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Prisons : douzième jour de blocage, la majorité des syndicats refusent l’accord avec le gouvernement

Depuis deux semaines, les gardiens de prison montrent leur colère par des blocages. La situation « devient explosive », selon la contrôleur des prisons. Jeudi, deux des trois syndicats des surveillants ont refusé l’accord du gouvernement.

Pour la contrôleure générale des prisons, Adeline Hazan, il est urgent de sortir de ce conflit, pour éviter que la situation ne devienne explosive dans les établissements pénitentiaires.Deux des trois syndicats représentatifs des gardiens, FO et la CGT, ont refusé l’accord proposé par la ministre de la Justice.

Gestion des détenus radicalisés

La garde des Sceaux Nicole Belloubet a proposé jeudi 25 janvier aux syndicats un projet d’accord censé répondre à la colère des 28 000 surveillants. Il comprend notamment des mesures pour améliorer la gestion des détenus radicalisés, renforcer la sécurité des agents, la création de 1 100 emplois supplémentaires et une enveloppe de plus de 30 millions d’euros pour des indemnités. « Nous faisons des propositions très sérieuses en matière de sécurité, en matière indemnitaire, en matière de prise en compte de la profession », a expliqué la ministre de la Justice. Le chef de l’État et le Premier ministre ont réitéré jeudi leur soutien à Nicole Belloubet et ont appelé les gardiens de prison à la responsabilité. Jeudi, sur son compte Facebook, le Premier ministre Édouard Philippe a jugé « tenables » les propositions du gouvernement.

De leur côté, la CGT-pénitenciaire (15 %) et le SNP-Force Ouvrière (30 %) ont annoncé qu’elles ne signeraient pas le nouveau projet d’accord du ministère de la Justice. La CGT déplore notamment l’absence de proposition sur l’évolution statutaire des personnels. Quant au syndicat majoritaire, l’Ufap-Unsa-Justice (40 %), il a indiqué qu’il consultait sa base avant de se prononcer. Toutefois, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (qui n’est pas un syndicat représentatif dans l’administration pénintenciaire), a reconnu vendredi « des avancées significatives » dans les propositions du gouvernement en direction des gardiens de prisons en grève, « notamment sur les quartiers étanches [pour les détenus radicalisés], mais il faut aussi aller sur les protections individuelles des surveillants et sur des organisations de travail qui permettent de ne pas se retrouver seul à certains moments ».

Diminution des prisons bloquées

La direction de l’administration pénitentiaire (DAP) faisait état vendredi matin d’une diminution du nombre d’établissements touchés, sur les 188 que compte la France. La DAP mentionnait ainsi en début de matinée « quarante établissements sans prise de service normale, contre soixante-douze hier à la même heure », une vingtaine de piquets au lieu de 84 jeudi et une diminution des interventions de gendarmes et de policiers pour débloquer les accès ou suppléer les gardiens.

Cependant, le mouvement continue. À Fresnes (Val-de-Marne), une vingtaine de surveillants, seulement, sur 150 ont repris leur service vendredi, selon FO. Dans les Yvelines, deux établissements étaient bloqués par quelques dizaines de surveillants, qui brandissaient des panneaux « Belloubet, on veut du blé », « Ministère de la misère » et « 5 000 agressions par an, honte ! ». La maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) était bloquée par une vingtaine de manifestants, alors qu’à Osny (Val-d’Oise) et au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), la majorité des surveillants ont refusé de prendre leur service, comme dans plusieurs établissements pénitentiaires de l’ouest de la France. Dans l’Est, les prisons de Metz, de Nancy et de Strasbourg étaient bloquées. Aucune manifestation n’était en revanche organisée devant les Baumettes, à Marseille.

Le ministère de la Justice via l’administration pénitencière a demandé mercredi aux directeurs de prison d’appliquer des sanctions contre les surveillants qui bloquent les établissements, alors qu’ils n’ont pas le droit de grève. La mobilisation des surveillants semble désormais prendre la forme de congés maladie pour tenter de contourner les sanctions, notamment pécuniaires.
Avec AFP