Kinshasa veut fermer la « Maison Schengen » de la Belgique
La République démocratique du Congo a signifié à la Belgique sa volonté de fermer « dans un bref délai » la Maison Schengen de Kinshasa, une sorte de consulat de l’Union européenne géré par Bruxelles.
C’est une énième crise diplomatique entre Kinshasa et la Belgique, son ex-puissance coloniale. La République démocratique du Congo a signifié mercredi 24 janvier à Bruxelles sa volonté de fermer « dans un bref délai » la « Maison Schengen » de Kinshasa, sorte de consulat de l’Union européenne géré par Bruxelles pour le compte de 17 pays membres plus la Norvège.
Kinshasa a également fait savoir au gouvernement belge que sa « nouvelle agence de développement (Enabel) n’a plus sa raison d’être en République démocratique du Congo et, dès lors, lui demande de tirer les conséquences qui s’imposent », dans une note à l’ambassade de Belgique en RDC dont l’AFP a eu copie.
La note « est arrivée à destination cet après-midi », a indiqué une source dans l’entourage du président Joseph Kabila. En début de soirée, la Belgique indiquait ne rien savoir. Cette note, « non datée et non signée », « n’a pas été authentifiée par le ministère belge des Affaires étrangères qui a affirmé ne pas l’avoir (encore) reçue », selon l’agence de presse Belga.
Un centre commun de réception des demandes de visas
Différente de l’ambassade de Belgique, « la Maison Schengen à Kinshasa est un centre commun de réception des demandes de visas. Cette coopération entre plusieurs Etats de l’espace de libre-circulation Schengen a été créée comme initiative belgo-portugaise. Elle est dirigée par la Belgique et opérationnelle depuis le 5 avril 2010 », lit-on sur son site. Située en centre-ville à Kinshasa, elle gère les demandes de visas court-séjour pour entre autres l’Allemagne, la France, l’Italie, la Suède, et bien sûr, la Belgique, d’après la liste sur le site.
Après le « démantèlement » de ce dispositif consulaire, « les ambassades concernées » devront « reprendre leurs responsabilités en la matière dans un délai qui sera communiqué par voie diplomatique », indique un communiqué de presse du ministère congolais des Affaires étrangères.
Un contexte tendu
Cette demande de fermeture intervient dans un contexte interne et diplomatique de plus en plus tendu. La Belgique avait elle-même annoncé le 10 janvier « une révision fondamentale » de sa coopération avec les autorités congolaises jusqu’à « l’organisation d’élections crédibles ».
« Je m’insurge contre la répression des rassemblements pacifiques en RDC », a réagi mardi sur Twitter le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, après la répression de nouvelles marches interdites dimanche dernier qui ont fait au moins six morts à Kinshasa, d’après les Nations unies.
L’Union européenne a fait savoir qu’elle souhaitait « des enquêtes judiciaires effectives afin que les responsables puissent en répondre devant la justice » après cette nouvelle répression.Le secrétaire général des Nations unies, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis dans un communiqué conjoint, l’ambassadeur du Canada, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ont également montré du doigt ou condamné le régime du président Kabila en lui demandant le respect des libertés fondamentales.
Son deuxième et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016. Des élections sont prévues le 23 décembre 2018. Toute manifestation est interdite en RDC depuis septembre 2016.
Avec AFP