NOUVELLE REINE DU R’n’B FRANÇAIS : Qui est Aya Nakamura ?
C’est l’artiste française qui bat tous les records en ce moment. Elle déclenche l’hystérie dans les festivals. Portrait d’un phénomène solide qui rafraîchit l’univers musical français.
Djadja, Copines, Pookie et plusieurs autres morceaux de Nakamura, second album du phénomène Aya Nakamura, sont parmi les titres les plus vendus de 2018 sur les plateformes musicales en France.
Et de Bamako à Istanbul, de Paris à Bogota, on fredonne : « Y a pas moyen Djadja / J’suis pas ta catin Djadja, genre en Catchana baby tu dead ça ».
Sans tout comprendre de ce mélange cash d’argot parisien et d’expressions tirées de dialectes africains. C’est sa marque de fabrique.
L’autrice, fatiguée de l’expliquer, s’amuse de voir les médias tenter de la décrypter. « Je n’aurais pas eu ce langage si j’avais grandi dans le 16e », lance-t-elle au micro d’Augustin Trapenard, dans l’émission « Boomerang », sur France Inter.
Car Aya Danioko, née au Mali il y a 24 ans, a grandi – aînée d’une fratrie de cinq – à Aulnay-sous-Bois, dans la cité des 3000 (Seine-Saint-Denis), bercée par les chants traditionnels de sa mère griotte qui ne voulait pas qu’elle se lance dans la musique.
Elle s’est entêtée et c’est un titre, Karma, posté en 2014, sur Facebook, qui a lancé la folle machine à tubes.
Bien dans sa féminité
Depuis, les chiffres de son succès donnent le vertige : ses clips dépassent le milliard de vues sur YouTube, ses titres dominent le top des ventes dans de nombreux pays européens, des disques de diamant (Copines, plus de 174 millions de vues sur YouTube et Djadja, plus de 395 millions de vues sur YouTube), de platine (Pookie et La Dot), une tournée à guichets fermés… C’est d’ailleurs la première fois qu’une artiste française arrive en tête des charts néerlandais depuis… Edith Piaf en 1960.
Elle chante les mêmes thèmes que rappent les hommes, l’indépendance, le sexe sans tabou, la réussite – ce qui lui vaut d’acerbes critiques, « quand c’est une fille qui chante, il faut qu’elle ait une image lisse ».
Nommée deux fois aux Victoires de la musique, notamment dans la catégorie « album de musique urbaine », elle préfère parler de pop. « Ça plaît aux gens parce que c’est de la nouveauté. Et le style aussi, afro, R’n’B, zouk. Il y a beaucoup de rap, mais on n’est pas beaucoup de chanteuses », dit-elle sur France Inter quand elle analyse son parcours.
Un tel phénomène intrigue les médias français qui lui posent souvent les mêmes questions ou écorchent son nom, quand leurs homologues internationaux encensent cette sculpturale franco-malienne, bien dans sa féminité.
Le New York Times l’a classée parmi les 15 artistes européens à suivre absolument, Forbes parmi les 30 personnes de moins de 30 ans les plus influentes du monde.
« La France n’est pas habituée à voir une femme artiste « re-noi » (noire, NdlR.) être devant les projecteurs », constate-t-elle lors d’un passage sur le plateau de l’émission C à vous sur France 5.
Féministe Aya Nakamura ? Elle admire Beyoncé, rend hommage à la talentueuse chanteuse malienne Oumou Sangaré, ses textes prônent le respect et les femmes émancipées.
Mais elle n’aime pas qu’on lui colle cette étiquette. « Je n’ai pas besoin de revendiquer un truc, c’est ce que je suis, ça devrait être normal. »