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LA BANLIEUE DAKAROISE SOUS LES EAUX : Des sinistrés inondés de détresse et de colère

De Grand-Yoff à Keur Massar, en passant par Pikine, Diamaguène, Guédiawaye…plusieurs localités de la capitale sont sous les eaux. Les sinistrés n’ont que leurs yeux pour constater les dégâts et leur voix pour crier leur détresse et leur colère. Une colère qui a poussé des jeunes de plusieurs localités, notamment de Keur Massar, Diaksao…à descendre dans la rue. Réclamant une solution viable aux pouvoirs publics, les populations avertissent qu’elles ont plutôt besoin de sortir des eaux qui leur pourrissent la vie que de riz ou d’huile, comme on s’empresse de leur en donner dans de pareilles circonstances.

Revoila les inondations ! Après les précipitations de ces derniers jours, beaucoup de localités de la banlieue dakaroise sont sous les eaux. Des Parcelles assainies à Malika, en passant par Pikine, Yeumbeul, Boune, Keur Massar, des quartiers et des cités entières pataugent. Cette situation a fini d’exaspérer les populations qui ont manifesté hier dans plusieurs quartiers de la banlieue. de ans la commune de Diamagueune/Sicap-Mbao la situation des inondations, presque permanente s’est aggravée. Les populations qui ne savent plus à quelle autorité se vouer avaient manifesté la semaine dernière. Hier elles ont remis ça. Et c’est l’autoroute à péage qu’elles ont barré à hauteur de Tivaouane Diacksao. Les manifestants, des jeunes principalement, exigent l’évacuation immédiate des eaux de pluies qui ont fini de prendre possession du quartier. Les jeunes de Diaksao ne sont pas les seuls à manifester hier. A Fass Mbao, les populations sont sorties pour déverser leur colère dans la rue. Il a fallu l’intervention des forces, qui ont dû user de gaz lacrymogène pour disperser la foule et ramener l’ordre. Au niveau de Thiaroye les brassards rouges sont attachés partout dans les rues. 

Des eaux, de la détresse et de la colère partout dans la banlieue

A Grand-Yoff, plusieurs rues sont impraticables et au niveau de la zone de captage, la situation a empiré, avec la rupture d’une partie du mur de protection du bassin de rétention, laissant ainsi l’eau submerger les environs, à la grande détresse des riverains qui n’ont que leurs yeux pour constater les dégâts. Mais dans la lointaine banlieue, notamment à Keur Massar, la situation est sans commune mesure. Paradoxalement, c’est au niveau des Parcelles dites assainies que les eaux dictent le plus sa loi. Quasiment dans toutes les unités, notamment des unités 11 à 16, c’est le calvaire des eaux qui ont colonisé les rues, les espaces publiques et les maisons, les habitants pataugeant jusqu’au-delà des genoux. ‘’C’est la Sn Hlm qui nous a vendu les parcelles. On parle de parcelles assainies, or ici, c’est des parcelles non assainies. Dans chaque unité, il y a plus de 200 familles qui ont quitté à cause des inondations’’, clame le porte-parole des jeunes de l’Unité 12, qui ont manifesté leur colère dans la rue, en barrant la principale voie de circulation. Dans les quartiers environnants de Khamdallaye, Médinatoul, Double Less, Boune…c’est le même spectacle désolant : de l’eau partout et des familles désœuvrées, n’ayant plus que leurs terrasses ou les étages supérieurs de leurs concessions, pour se sauver des eaux. 

Même scène de désolation dans beaucoup de localités de l’intérieur du pays

A l’intérieur du pays, plusieurs localités sont envahies par les eaux, avec des situations catastrophiques dans certaines villes comme Kaolack et Touba. A Touba, les quartiers de Guédé, Keur Niang, pour ne citer que ceux-là, sont sous les eaux, avec des dégâts énormes dans les concessions où mobiliers et nourritures pataugent comme les hommes, mais aussi dans les commerces et petites entreprises. Dans plusieurs rues, avec ces journées d’accalmie, on peut voir des meubles exposés sous le soleil. Tout comme des familles entières se sont retrouvées dans la rue, certains n’ayant même plus d’habits à porter.

‘’Nous ne voulons ni de riz, ni d’huile ou de sucre…’’

Confrontées à l’eau et aux nuits blanches à la belle étoile pour beaucoup, les sinistrées ne savent plus où donner de la tête. En effet, il n’y a aucune solution en vue pour les tirer assez rapidement des eaux. Les autorités locales comme centrales sont presque invisibles dans plusieurs localités inondées. Et devant la détresse, elles n’ont que leurs voix pour appeler à l’aide à travers la presse. C’est le cas de cette dame de l’Unité 13 des Parcelles assainies, qui a imploré en wolof et en pulaar le Président Macky Sall. ‘’Macky Sall, venez-nous en aide. Vous êtes notre maman et notre papa ; il faut nous venir en aide, nous sommes au bout, nous avons tout perdu. Nous ne savons plus où aller’’, se lamente-t-elle, au milieu des eaux où elle vit avec ses enfants, dans une maison envahie par les eaux. Mais pour les populations, où l’essentiel d’entre elles, ce dont elles ont besoin, ce n’est pas un secours ponctuel en denrées comme c’est toujours le cas, mais une véritable solution pour les sortir de l’eau. ‘’Depuis 2009, on vit la même situation. On n’a plus où aller. Chaque année, on sort de nos maisons, tous nos mobiliers se sont gâtés. Nous n’avons pas besoin de riz, d’huile ou de sucre…Nous voulons juste qu’on nous sorte de l’eau’’, clame une autre habitante de l’Unité 13 des Parcelles assainies de Keur Massar. Qui ne manque pas de menacer. ‘’Nous nous adressons directement au Président Macky Sall. Soit il nous aide avec la construction d’un canal d’évacuation de l’eau, soit on lui tourne le dos. S’il ne règle pas nos problèmes, on ne votera pas pour lui’’. C’est la même colère qui anime beaucoup de familles à l’Unité 1. ‘’Je me demande à quoi sert la mairie. Dans toute l’Unité 1, il n’y a même pas une seule pompe pour aider les gens à évacuer l’eau’’, rouspète un jeune dont la maison familiale est envahie par les eaux. 

L’info