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MAROC : Mouhamed VI gracie la journaliste Hajar Raissouni, condamnée pour « avortement illégal »

La journaliste avait été condamnée fin septembre à un an de prison ferme par le tribunal de Rabat, une affaire qui a suscité l’indignation dans le royaume et à l’étranger.

Le roi du Maroc a gracié la journaliste Hajar Raissouni, récemment condamnée à un an de prison pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage », selon un communiqué officiel diffusé mercredi 16 octobre.

 La jeune femme de 28 ans sera libérée « dans les prochaines heures », en même temps que son fiancé et que le gynécologue, l’anesthésiste et la secrétaire médicale qui avaient été condamnés avec elle, a fait savoir une source gouvernementale à l’Agence France-presse.

La journaliste avait été condamnée fin septembre à un an de prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage » par le tribunal de Rabat, une affaire qui a suscité l’indignation dans le royaume et à l’étranger. Son fiancé avait reçu un an de prison ferme et le gynécologue deux ans ferme.

L’anesthésiste octogénaire avait, lui, été condamné à un an de prison avec sursis et une secrétaire à huit mois avec sursis. L’avocat de la journaliste, Mme Raissouni, avait dénoncé un procès « politique ».

Interpellée fin août à l’entrée d’un cabinet médical de Rabat, la reporter avait été soumise à « un examen médical sans son accord », selon elle. Ses avocats avaient assimilé cet examen à de « la torture », soulignant des « manquements de la police judiciaire » et des « preuves fabriquées », et plaidé pour sa libération.

Journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, elle risquait jusqu’à deux ans de prison en vertu du code pénal marocain, qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l’avortement quand la vie de la mère n’est pas en danger.

Lors d’une précédente audience avant son procès, Mme Raissouni avait nié tout avortement, assurant avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé au tribunal. « C’est une affaire de répression politique, de répression d’une opinion indépendante, et une vengeance contre sa famille », avait dit l’historien engagé Maati Monjib, présent à l’audience. « On est bien conscient que c’est une affaire politique. Mais en tant que mouvement féministe, ce sont les motifs qui nous inquiètent. Ce sont souvent les femmes qui sont victimes de lois liberticides », avait affirmé peu avant le verdict Ibtissam Lachgar, cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles.

Toutinfo.net (avec Le Monde)