Portrait – De l’agriculture à la politique : Issa Baldé, philanthrope par conviction
De zéro à héros. C’est à partir du troupeau de vaches et du champ de la famille que Issa Baldé, 50 ans, a fait fortune dans l’agriculture. Aujourd’hui, ce néo-politicien sublime l’agriculture tout en partageant ses revenus avec tout le monde. Le héros de Kandia se raconte et déconseille l’émigration irrégulière.
Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) – Il ne fait jamais les choses comme ses camarades de classe. De la classe politique. Issa Baldé, 50 ans, ne distingue pas les militants et sympathisants de ses adversaires politiques quand il s’agit d’appuyer les habitants de sa commune natale de Kandia, département de Vélingara. Ses contre-performances électorales non plus, ne suffisent point à décourager dans sa prodigalité le fils prodigue du village de Dialakégny. Au courant de cet été, après sa candidature malheureuse aux Locales passées, Issa Dialakégny, comme on l’appelle, a distribué 36 millions de F Cfa à 72 groupements féminins de la commune, en raison de 500 mille francs par groupement. Ousmane Bamina Sabaly, un de ses lieutenants en politique, indique : «Issa avait promis, pendant la campagne des Locales, d’aider au financement de la campagne agricole des femmes. Il tient sa promesse sans tenir compte des résultats issus des urnes par village. D’ailleurs, comme par hasard, ce sont les villages qui ont le moins voté pour son camp qui se sont précipités à la Caisse du Crédit mutuel du Sénégal pour récupérer leur enveloppe. Il refuse que l’on mêle ses actions humanitaires à des considérations politiques, familiales ou autres.»
Ce bel homme de teint clair avec un petit embonpoint, haut sur son mètre 78, ne fait pas la politique comme les autres. C’est qu’il est entré en politique par effraction. Par nécessité pour être plus juste, aux côtés de l’allié des Locales passées, l’ancien maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé. «Il s’est décidé à entrer en politique et à être candidat pour le poste de maire de Kandia à 6 mois du scrutin. Il l’a fait par amour pour son terroir, parce qu’il n’arrivait pas à faire avancer certains de ses projets de développement pour la localité, du fait des blocages voulus par des hommes politiques de la commune qui le voyaient déjà comme un concurrent sérieux…» Et ce n’est pas Elhadji Malick Dia (Apr), son tombeur aux Locales, qui dira le contraire. La Coalition Bby a devancé le néophyte de 177 voix. Soit 1552 voix pour le maire sortant (Bby) et 1375 pour Issa Baldé et l’Ucs.
«L’agriculture est le meilleur des métiers»
L’ancien élève de l’école élémentaire de Kandia puis du Cem Chérif Samsidine Aïdara de Vélingara où il s’est arrêté en classe de 3ème, a fait fortune à partir de l’exploitation des terres et du troupeau de vaches de sa famille. A 50 ans, Issa Baldé est actuellement à la tête d’un important patrimoine immobilier, foncier, animalier (bovins, caprins et ovins) et roulant (tracteurs et véhicules). Il construit cases de santé, logements de personnel de santé, logements pour enseignants, mosquées, miradors dans des places publiques et finance des groupements de femmes. Mais aussi, il prend en charge la scolarité d’élèves qui se sont illustrés par leurs bons résultats.
En ce qui concerne l’origine de cette fortune, Issa renseigne : «Après avoir abandonné les études en classe de 3ème, je me suis installé au village auprès de mes parents. Mon papa a refusé que je voyage comme je le voulais. Je me suis plié à ses volontés et il m’a obligé à me marier pour libérer ma maman vieillissante des tâches ménagères. J’ai commencé par le coton comme culture de rente et ça me réussissait bien. Avant d’intégrer le bassin de l’Anambé avec la riziculture. Et la riziculture a aussi marché pour moi. Je me fais toujours une obligation de respecter tous les itinéraires techniques conseillés par les techniciens. L’agriculture est le meilleur métier au monde. Surtout dans ces zones où la terre est disponible et fertile, et la pluie suffisante.» L’actuel président de la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba) ajoute : «Avec l’agriculture, on entretient sa famille à la sueur de son front, on est autonome, ne dépendant que de la pluie et de la terre, de la nature en fait, et non de quelque individu. On nourrit animaux, oiseaux et l’on fertilise la terre à partir des résidus des récoltes. C’est le côté charmant et hautement bonifiant du métier d’agriculteur. L’agriculture nourrit son homme.» Il ajoute : «On n’a pas besoin de quitter son terroir si l’on accepte de se donner à fond dans le travail de la terre. Je voyage souvent en Europe, mais je trouve qu’il est plus valorisant de travailler la terre chez soi et pour soi que de le faire en Europe», tranche-t-il, un brin fier de ses performances.
Cette année encore, Issa Dialakégny a emblavé près de 100 hectares en riz, maïs et arachide. Son chiffre d’affaires annuel ? Il refuse de le dévoiler. Mais informe : «J’ai un encours de créances de près de 63 millions de F Cfa. Des individus me doivent ce montant d’argent. Certains sont décédés et d’autres ne sont plus capables de me rembourser. Dieu rétribue les bonnes œuvres.» Chez Issa, «la politique, la bonne et la seule qui vaille, c’est celle qui développe les terroirs en appuyant le développement individuel. N’importe qu’elle autre politique n’est que saupoudrage et ruse», affirme-t-il avec fermeté.
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