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ETATS GENERAUX DE L’ECO A LOME : Les 4 profils possibles de la future monnaie unique Eco

En prélude aux Etats généraux de l’Eco qui s’ouvrent aujourd’hui sous le thème : «Du F Cfa à l’Eco : quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest», l’Université de Lomé, sous la direction du professeur Kako Nubukpo, a produit un rapport qui porte le même titre et qui devra servir de base aux débats. Dans le rapport de 7 chapitres, les experts ont, entre autres, dressé les quatre profils possibles de la futur monnaie unique (Eco), que l’Info, qui a copie du document, vous livre. 

Selon l’équipe du Pr Kako Nubukpo, même si un certain nombre de zones d’ombres, voire d’aléas ou de risques existent, ce changement sans précédent, devant conduire à une monnaie unique, recèle des avantages économiques et financiers importants pour les pays de la région. ‘’L’ECO devrait faciliter les échanges commerciaux et financiers, réduire le coût des transactions financières entre les pays et renforcer la concurrence. Tout cela ne peut que stimuler la vitalité́ économique et donc engendrer une croissance économique durable à terme. Ce dynamisme économique positif ne pourra qu’attirer les investissements étrangers, accroitre la compétitivité́ économique de ses acteurs dans l’économie mondiale et cela devrait avoir un effet d’envergure sur le développement des pays et des sociétés de la région’’, note le rapport. Non sans relever que ‘’la politique monétaire de la région doit être en phase avec la politique économique de développement des pays et de la région dans son ensemble’’. 

Les 4 déclinaisons possibles de l’Eco, selon les experts

Le premier, ‘’l’Eco, simple avatar du franc CFA’’, parie sur l’élargissement progressif de l’UEMOA aux économies de la CEDEAO ayant le même profil d’exportatrices de matières premières agricoles. Dans cette option, la centralisation des réserves de change est fondamentale, et c’est le principal acquis de l’histoire du franc CFA. Elle suppose et traduit une grande solidarité́ politique entre les États de l’UEMOA et il ne faudra pas l’oublier en cas d’adhésion de nouveaux membres. Pour les experts, si l’on garde le principe de la centralisation des réserves, mais en recentrant leur gestion dans un autre cadre institutionnel, la souveraineté́ monétaire passe de la France à l’UEMOA puis à la CEDEAO. 

La deuxième option est celle d’un «Eco-réel». Il sera fondé sur la convergence réelle, celle du PIB/tête et non plus, comme dans le cas de l’Eco-CFA, sur le respect des critères nominaux de convergence. Dans ce cas de figure, les économies de la CEDEAO auraient l’obligation de converger vers le trio de tête que constituent le Cap-Vert, le Nigeria et le Ghana. L’Eco aurait un régime de change flexible encadré par un ciblage de l’inflation. La dynamique de convergence serait alors tout autre et les Etats de l’UEMOA perdraient leur statut de bons élèves de la convergence et donc de tracteurs du processus de mise en œuvre de l’Eco. Mais pour les experts, cette option n’est pas évidente. ‘’Le Nigeria, véritable poids lourd de la CEDEAO (70% du PIB et 52% de la population) est-il prêt à assumer un rôle de locomotive de la zone Eco ? Pourquoi accepterait-il d’être le prêteur en dernier ressort de la CEDEAO et surtout d’abandonner sa monnaie le Naira, dans un contexte actuel marqué par l’utilisation de la planche à billets pour résoudre les tensions internes à la fédération nigériane ? », s’interrogent-ils. 

Troisième option, l’Eco-Naira : dans ce cas de figure, souligne le rapport, on reviendrait à la philosophie initiale de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO), fondée le 20 avril 2000 à Accra (Ghana), par 6 pays (Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Nigeria, Sierra Leone) qui ont annoncé leur intention de créer une seconde zone monétaire en Afrique de l’Ouest, avec comme monnaie l’Eco (à coté́ du franc CFA de l’UEMOA). Le projet prévoyait une fusion ultérieure de cette zone avec l’UEMOA, afin de faire coïncider les frontières de cette nouvelle union avec celles de la CEDEAO. Mais le Sommet d’Abuja annonçant la création de l’Eco et le communiqué du Conseil des ministres de la ZMAO du 16 janvier 2020, accusant les Etats de l’UEMOA de violer l’esprit de la monnaie Eco à la suite de la déclaration d’Abidjan, ont compliqué les choses. Dès lors, pour les experts, tout ceci pourrait déboucher sur la création d’un «Eco-Naira», sous la houlette d’un Nigeria piqué au vif par l’initiative francophone d’un «Eco-CFA» en passe de se réaliser. 

La 4ème option, l’Eco monnaie commune et non unique part du fait que, tandis qu’une monnaie unique est nécessairement une monnaie commune, l’inverse n’est pas forcement vrai. Ici, les pays qui ne sont pas encore en mesure d’adhérer à la monnaie unique se lient à celle-ci par des accords de taux de change. Les mécanismes de résorption symétrique des déséquilibres de balance commerciale pourraient aider à une remise en circulation des surplus à l’intérieur de la zone CEDEAO, en incitant à des processus de spécialisation entre économies qui sont la base pour une augmentation du commerce intra-zone. Qui est à son tour l’un des objectifs économiques et politiques majeurs du processus d’intégration intra-zone. 

L’info