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ASSOCIATION DE MALFAITEURS EN LIEN AVEC UNE ENTREPRISE TERRORISTE ET ATTEINTE A LA SURETE DE L’ETAT: L’imam Boubacar Dianko encourt la perpétuité

La perpétuité ! c’est la peine requise par l’avocat général contre l’imam Boubacar Dianko poursuivi pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, atteinte à la sureté del’état et acte terroriste. Réfu-tant toutes ces accusations, ilse réclame comme ami del’émir du Mouvement Unitaire des djihadistes de l’Afrique de l’ouest (Mujao), mais ignore que ce dernier est un djihadiste.

Dans le cadre du suivi de la menace terroriste, la Division de Surveillance Du Territoire (Dst)a constaté des contacts permanents entre un numéro téléphonique sénégalais et l’émir du Mujao à Gao, Ahmath Ould AlKhary et un agent recruteur dudit mouvement, Mouhamad Ould Bela. Les investigations effectuées ont permis d’identifier l’utilisateur de la ligne téléphonique incriminée en la personne de Boubacar Dianko. Ce dernier avait quitté, dans la nuit du 3 au 4 janvier 2013, le Sénégal pour se rendre à l’étranger après avoir reçu une somme de 200.000 Fcfa envoyée depuis le Mali par l’émir. L’enquête permettait son interpellation le 8 janvier 2013 dans une localité située dans la région de Kédougou par les agents du service régional de renseignements généraux de Tambacounda en compagnie de son neveu et élève Serigne Ahmadou Bamba Dianko. Au moment de son arrestation, le mis en cause détenait un port Usb et une carte Cd contenant une vidéo d’un combattant armé d’un fusil de guerre. La vidéo comprenait aussi une séance d’entrainement des jeunes combattants mineurs. Cette vidéo de propagande et d’enrôlement a été prise à partir de son téléphone portable. Interrogé, il a reconnu s’être rendu au Burkina Faso pour formuler des prières pour un client. Son neveu révélait aux enquêteurs avoir traversé les villes de Bamako, Bobo Dioulasso avant de rejoindre Gao dans la nuit du 10 au 11 janvier 2013. Confronté à la déposition de son neveu, Boubacar Dianko passe aux aveux. Il reconnait avoir séjourné à Gao aux côtés de l’émir Amath Ould qui serait son ancien maitre coranique. Ce dernier lui proposait, indique-t-il, d’adhérer à leur mouvement pour faire le djihad. Mais hier, il est revenu sur ces déclarations. A l’en croire, la vidéo retrouvée dans son téléphone portable avait été filmée par Ahmath AlKhary au village de Darou Salam. Toutefois, il jure sur tous les saints qu’il ne connait pas l’agent recruteur du Mujao en l’occurrence Sidi Mouhamed Ould avec qui il avait échangé les 8 et 13 octobre 2012. Répondant des chefs d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, d’atteinte à la sureté de l’État et d’actes terroristes, l’imamDianko a nié les faits qui lui sont reprochés. Proche de la soixantaine, taille élancée, tout de blanc vêtu, une barbiche noire, l’imam Boubacar Dianko laisse une forte impression. Il ne semble pas affecté par son séjourcarcéral. En témoigne sa bonne mine. Maitre coranique de profession, il dit avoir connu Mohamed El Khaliloulah dit Ahmath Al Khary en Mauritanie en 2003 où il était allé apprendre le Coran. Devant le juge Massamba Sène, Dianko soutient cependant que Ahmath n’a jamais été son maitre coranique. Son ami a quitté la Mauritanie et ils se sont revus par hasard en 2006, à la mosquée de Pikine./Suite à l’inondation de sa maison, il a déménagé pour aller vivre à Thiaroye où il a eu à héberger Ahmath Al Khary. «Un jour, mon frère m’a interpelé sur le fait qu’il y a un djihadiste qui s’est réfugié à Dakar. J’en ai parlé à mon ami qui, le lendemain, a quitté la maison en m’informant de son intention de se rendre à Ziguinchor», renseigne Dianko. Il soutient que son ami Ahmath l’a rappelé pour lui demander de venir lui rendre visite en compagnie d’un de ses talibés. Pour le transport, il lui a envoyé 200.000 francs avant de lui donner rendez-vous au Burkina Faso. L’accusé précise avoir menti à sa famille sur sa destination. Lorsqu’il est arrivé au Burkina en compagnie de son neveu, les hommes de Ahmath Al Khary ont détourné sa route en l’amenant à Gao. «Je n’ai pas visité les zones de formation d’entrainement des djihads», martèle-t-il. Interpelé sur le film qui était dans son portable, Dianko indique qu’il n’a pas filmé la scène. Pis, il n’a jamais montré à son neveu une quelconque vidéo.

L’ACCUSÉ : « JE SUIS L’AMI DE L’ÉMIR DE AHMATH ALKHARY MAIS JE NE SAVAIS PAS QU’IL EST UN DJIHADISTE»

Suite aux remontrances du parquet, il a fini par reconnaitre les faits. «J’ai dit à mon ami que je voulais rentrer chez moi, car l’armée française les avait bombardés. Au moment de rentrer au Sénégal en compagnie de mon neveu, Ahmath m’a remis 100.000 pour le transport», raconte l’accusé qui ne savait que son ami était un djihadiste. Cependant, le juge lui a rappelé que dans l’ordonnance de renvoi, il avait soutenu que l’Emir de Mujao l’avait invité au Mali en promettant de le mettre en contact avec des Arabes qui l’aideraient dans le financement de son école coranique (Daara). Entendu à titre de témoin, le neveu indique que Boubacar Dianko l’avait informé qu’il se rendait en Mauritanie sans s’attarder sur les motifs du voyage. A leur arrivée au Burkina Faso, son oncle a passé un coup de fil avant d’être accueilli et conduit auprès d’Ahmath qui se trouvait au Mali. «A Gao, j’ai vu des armes, des militaires. Il y avait des jeunes et des enfants. Mon oncle m’a montré une vidéo, mais il ne m’a jamais parlé de Djihad. Notre voyage nous a créé des troubles mentaux à notre arrivée», raconte le témoin.Le juge Massamba Sène a fait savoir à l’accusé qu’un djihadiste et un trafiquant de drogue sont pareils. «Ils ne font pas confiance à n’importe quelle personne. Ils sont sous forme de réseau», soutient-il. «Je ne connais pas Sidy Mouhamed Bella. Mais Oumar Fah Badji est un ami qui habite en Gambie et je n’ai jamais su qu’il est mêlé à des affaires de djihad. J’ai même oublié de supprimer la vidéo à cause des évènements», s’est-il défendu. Dans sa réquisition, le parquet asoutenu que l’accusé était l’invité d’honneur Ahmad Al Khairy. «Ces derniers ont décidé en premier lieu de faire leurs actes de terrorisme en Mauritanie, maisen vain. C’est une chose très peu probable qu’ils se rencontrent dans la même mosquée qu’il fréquente. Dianko était en contact permanent avec l’Emir de Mujao. Si son ami était une personne normale, pourquoi avoir passé sur un long chemin pour partir au Mali. Le fait hasardeux ne saurait prospérer. Il a filmé les entrainements des enfants à Gao avant de le montrer à un mineur qui est son neveu. Mieux, l’accusé est affilié au mouvement Mujao et son répertoire le prouve. Lui et ses complices sont venus au Sénégal pour perturber la quiétude publique», martèle l’avocat général qui a requis la perpétuité. La Défense a plaidé l’acquittement. Délibéré au 10 avril prochain.

( Bineta DIOUF )