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PRIX NOBEL DE MEDECINE 2021 : Les Américains David Julius et Ardem Patapoutian lauréats

SANTE : Les deux chercheurs ont été récompensés, lundi, pour leurs découvertes sur les récepteurs de température et le toucher.

Le prix Nobel de médecine ouvre, lundi 4 octobre, la saison 2021 des célèbres récompenses. Pour le 120e anniversaire des prix, les Américains David Julius et Ardem Patapoutian ont été récompensés pour leurs découvertes sur la façon dont le système nerveux ressent la température et le toucher.

Leurs « découvertesrévolutionnaires »ont« permis de comprendre comment la chaleur, le froid et la force mécanique peuvent être à l’origine des impulsions nerveuses qui nous permettent de percevoir et de nous adapter au monde », a commenté le jury Nobel à Stockholm.

David Julius, 65 ans, professeur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), a utilisé la capsaïcine, un composant actif du piment qui provoque une sensation de brûlure, pour identifier un capteur dans les terminaisons nerveuses de la peau qui réagit à la chaleur.

Ardem Patapoutian, 54 ans, professeur à l’institut de recherche Scripps en Californie, a, lui, utilisé des cellules sensibles à la pression pour découvrir une nouvelle classe de capteurs qui répondent aux stimuli mécaniques dans la peau et les organes internes. « En science, souvent, on prend pour acquises des choses qui sont très intéressantes », a affirmé le plus jeune des deux lauréats à la Fondation Nobel. Ces capteurs, « on savait qu’ils existaient, on savait qu’ils faisaient quelque chose de très différent de la plupart des autres cellules qui communiquent entre elles chimiquement. Mais la réponse était difficile à donner », selon Ardem Patapoutian.

« J’ai cru que c’était un canular »

« Ce sont tous les deux des chercheurs incroyables qui ont ouvert les portes de la sensation sensorielle d’une manière totalement unique », a loué Thomas Perlmann, chef du comité Nobel pour la médecine, devant les journalistes.

Au cours de la nuit sur la côte ouest des Etats-Unis, la Fondation Nobel est parvenue avec difficulté à joindre les deux lauréats par téléphone, a-t-il expliqué. Elle a diffusé une photo familiale d’Ardem Patapoutian dans son lit, félicité par son fils.

Ce prix a déjoué les pronostics des experts, même si David Julius figurait depuis 2014 dans la longue liste des nobélisables scientifiques tenue par l’organisme Clarivate. Il avait également remporté en 2019 le nouveau et richement doté prix Breakthrough (3 millions de dollars, soit environ 2,58 millions d’euros), créé par les fondateurs de Google et Facebook.

« On ne s’attend jamais à ce que ces choses arrivent. (…)J’ai cru que c’était un canular », a affirmé ce natif de New York, joint par la radio publique suédoise.

D’autres noms évoqués

Deux tandems étaient vus comme favoris : d’une part, la Hongroise Katalin Kariko et l’Américain Drew Weissman, pionniers des vaccins à ARN messager et professeurs à l’université de Pennsylvanie. D’autre part, l’Américain Max Cooper et l’Australien d’origine française Jacques Miller pour avoir découvert que des globules blancs essentiels à l’immunité humaine se divisaient en deux catégories, les lymphocytes B et T, perçant ainsi le secret du thymus, dernier organe humain dont on ignorait encore la fonction précise dans les années 1960.

Outre ces deux tandems, de nombreux chercheurs avaient leurs chances, comme les pionniers de l’adhésion des cellules, le Japonais Masatoshi Takeichi, l’Américano-Finlandais Erkki Ruoslahti et le Britannique Richard Hynes. En épigénétique, l’Américain David Allis et l’Américano-Roumain Michael Grunstein pour leurs découvertes sur le rôle des histones dans la régulation de l’impact des gènes sur les cellules. Contre le cancer du sein, les Américains Dennis Slamon et Mary-Claire King pouvaient être sacrés pour avoir identifié des gènes facteurs de risques et ouvert la voie à des traitements.

L’Australo-Britannique Marc Feldmann et le Britannique Ravinder Maini étaient, eux, évoqués depuis des années pour leurs découvertes contre la polyarthrite rhumatoïde. Un autre Britannique, Julian Davies, aurait pu voir consacrer la résistance antibiotique, sujet de préoccupation croissante.

L’an dernier, déjà en pleine pandémie, le prix 2020 était allé à des virologues, les trois découvreurs de la redoutable hépatite C.

224 lauréats dont douze femmes

La saison des Nobel se poursuit à Stockholm mardi avec la physique, mercredi avec la chimie, avant les très attendus et toujours très ouverts prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le prix d’économie clora le millésime lundi prochain.

Avec ce 112Nobel de médecine, ils sont désormais 224 à s’être vu décerner le prix « de physiologie ou de médecine » depuis sa création, dont seulement douze femmes.

Si les Nobel 2021 sont bien annoncés comme prévu cette semaine, le coronavirus a entraîné pour la deuxième année d’affilée l’annulation de la venue des lauréats pour la remise des prix le 10 décembre à Stockholm. Comme l’an passé, les prix seront remis dans les pays de résidence, même si un petit espoir demeure pour le prix de la paix à Oslo.

Pour ce dernier, la liberté de la presse (Reporters sans frontières, Comité pour la protection des journalistes…), l’opposition biélorusse et sa chef de file Svetlana Tsikhanovskaïa ou le climat, avec la Suédoise Greta Thunberg, 18 ans, et son mouvement des Fridays for Future, sont évoqués pour succéder au Programme alimentaire mondial.

Toutinfo.net (AFP)