SELON LA BANQUE MONDIALE : « Le commerce africain peut doper la croissance et réduire la pauvreté en Afrique »
ECONOMIE : La Banque mondiale invite les pays africains à commercer davantage entre eux pour développer le continent et éradiquer la pauvreté. Les auteurs de ce rapport ne recommandent ni plus, ni moins qu’une intégration commerciale, de fait.
« À l’instar d’un pilote automobile, l’Afrique subsaharienne doit négocier les virages de l’environnement commercial mondial pour parvenir à réduire la pauvreté et améliorer le niveau de vie d’une population qui compte 1,2 milliard d’habitants dont plus de la moitié de jeunes », suggère la Banque mondiale dans un rapport.
Lequel ajoute que pour atteindre ces objectifs, l’Afrique se heurte à des difficultés en constante évolution comme : une fragmentation internationale de la production de plus en plus marquée dans le monde entier, la prolifération des accords commerciaux régionaux, l’apparition de nouvelles frontières économiques avec la montée en puissance de l’Asie de l’Est et du Sud, la révolution numérique et, dans son sillage, l’essor de technologies économes en main-d’œuvre, et, plus récemment, la pandémie de COVID-19.
Dans ce nouveau rapport, la Banque mondiale met en évidence les ingrédients indispensables à la réussite de l’Afrique dans l’environnement commercial mondial actuel. Les auteurs proposent une approche à trois volets pour faciliter l’accès de l’Afrique aux marchés : évaluer et repenser les échanges avec les partenaires commerciaux traditionnels que sont les États-Unis et l’Union européenne (UE), opérer une diversification stratégique des échanges avec l’Asie et approfondir l’intégration commerciale intra-africaine.
« Il est impératif de combiner les préférences commerciales unilatérales à d’autres efforts pour développer le commerce et les investissements entre les pays africains et les économies avancées, dont principalement les États-Unis et l’Union européenne, et résoudre ainsi les problèmes structurels qui limitent les capacités d’exportation de la région. La communauté internationale doit en outre se départir d’accords commerciaux dont la profusion a pour effet de renforcer une fragmentation économique et politique qui entrave de longue date les perspectives d’intégration de la région », recommandent les auteurs du rapport.
Pour eux, il convient au contraire d’adopter des accords plus structurés avec les communautés économiques d’Afrique, de manière à faciliter les réseaux de production et encourager les initiatives de coopération au niveau sous-régional, tout en contribuant à réduire les risques de conflit grâce à une meilleure intégration économique des pays membres.
LA ZLECAF POUR APPROFONDIR L’INTEGRATION INTRA-AFRICAINE
« Surtout, les pays africains doivent entreprendre d’ambitieuses réformes structurelles intérieures pour accroître les capacités d’approvisionnement de la région. À savoir : améliorer la connectivité numérique, réformer les principales institutions qui régissent les cadres juridiques (en matière d’exécution des contrats et de protection des droits de propriété, par exemple), alléger la pression réglementaire, améliorer les possibilités d’importation d’intrants par l’abaissement des droits de douane intérieurs et favoriser l’accès aux infrastructures par la création de véritables zones économiques spéciales », poursuivent-ils.
« Le succès de l’Afrique subsaharienne sur les marchés mondiaux repose sur une intensification de l’intégration régionale, condition d’une montée en puissance des capacités d’approvisionnement et d’un renforcement des chaînes de valeur régionales. La création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ouvre des perspectives pour doper le commerce intra-africain, renforcer les complémentarités de la production et des exportations, créer des emplois et réduire les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les pays participants », se félicite le rapport de la Banque mondiale, estimant qu’elle peut aussi permettre d’accroître la résilience face aux chocs mondiaux, de favoriser le commerce de biens plus diversifiés et de réduire les conflits. « Une plus grande intégration régionale revêt une importance capitale pour la réussite de la ZLECAF », insiste le rapport.
Mamadou SARR