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APICULTURE AU SÉNÉGAL : Diagnostic d’une filière en balbutiement

Pour la quatrième année consécutive de la Journée mondiale des abeilles qui est célébrée ce jeudi, la FAO organise une manifestation en ligne sur le thème ‘’Volons au secours des abeilles-reconstruire en mieux pour les abeilles’’. Un moment choisi par Aboubacar Kondé, consultant en apiculture et apiculteur professionnel, pour faire un diagnostic de la filière apicole au Sénégal.

La journée mondiale des abeilles est célébrée aujourd’hui à travers le monde. A     cette occasion, la FAO organise une manifestation en ligne sur le thème ‘’Volons au secours des abeilles-reconstruire en mieux pour les abeilles’’. En prélude à cette visioconférence, le consultant en apiculture et apiculteur professionnel a fait un diagnostic de la filière au Sénégal. Selon Aboubacar Kondé le Sénégal a un très grand potentiel apicole dans la mesure où il dispose d’une biodiversité importante qui permet aux acteurs du secteur, de disposer de différentes ressources mellifères pour les abeilles. 

Toutefois, malgré ce fort potentiel, la filière qui en est à ses moments de balbutiement au Sénégal, est confrontée à d’énormes difficultés. ‘’Le secteur apicole rencontre toujours des difficultés car étant sous exploité’’, déclare-t-il. Ainsi, en dépit des financements et des aides consentis, le secteur peine à prendre son envol. ‘’Le pays peine à dépasser les 1000 tonnes par an de la demande nationale’’, renseigne M. Kondé. Et pourtant, note-t-il, le miel est un produit couramment utilisé par les Sénégalais dans la préparation des plats et par les tradipraticiens. Cette réalité découle du fait que l’apiculture est considérée au Sénégal comme étant une activité traditionnelle. ‘’Les pratiques actuelles ne sont pas sans incidence sur la qualité physicochimique, organoleptique, et sensorielle du miel’’.

Pour permettre à la filière de jouer une place de choix dans le développement économique du pays, le chargé de la formation au sein du G.I.E Sankaran Agro Api Vision a plaidé pour la modernisation du secteur. Mais cela demande selon lui, du travail qui concerne toute une chaine de valeur. Le travail de modernisation de secteur de l’apiculture passe donc pour lui, par la formation des apiculteurs, les faire comprendre l’enjeu du métier, en tenant compte des nouvelles pratiques modernes dans le secteur. L’apiculteur a aussi plaidé pour la promotion des pratiques de collecte durable pour assurer la qualité du miel. La lutte contre les feux de brousse, l’’interdiction de l’utilisation du feu de la collecte, le reboisement, le contrôle des ruches, les analyses physicochimiques, l’installation de nouvelles ruches et la préservation de l’environnement, entrent aussi dans le cadre de la modernisation du secteur. D’après le consultant, ‘’quand l’environnent est souillé, ou n’est pas protégé, c’est l’abeille en question qui est en danger. Etant le premier acteur de la régulation de la biodiversité, si elle est en danger, il y a moins de chance pour pouvoir la moderniser’’. 

L’apiculteur qui a recensement installé quelques ruches modernes dans le Fouta, plus précisément à Hamady Ounaré dans la région de Matam, envisage de poursuivre le travail de modernisation du secteur de l’apiculture. ‘’Nous essayons d’installer un peu partout au Sénégal des ruches modernes. Nous avons un pallier de 30 ruches modernes que nous sommes en train de préparer’’, confie Aboubacar Kondé. ‘’Il faut développer des techniques pour rendre nos abeilles beaucoup plus productives. Si l’abeille est beaucoup plus productive, elle devient douce et dans ce cas, on pourra augmenter la quantité du miel’’, ajoute-t-il. Non sans préciser que si le secteur de l’apiculture est organisé comme l’agriculture, il pourra engendrer beaucoup de revenus et créer beaucoup d’emplois. Mais pour ce faire, il faudra que les autorités mettent en place un dispositif juridique qui protège les abeilles’’. Ce qui va, d’après M Kondé, permettre d’augmenter le rendement de la production nationale du miel et en même temps, régler le problème du chômage des jeunes. ‘’Le Sénégal gagnerait à rendre le secteur apicole compétitif dans la sous-région, par la commercialisation du miel et des produits dérivés. Si le Sénégal parvient à rendre l’apiculture moderne, il va attitrer beaucoup d’investisseurs qui pourront développer les infrastructures apicoles, source de création d’emplois pour le pays’’, a estimé Aboubacar Kondé.

Au-delà miel, la filière apicole génère d’autres dérivés comme la cire d’abeille, la propolis, le pollen et la gelée royale qui offrent des possibilités de revenus énormes. ‘’Ces produits dérivés de la ruche ne sont pas encore exploités au Sénégal. S’ils le sont, ce sera un plus dans l’économie. Un petit pot de gelée royal de 10 grammes coute 10 000 francs. Le kilogramme de la cire d’abeille varie entre 3500 et 5000 francs. Le venin d’abeille et le pollen sont inexploités’’, note le consultant en apiculture. Qui reconnait toutefois que l’Etat est en train de fournir des efforts dans le secteur. D’ailleurs, dans le budget 2020-2021, une enveloppe de 48.000. 000 FCFA est allouée au Programme d’appui au développement de l’apiculture (PADA).  

L’info