blaise Compaoré a été reçu au Palais Kossyam sous le
    couvert d’une réconciliation nationale dont les termes de référence sont
    particulièrement flous. Le président de la Transition burkinabè venait de
    se tirer une balle au pied. Car, il est difficile d’expliquer une telle initiative
    après huit ans d’exil d’un président qui a été à l’origine du drame actuel.
    Si Compaoré ne s’était pas entêté, s’il ne voulait pas rester éternellement
    au pouvoir, il aurait pu partir à temps en organisant une élection ouverte
    à toutes les forces. Mais, il avait décidé de ne pas démentir cette vérité
    biblique selon laquelle celui qui règne par les armes, périra par les armes.
    Il fallait qu’il paie ses crimes et châtiments surtout son implication sur la
    mort de Thomas Sankara en 1987.
    Inviter une telle personnalité alors qu’elle venait même d’être condamnée
    à perpétuité, c’est souiller la mémoire de toutes les victimes d’un sinistre
    régime qui n’a réussi à s’imposer qu’à force de manœuvres politiciennes,
    de brimades, de corruption et de pillages systématiques des ressources
    d’un pays exsangue.
    Damiba n’a voulu rien comprendre sinon il pouvait déduire que
    l’opposition ferme des partisans de Kaboré contre cette rencontre illustre
    un certain dégoût. Les fortes voix qui s’étaient élevées constituaient des
    éléments forts de discrédit d’un homme et de son régime militaire qui se
    cherchaient laborieusement. Damiba avait lancé un signal si mauvais
    que tous, au-delà de son pays, ont dû se pincer pour pouvoir accepter
    que c’ est le bourreau de Sankara qui venait d’être réhabilité par des fils
    d’une révolution qui prône une autre manière de faire aux antipodes des
    méthodes qui ont fini par assommer « le pays des hommes intègres ».
    A l’incompétence face aux urgences de l’heure, est venue se greffer
    l’indignité. Une maladresse digne des faibles, des suffisants, des
    prétentieux condamnés à se heurter au mur de la honte.
    C’était aussi une autre blessure infligée à une justice longtemps
    chahutée dans la mesure où Compaoré a refusé de se présenter au
    tribunal arguant en octobre 2021 que c’est un « procès politique
    organisé à son encontre devant le tribunal militaire de Ouagadougou,
    c’est-à-dire devant une juridiction d’exception ». Des mots d’autant plus
    graves qu’il vient d’un président déchu qui a obtenu la nationalité
    ivoirienne quelques mois après son arrivée dans ce pays.

Un cas d’école
Donc, même si le désormais ex-président Damiba a soutenu que la
fameuse rencontre est « importante pour la vie de la Nation et n’entrave
pas les poursuites judiciaires contre Compaoré », le mal était déjà fait.
Le fossé entre les putschistes et une bonne partie du peuple
n’a cessé de s’élargir. Un malentendu qui a exposé à la face du monde
un manque d’inspiration et de leadership de ceux-là qui avaient promis
un redressement de la situation ici et maintenant.
L’échec face aux brigands impitoyables n’a fait qu’exacerber une
impopularité grandissante des nouvelles autorités. Après huit mois au
pouvoir, c’est le statu quo. Pire, les choses vont de mal en pis.
Les armes qui crépitent à Ouagadougou viennent de leur rappeler que
gérer un pays va au-delà de la témérité, du simple volontarisme et
d’un nationalisme de mauvais aloi. Le Burkina qui pensait retrouver le
chemin du développement et de la démocratie après la chute de
Blaise Compaoré se cogne à la dure réalité d’un contexte régional dont
le contrôle a complètement échappé au pouvoir démocratiquement
mis sur place après les secousses qui ont suivi le départ du « Beau
Blaise » devenu si moche. C’est un État failli, détruit, humilié. La mort
le lundi 26 septembre 2022, d’une centaine de militaires et civils
illustre la décrépitude de la situation et montre l’échec de Damiba et
d’une armée qui peine à jouer son rôle de défense d’un territoire de
plus en plus compromis. Compaoré est un cas d’école pour tous ceux
qui tentent de s’accrocher au pouvoir. Une simple volonté personnelle
a mis le chaos partout. Quelle méchanceté ! Quelle folie !