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CHERIF SALIF SY, ECONOMISTE : « On veut développer l’Afrique, mais on compte sur l’argent des autres …ça ne marchera pas »

ECONOMIE : Selon l’économiste, Chérif Salif Sy, à l’instar des économies africaines, celle sénégalaise est toujours dans une zone de turbulence et sous la dictée des institutions internationales. C’est la raison pour laquelle, il a invité de ses vœux, les pays africains à prendre le contrôle de leurs économies. 

Cherif Salif Sy était l’invité d’ARCADE, dans le cadre des « Samedi de l’économie » dont le thème était : « La problématique du financement des économies africaines ». « Le financement des pays moins développés est appréhendé de manière spécifique par les autorités politiques et monétaires qui voient l’importance d’avoir une stratégie des programmes et des choix responsables. Tout comme la mobilisation des ressources, tout commence par la mobilisation des ressources internes et de l’épargne intérieur, à savoir l’épargne des sociétés qui sont les principales sources, l’épargne publique c’est-à-dire les surplus des dépenses courant de l’État et l’épargne des ménages si on parle de financement monétaire », a diagnostiqué d’emblée le Professeur Cherif Salif Sy. « Et voilà, où se trouve la difficulté du Sénégal, la première étude sur le plan Sénégal montre que l’Etat investit à hauteur de 52%, l’ensemble du secteur privé international et national 25% et les 25%, ce sont des dons.  Je crois que c’est inquiétant », a-t-il poursuivi. En effet, le Pr Sy trouve que le secteur privé national sénégalais dépasse à peine 10%, en termes, d’investissements. « Ce qui est le mal fondamental de l’Afrique, c’est qu’on veut développer l’Afrique, mais on compte sur l’argent des autres. Ça ne tiendra pas. Ça ne marchera pas », a martelé Cherif Salif Sy. 

« L’ETAT DOIT ORIENTER LES RESSOURCES DISPONIBLES VERS L’INVESTISSEMENT »

 « L’épargne, c’est un investissement différé. C’est de l’argent qui était prévu pour investir et c’est la responsabilité de l’Etat comme l’a fait l’Inde et la Chine.  D’où l’intérêt de la mobilisation des ressources de nos diasporas et l’épargne du secteur privé national, en l’orientant vers l’investissement », a expliqué l’économiste. « C’est le devoir de l’Etat d’être autoritaire sur l’option d’orienter l’épargne pour l’investissement. En plus, de la détermination du volume quantitatif d’épargne potentiel, il faut passer à une analyse qualitative, se traduisant par des actions spécifiques sur des structures de cette épargne », a-t-il suggéré.

Selon l’ancien ministre-conseiller en économie du Président Abdoulaye Wade, la mobilisation de l’épargne constitue la pierre angulaire de financement de l’économie. «La mobilisation de l’épargne constitue la pierre angulaire de financement de l’économie. On peut dire, c’est l’approche fondamentale si on parle de financement monétaire. L’inflation est la deuxième manière indirecte de financer par le prélèvement autoritaire. Il faut quand même mobiliser des ressources et les orienter vers les investissements », poursuit-il. « On ne peut pas avoir des populations qui refusent ou une partie d’une population extrêmement riche qui refuse de participer à l’effort de construction nationale qui organise toutes ses manifestations dans des écoles qui sont transformées de plus en plus comme des arènes d’entrainement pour la lutte nationale. Ce n’est pas possible. Je crois l’Etat à la responsabilité d’orienter les ressources disponibles vers l’investissement productif, seul créateur de richesse », croit savoir Cherif Salif Sy. 

Abdoulaye DIAO