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EQUILIBRE GEOGRAPHIQUE DANS LES NOMINATIONS: Macky-Wade, mauvais élèves

L’équilibre géographique était, dans le passé, un facteur de premier ordre dans les nominations à la tête des institutions de la République et au gouvernement. Cette démarche a été scrupuleusement respectée duranttoutle règne socialiste. Mais aujourd’hui, la donne semble ne plus être totalement de mise, au moment de la distribution des responsabilités. C’est dire que si les socialistes ( Abdou Diouf et Leopold Sedar Senghor) sont restés maitres dans ce cadre, les libéraux (Me Wade et Macky Sall) sont de mauvais élèves.

Le Sénégal est connu dans le monde entier pour sa stabilité politique. Quelles que soient les contradictions au sein de la classe politique, le pays à l’abri de certains soubresauts. Les graines de cette stabilité politique ont été semées par le régime socialiste, qui a présidé aux destinées du pays de l’indépendance jusqu’à la présidentielle de 2000, marquées par la défaite du Président Abdou Diouf. Mais, il faut aussi reconnaitre que cette stabilité était bâtie sur des principes érigés en
mode de gestion du pouvoir. Parmi ces principes, figure la prise en compte de l’équilibre géographique, dans la nomination à la tête des institutions de la République. Ce principe a été scrupuleusement respecté durant tout le règne des socialistes. Il suffit de parcourir le premier gouvernement du Sénégal, sous le magistère de Léopold Sédar Senghor, formé le 17 septembre 1960, pour se rendre compte de la prise en compte de cette logique, facteur de stabilité, de proximité entre les cercles de prises de décisions et la base. Il en est de même dans le gouvernement du Premier Ministre Habib Thiam, le premier sous le règne du Président Abdou Diouf, formé en janvier 1981, après la démission de Léopold Sédar Senghor. La même approche est notée dans le dernier gouvernement de Abdou Diouf, formé le 3 juillet 1998 sous la conduite du Premier Ministre Mamadou Lamine Loum. A cette époque l’équilibre était symbolisé par Abdoul Khadr Cissokho de Tambacounda en tant que président de l’Assemblée Nationale, Abdoulaye Diack de Kaolack qui était le président du Sénat, tandis qu’Ibrahima Famara Sagna de la Casamance occupait le poste de président du Conseil Economique et Social. Mais dès la formation du premier gouvernement du Président Abdoulaye Wade le 3 avril 2000 dirigé par Moustapha Niasse, cet équilibre géographique a volé en éclats, surtout en ce qui concerne les fonctions de Président des institutions. En effet, c’est sous Me Abdoulaye Wade que l’axe Thiès-Dakar a concentré le plus grand nombre de ministres. Le premier gouvernement du Président Macky Sall nommé le 4
avril 2012, resserré à 25 ministres, sous la direction du Premier Ministre Abdoul Mbaye n’a pas tellement pris en compte cet équilibre. Il se trouve en effet que des zones ont été oubliées dans la composition de l’équipe. Tambacounda fait partie du lot. Et il a fallu attendre le 22 juin 2015, pour voir l’entrée de Me Sidiki Kaba dans le gouvernement au poste de ministre de la Justice. Il a sa base politique à Tambacounda, même s’il a un pied à Thiès. Aujourd’hui, la problématique de cet équilbre se pose avec acuité d’autant que le Sine Saloum concentre tous les pouvoirs. Macky Sall est de Fatick, Moustapha Niass est originaire de Kaolack, Mimi Touré est de Kaolack également, et Mohammad Boun Abdallah Dionne vient de Fatick (Gossas). Ce qui s’est fait au détriment des autres régions périphériques. Chantre de l’inclusion sociale et de l’équité territoriale, le Président Macky Sall devrait bien revoir sa copie en mettant un terme à cette injustice faite aux autres régions. Il convient d’être plus regardant sur certains aspects, pour rapprocher davantage les populations des institutions. Dans ce cadre, le fait de voir un jeune marcher de Kédougou à Dakar pour rencontrer le président de la République constitue un exemple laissant apparaitre quelque part un manque de courroie de transmissions des doléances des citoyens. Le jeu de l’équilibre dans la gestion des institutions de la République reste une priorité dans
beaucoup de pays, notamment aux Etats-Unis où le Sénat, qui est la chambre la plus puissante, est composé de deux membres par Etat, quel que soit le poid démographique. Au Ghana, si le Président de la République est catholique, le Vice-président est automatiquement musulman.
Cette leçon a toujours été bien assimilée par le Président Léopold Sédar Senghor.

( Mbaye SAMB avec Toutinfo.net )