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POUR AVOIR CHARCUTE SA COEPOUSE: Salimata Diaw risque 5 ans de prison ferme

Salimata Diaw a comparu, hier, devant la barre du Tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye pour  « coups et blessures volontaires ». Elle avait asséné des coups de machette à sa coépouse, Oumy Diop qui s’en  était sortie avec une Itt de 60 jours. La prévenue a tenté de justifier son geste par les violences conjugales qu’elle subies de son mari. Elle encourt 5 ans de prison ferme. Le dossier sera vidé le 18 décembre prochain.

Le Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Pikine-Guédiawaye a jugé, hier, l’affaire qui oppose les coépouses Salimata Diaw et Oumy Diop.  La dame Salimata Diaw  qui a occasionné des blessures ayant entrainé une Itt de 60 jours à sa coépouse  à l’aide d’une machette répondait, hier, de ses actes. Devant la barre, elle est passée aux aveux, en reconnaissant ses actes.

Pour justifier, ses faits graves qui lui valent des déboires judiciaires, elle dit subir des violences de la part de son mari tout le temps. «Nous nous sommes unis à la suite d’un mariage arrangé. C’est ainsi que j’ai quitté Mboro pour venir à Thiaroye rejoindre la maison conjugale. Mais, depuis lors, je ne cesse de subir des violences de la part de mon mari. Il me frappe presque tous les jours. Quand, il fume  ou boit de l’alcool, il s’acharne sur moi. J’ai même avorté à cause de sa famille. En fait, il

m’avait frappé, alors que j’étais en état de grossesse. J’avais saigné et quand, je suis allée à l’hôpital,  le médecin m’a recommandé un repos de 30 jours pour éviter une fausse couche. Mais, le lendemain, ma belle-mère m’a obligée à faire le ménage et  la cuisine. C’est ainsi que, j’ai perdu le bébé», raconte-t-elle.

Pour sa part, dans sa déposition à la barre, Salimata Diaw, se dit déçue par sa coépouse qu’elle considérait comme sa sœur ainée.  «Elle venait tout le temps à la maison pour me vendre des tissus. Quelques temps après, j’ai constaté que mon mari rentrait tardivement à la maison surtout pendant les week-end. Mieux, j’ai vu qu’Oumy lui envoyait des messages d’amour à partir de minuit. Après j’ai su qu’elle sortait avec mon mari, en cachette. Et quand je les ai interpelés,  ils ont nié à l’unanimité. J’en ai parlé à sa maman, mais en vain. Au finish, Oumy Diop est devenue ma coépouse. Ce que je ne parvenais pas à supporter», confie-t-elle devant la barre.

D’après, la prévenue, la victime lui proférait souvent des paroles blessantes. Le jour des faits, quand elle est sortie pour laver ses habits, sa coépouse est passée devant chez elle. «C’est de là que l’idée d’aller prendre une machette dans la cuisine m’est venue. Je reconnais lui avoir asséné des coups, mais je n’ai jamais souhaité sa mort et je le regrette», se désole-t-elle. Ce qui contraste avec ses déclarations à l’enquête préliminaire où elle soutenait qu’elle souhaite sa mort, qu’elle ne regrette rien et que si c’était à refaire elle le referait. Hier, elle a complétement retourné sa veste en niant ses propos tenus à l’enquête préliminaire. Ce que le juge n’a pas manqué de lui rappeler.

L’avocat de la partie civile réclame 5 millions francs

Interrogée, la victime a livré sa version des faits, avec la mine des beaux jours. Elle précise que l’incident a eu lieu le 30

octobre dernier.  «Je me suis mariée, il y’a 8 ans avant de divorcer il y’a 8 mois. Remariée avec mon oncle, Salimata Diaw ne supporte pas que je sois sa coépouse. Elle avait menacé de me tuer, mais je l’avais pris à la légère. La première fois, elle m’a lancé un tiroir, mais je l’avais esquivé», dit- Oumy Diop. « La deuxième attaque, selon elle, c’était deux jours avant ma nuit de noce. Je suis sortie de chez moi pour aller acheter le petit déjeuner pour mon père. Elle m’attendait devant la porte de chez elle, munie d’un coupe-coupe.  Quand elle m’a vue, elle s’est jetée sur moi en m’assenant plusieurs coups de coupe-coupe. Je n’ai dû mon salut qu’aux voisins», dit-elle. Oumy Diop  a clairement dit à la barre qu’elle refuse de pardonner à sa coépouse.

 Selon l’avocat de la victime,  Salimata Diaw voulait ôter la vie à sa cliente. « Il faut garantir la sécurité aux hommes mariés en la condamnant à la contrainte par corps au maximum», plaide la robe noire, réclamant 5 millions de francs en guise de réparation.

Pour le représentant du parquet de la République, la prévenue devait être poursuivie pour « tentative de meurtre ou d’assassinat » à cause de la gravité des faits. D’après lui, Salimata Diaw a fait preuve de lâcheté. « Mieux, elle n’a manifesté aucun regret dans son geste. Et, rien ne peut justifier cet acte », fulmine, le ministère public. Ainsi, il a requis 5 ans  de prison ferme et une amende de 200.000 francs à l’encontre de la prévenue. Un avis que ne partage pas la défense.

De l’avis de Me Ndeye Fatou Touré,  sa cliente a subi une cascade de violences. « Ma cliente a vécu une souffrance dans la maison de son mari. Elle a vu la copine de son mari venir tout le temps chez elle. Ce qui est dur. Il faut regarder le contexte psychosocial de la prévenue», plaide-t-elle. Suite à ces observations, Me Touré a sollicité une application raisonnable de la loi. Le délibéré est fixé  au 18 décembre prochain.

( Bineta DIOUF )