DJIB DIEDHIOU SUR SA DEMISSION : « Le CESTI ne sera plus une école de journalisme mais une faculté »
« Notre article d’hier sur Senenquete a fait réagir l’enseignant du Cesti Djib Dhiédhiou. Joint au téléphone, il est revenu en clair sur ce qui a motivé sa démission du Cesti. Il nous a remis la lettre qu’il a adressée au directeur des études le 12 Octobre 2019 pour lui montrer son désaccord sur l’application du système LMD imposé par le rectorat. Par ailleurs, Djib a précisé qu’il n’est pas contre ce système de nature à faire progresser l’école. Mais, seulement un tel système fera du Cesti une faculté et non une école de journalisme digne de ce nom ».
L’INTEGRALITE DE LA LETTRE DE DJIB :
« Monsieur le directeur des Etudes,
J’ai bien reçu votre note en date du 17 septembre dernier et à travers laquelle vous invitez tous les intervenants au Cesti à déposer les syllabus des cours qu’ils comptent dispenser. Vous y annoncez également les nouvelles mesures que votre comité pédagogique envisage d’examiner et d’adopter. Après avoir pris connaissance du contenu du message, des textes qui l’accompagnent et de ceux que j’ai reçus, par la suite, et qui sont relatifs à la coopération Cesti – Celsa Sorbonne et Cesti – Bloomberg, permettez-moi de faire les remarques suivantes :
-Depuis l’exposé que Mme Diallo du Rectorat était venue nous en faire, il y a quelques années, au Cesti même, je pense que le système LMD, bien appliqué, offre une chance à l’université sénégalaise de s’adapter aux réalités de ce nouveau millénaire. Cela, en ce sens qu’elle va s’ouvrir au monde l’entreprise, tout en explorant la piste des nouveaux métiers. Le décret de 2011 du président Abdoulaye Wade relatif au LMD renforce ce sentiment qui m’habite.
– J’estime, cependant, que certaines mesures adoptées (ou en voie de l’être) par votre comité éloignent davantage le Cesti du modèle Ecole (et non Faculté) sur lequel l’établissement fonctionne depuis Octobre 1970. Cette formule a permis au diplômé du Cesti d’être opérationnel, dès sa sortie. Il a valu au Cesti la réputation dont il jouit en Afrique francophone et probablement la certification obtenue auprès du réseau Théophraste Renaudot. Il faut, du reste, noter que bon nombre d’instituts et écoles membres de ce réseau semblent régies par les mêmes normes : ESJ de Lille, IFP Paris, voire Celsa Sorbonne.
Quant aux mesures qui ne me paraissent pas pertinentes ni convenables pour une formation professionnelle, il s’agit du fait de mettre sur le même plan les matières professionnelles (TV, Radio, Presse écrite) et les matières d’enseignement général. De même la question de l’évaluation.
-Compte tenu de ses spécificités le Cesti – comme la Fac de Médecine er l’ESP – aurait dû bénéficier d’un moratoire pour lui permettre d’adopter un système conforme au LMD mais également à sa vocation première : la formation de journalistes. A moins que l’on ait déjà décidé de l’orienter vers la recherche.
Pour conclure, et compte tenu de ce que je viens d’exposer plus haut, j’ai le regret de vous annoncer, Monsieur le directeur des Etudes, ma décision de ne plus assurer le cours de Techniques rédactionnelles de Presse écrite en 2e année. Par conséquent, je ne sollicite pas un renouvellement de mon contrat avec le Rectorat ».
Djibril Diédhiou