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BAROMETRE MONDIAL DE LA CORRUPTION: La police, la présidence et la primature au banc des accusé

Transparency International a rendu public hier, la 10e édition du Baromètre mondial de la Corruption. Le rapport révèle que les Sénégalais comme pour la plupart des Africains pensent que la corruption a augmenté dans leur pays, mais aussi que la majorité d’entre eux s’estiment capables, en tant que citoyens, de changer la donne dans la lutte contre la corruption. D’après Birahime Seck du Forum Civil, la nouveauté est l’implication des plus hautes autorités dans la corruption avec un pourcentage de 23% pour la présidence et la Primature.

La corruption a de beaux jours au Sénégal du moins si l’on croit à Transparency international. L’organisation a rendu public hier, le rapport de la 10e édition du Baromètre mondial de la Corruption en Afrique. Il ressort du document que la plupart des Africains pensent que la corruption a augmenté dans leur pays,
mais aussi que la majorité d’entre eux s’estiment capables, en tant que citoyens, de changer la donne dans la lutte contre la corruption. En effet, 43% des Sénégalais pensent que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois.Aussi, 53% des populations estiment que le gouvernement fait un mauvais travail dans le cadre de la lutte contre la corruption. Les auteurs
du rapport constatent également que 15% des usagers du service public ont versé un pot-de-vin au cours des 12 derniers mois. Toutefois, 52% des Sénégalais pensent que les citoyens ordinaires peuvent faire la différence dans la lutte contre la corruption. Ces chiffres en disentlong sur la profondeur du mal dans le pays, malgré la mise en place d’organes de lutte contre la corruption comme l’OFNAC.
24% DANS LA MAGISTRATURE
Transparency International renseigne aussi sur les institutions les plus affectées par la corruption au Sénégal. C’estla police qui vient encore en pôle position comme indiqué dans le rapport de 2015. Même si une baisse a été notée, ce corps reste à l’instar des autres pays africains l’institution la plus corrompue d’après le document. Ainsi, 29% des populations pensent qu’elle est la plus corrompue contre 31% en 2015.

  1. Mais, pour le coordonnateur national du Forum Civil, la section sénégalaise de Transparency International au Sénégal, ce rapport mesure les secteurs les plus corruptogène du Sénégal. Selon Birahime Seck, la nouveauté est l’implication des plus hautes autorités du pays dans la corruption. Il s’agit de la présidence de la République et de la Primature. «Lorsque la présidence de la République et la Primature figurent parmi les secteurs corruptogènes, cela veut dire que c’est grave. C’est dire que les plus hautes autorités sont impliquées dans la corruption», affirme Birahime Seck. Selon Transparency International 25% des Sénégalais pensent que la Présidence et la Primature sont corrompues alors que cet indice était de 23% en 2015. Une progression inquiétante. Pour ce qui est des députés ils sont à 24%, tandis que les membres du gouvernement sont à 26%. La corruption dans les collectivités locales est à 23%, 24% dans la magistrature. Les chefs religieux et coutumiers ne sont pas épargnés. Ils sont respectivement à 8% et 9%. La corruption chez les chefs d’entreprises est à 28% et 12% chez les Organisations non gouvernementales.
    «36% DES PAUVRES PAIENT DES POTS-DE-VIN ET 19 % POUR LES RICHES»
    Le rapport indique que la progression de la corruption dans le continent africain constitue un frein au développement. «Dans les pays africains, la corruption entrave le développement économique, politique et social. Elle représente un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des ci-toyens à demander des comptes à leur gouvernement», souligne Transparency International. Qui plus est, précise-t-on, la corruption porte atteinte au bien-être des individus, des familles et des communautés. «Le rapport révèle également que plus d’une personne sur quatre a dû verser un pot-de-vin pour accéder à des services publics tels que la santé et l’éducation au cours de l’année précédente. Dans les 35 pays sondés, cela équivaut à environ 130 millions de ci-toyens», peut-on lire dans le document. D’après la même source, les plus pauvres sont plus touchés que les plus riches, et ils sont souvent privés d’un accès essentiel aux services de santé, à l’éducation et aux protections juridiques, avec des conséquences désastreuses. «36% des pauvres paient des pots-de-vin alors que les riches sont à 19%. Lorsqu’elles doivent s’acquitter de pots-de-vin pour accéder à des services publics essentiels, les familles pauvres ont moins d’argent à
    consacrer à d’autres besoins vitaux tels que la nourriture, l’eau et les médicaments», soulignent les rédacteurs du rapport. A en croire toujours, le rapport, les jeunes de 18 à 34 ans sont plus susceptibles de devoir verser des pots-de-vin que les plus de 55 ans.
  2. (Ousseynou BALDÉ avec Toutinfo.net)