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URGENT: Luc Montagnier, Prix Nobel de médecine, est mort

SANTE : Le professeur, récompensé en 2008 pour sa participation à la découverte du virus responsable du sida, était âgé de 89 ans.

Luc Montagnier est mort à l’âge de 89 ans à l’hôpital américain de Neuilly, a annoncé le maire de la ville, Jean-Christophe Fromantin. La mairie de Neuilly a assuré disposer de son certificat de décès. Figure de l’Institut Pasteur entre 1972 et 2000, le scientifique a longtemps été célébré pour ses travaux sur la découverte du virus du sida, qui lui ont valu un prix Nobel en 2008. Ces dernières années, son étoile a toutefois pâli dans la communauté scientifique.

Depuis le début de la pandémie de Covid, Luc Montagnier est devenu comme une figure tutélaire des antivax et a été désavoué par ses pairs en raison de ses théories peu scientifiques. Il affirme que les vaccins ont créé les variants du Sars-CoV-2. De nombreux scientifiques contestent ces affirmations, contredites par le fait que les principaux variants sont apparus avant la campagne de vaccination.

« J’ai toujours cherché l’insolite. J’ai du mal à travailler sur un courant déjà établi », confiait ce biologiste spécialiste des virus dans un documentaire consacré à des travaux qu’il qualifiait lui-même de « sulfureux » sur la « mémoire de l’eau », diffusé sur France 5 en juillet 2014. Fines lunettes métalliques, œil vif et visage toujours poupon à 80 ans passés, le virologue se décrivait comme un « marginal » en blouse blanche malgré ses lauriers internationaux, avec le prix Nobel attribué en 2008 pour une découverte réalisée un quart de siècle plus tôt.

Un spécialiste des rétrovirus et oncovirus

Né le 8 août 1932 à Chabris, dans l’Indre (centre de la France), le virologue Luc Montagnier dirigeait depuis 1972 à l’Institut Pasteur un laboratoire spécialisé dans les rétrovirus et oncovirus (responsables de cancers). Début 1983, il isole avec ses « associés » Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann un nouveau rétrovirus, qu’il baptise provisoirement LAV (Lymphadenopathy Associated Virus), à partir d’un prélèvement effectué par le Dr Willy Rozenbaum sur un jeune malade, un homosexuel ayant séjourné à New York.

C’est pour lui l’agent « causal » de la nouvelle maladie. Mais la découverte est accueillie avec « scepticisme », en particulier par l’Américain Robert Gallo, grand spécialiste des rétrovirus. « Pendant une année, nous savions que nous avions le bon virus […], mais personne ne nous croyait et nos publications étaient refusées », racontait Montagnier 30 ans après.

En avril 1984, Margaret Heckler, secrétaire d’État américaine à la Santé, annonce que Robert Gallo a trouvé la cause « probable » du sida, un rétrovirus baptisé HTLV-III. Mais ce dernier s’avère être rigoureusement identique au LAV trouvé plus tôt par l’équipe de Montagnier… La polémique enfle : qui est le véritable découvreur du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), Montagnier ou Gallo ? La question est importante, car elle permet de régler la question des royalties liées aux tests de dépistage.

VIH : un épilogue 20 ans après sa découverte

Le différend aboutit à une conclusion provisoire et diplomatique en 1987 : États-Unis et France signent un compromis où Gallo et Montagnier sont officiellement qualifiés de « codécouvreurs ». Le véritable épilogue intervient 20 ans après, avec l’attribution du Nobel pour la découverte du VIH, non pas à Gallo, mais à Montagnier et à son associée Barré-Sinoussi.

TOUTINFO.NET (avec LE Point)